Restos / Bars

Cosmos : Constance et longueur de temps

Encore et toujours, le Cosmos subit les assauts des imitateurs, mais il ne plie pas. S’il y a une leçon à tirer de son inflexible succès, elle est toute simple: peu importe le type de cuisine qu’on fait, suffit parfois pour se démarquer de bien faire les choses.

Coup de feu du midi: le Cosmos de Sainte-Foy est bondé et tout le monde commande en même temps. Ou presque. De nombreuses mères et leurs bébés étirent un long déjeuner entre amies et partent par grappes pour laisser leur place aux gens d’affaires, jeunes adultes en tous genres, femmes et hommes seuls et groupes de professionnels qui animent désormais les lieux.

Phil et moi inspectons une carte dont je connais certains pans sur le bout des doigts, un menu – au cas où vous ne le sauriez pas – qui navigue sans prétention entre une fast food revue et corrigée et les classiques du bistro. La section des burgers ayant été écumée avec succès à de nombreuses reprises (mon favori: le Spoutnik), de même que celle des salades, je me laisse aller à mon envie de pâtes. Phil, lui, zyeute la section des viandes.

En attendant les entrées, nous prenons le temps d’apprécier le paysage: l’effort stylistique déployé dans ce local tient encore la route. Souvent imité, mais rarement égalé, le décor du Cosmos de Sainte-Foy est opulent mais évite la surcharge, il vise le moderne sans verser dans la froideur, mais surtout, il maintient un esprit de cohésion alors que la plupart du temps, ce genre d’endroit commet une faute de goût à force de trop en faire, et n’importe comment.

Nos entrées arrivent en prenant un peu leur temps, mais rien d’indu. Mon tartare de boeuf est composé de morceaux consistants qui se voient et se sentent sous la dent: premier bon point. Il ne dégouline pas de mayonnaise ou de moutarde, second très bon point. Il est très relevé comme je l’avais demandé. Je vois même les morceaux de piments poindre dans la mixture. C’est tout bon. Phil, lui, m’invite à piocher dans son assiette de saumon fumé. Simple mais efficace. Le poisson en équilibre entre les saveurs de gras et de fumée. Il aime bien sa salade, mais je la trouve un peu timorée: flagrant manque de personnalité.

Suivent rapidement nos plats principaux. Mes raviolis farcis de homard et de ricotta barbotent dans une flaque de sauce crémeuse et sont impeccables. Bonne cuisson, bon équilibre des saveurs, produits de qualité: on aime. Phil, lui, chante les louanges d’un osso buco dont les morceaux de viande se détachent à la fourchette sans fondre sous celle-ci, baignant dans une sauce riche et parfumée, sous les auspices favorables de pâtes au beurre al dente et de légumes grillés auxquels il ne peut adresser aucun reproche.

On ne navigue peut-être pas ici dans les eaux exotiques de la grande cuisine ni de la bistronomie, mais il faut savoir prendre les choses pour ce qu’elles sont et les juger à la pièce. En dosant savamment ses effets d’ambiance, avec un menu rassembleur et une équipe en cuisine qui a le souci de bien faire, le Cosmos mène sa barque dans les eaux douces et paisibles de la cuisine de réconfort, en évitant de se lever dans la barque, de trop en faire, et finalement de passer par-dessus bord. Dans un milieu où le plus grand effort à fournir est celui de la constance, c’est déjà beaucoup.

Emballant /
L’exécution, le décor, le service et l’accueil généreux, les tables d’hôte à bon prix et les déjeuners fastes.

Décevant /
La présentation aléatoire, selon les plats. Parfois soignée, d’autres fois elle mériterait plus d’attention.

Combien? /
Pour trois services, pour deux personnes, 60$ le soir à la carte, 30$ le midi en table d’hôte (excluant boissons, taxes et pourboire).

Quand? /
Tous les jours, de 7h à minuit.

Où? /
Cosmos
2813, boul. Laurier
Québec
418 652-2001
www.lecosmos.com