Vie

Escapade en Mauricie : Mordre dans l'hiver

Fatigués des prévisibles périples de ski dans les Laurentides? Bifurquez vers la région de la Mauricie. Au menu: patinage, pêche blanche et nuitée dans un refuge en plein bois.

La Mauricie réserve de nombreuses surprises à ceux qui fréquentent d’habitude les Laurentides et les Cantons-de-l’Est. Moins touristique que ces deux régions qui nous sont plus familières, le territoire qui tire son nom de la rivière Saint-Maurice n’est pas pour autant dénué d’attraits. De plus, la région est à environ une heure et demie de Montréal ou de Québec.

Patinage dans un labyrinthe
Nous sommes allés nous perdre sur la patinoire du Domaine de la forêt perdue, à Notre-Dame-du-Mont-Carmel, près de Shawinigan-Sud, où est aménagé un labyrinthe de dix kilomètres dans une plantation forestière. En outre, des animaux dans des enclos – une famille de cerfs de Virginie et trois lamas! – regardent d’un air amusé les patineurs tourner autour d’eux. Tel un miroir, la glace est refaite à l’aide d’une surfaceuse. Le décor est enchanteur, voire enchanté, car ne retrouve pas son chemin qui veut…

La particularité de ce site? L’entrée au Domaine est conditionnelle à l’achat d’un produit du terroir. En effet, «pour que des visiteurs aient le droit de venir sur une terre agricole, explique Madeleine Courchesne, propriétaire des lieux, ils doivent acheter un produit, comme quand on va dans un verger se procurer des pommes. Ici, la formule permettant de laisser entrer les patineurs au Domaine est de les faire payer pour un pot de miel, par exemple, et ils ont ainsi accès aux sentiers.» Le prix pour du miel, de la farine de sarrasin, des pois, des fèves, du fromage, de la tire d’érable, des oufs et même de la truite mouchetée est de 7 $ par adulte (6 $ par enfant) ou 6 $ par personne pour les familles, ce qui comprend bien sûr le droit de jouir du au site. Outre le patin, on peut pratiquer la pêche sur la glace en étang dès la mi-janvier. Sur place, on trouve un abri chauffé, la location (5 $) et l’affûtage de patins (4 $), ainsi que la location de traîneaux et de lignes à pêche. Depuis cet hiver, on peut manger un repas complet de style «cabane à sucre». A la Saint-Valentin, la famille Courchesne organise toujours un petit quelque chose d’original. L’année dernière, des mots d’un poème d’amour étaient éparpillés sur le site. Il s’agissait de reconstituer les phrases en retranscrivant les mots trouvés sur les arbres. Le Domaine est ouvert tous les jours, de 10 h à 23 h. Tél.: (819) 376-1613 ou 1 800 60-FORET.

Pêche blanche
Le lac Saint-Pierre est tacheté de cabanes des deux côtés du fleuve. Sur la rive sud, à Baie-du-Febvre, la Pourvoirie Jean-François Lemire compte trente cabanes pour la pêche à la perchaude, au doré et au brochet. Ouvert de 6 h 30 à 22 h, le «village de pêche» est accessible en voiture. Un forfait quotidien comprenant une cabane pour sept ou huit personnes, dix lignes et dix trous revient à une trentaine de dollars en semaine, un peu plus cher le week-end. Un droit de passage doit également être acquitté (5 $ par véhicule). Les cabanes pour quinze à vingt personnes sont 65 $ la fin de semaine.

Les curieux qui veulent seulement se balader sur le lac pour aller faire un brin de causette aux pêcheurs sont acceptés sur le site, moyennant seulement le droit de passage pour leur voiture. Tél.: (450) 783-6416.

Sur la rive nord, le Domaine du lac Saint-Pierre, à Louiseville, accueille les pêcheurs, que René Béland, propriétaire de ce qu’il appelle son «entreprise écotouristique», emmène dans un traîneau tiré par une «Alpine». Cette motoneige très puissante déplace aisément de lourdes charges, notamment les cabanes de pêche disséminées sur ce côté du lac. Une cabane chauffée par famille, l’installation des brimbales, le perçage des trous et deux douzaines de ménés comme appâts coûtent environ 50 $ pour la journée. Tél.: (819) 228-8819.

Autre type de pêche qui fait la joie des fêtards depuis les années trente: la pêche aux petits poissons des chenaux, pratiquée sur les rivières Sainte-Anne et Batiscan. Renseignements: Association touristique de Mauricie-Bois-Francs, 1 800 567-7603.

Et on dort en refuge
Pour vivre un vrai week-end de neige, après avoir profité du grand air dans la région, on va jusqu’au bout et on dort dans un refuge en plein bois. Nous avons testé le nouveau service que l’organisme Horizon Travail a mis sur pied, en collaboration avec la Réserve faunique du Saint-Maurice, consistant à emmener les «aventuriers» à des chalets-refuges, normalement fermés durant l’hiver. En fait, l’expédition ne commence pas à l’entrée de la réserve. Elle débute à la maison, avec la préparation des bagages. Il faut surtout ne rien oublier, car une fois dans le bois, loin d’un téléphone et de la civilisation, on ne peut rien faire! A part regretter la paire de «combines» et les couvertures qui auraient été utiles dans le traîneau tiré par une motoneige pendant près d’une heure, ou sauter un repas, car on a laissé la bouffe à la maison…

Heureusement, rien de tout cela ne nous est arrivé: nous avions tout prévu, et même plus. Car sur place, dans le refuge chauffé au poêle à bois (où il ne fait pas du tout froid), on trouve des allumettes, des ustensiles de cuisine et des casseroles, des lampes au gaz et une gazinière. Il faut toutefois apporter la literie, couvertures comprises, et tous ses repas. Pas de frigo, alors on met tout dehors!

Une fois dans la maisonnette, bien au chaud, il y a seulement trois raisons pour nous forcer à sortir: aller chercher de l’eau, que l’on puise à même le lac, aller jouer dehors (ski de fond, raquette et patin), et se rendre… à la bécosse, véritable back house, comme les toilettes derrière la maison de nos aïeux. Le soir, on se munit d’une chandelle, pour une excursion romantique dans le cabanon doté d’un grand trou. Autres activités possibles, sur réservation: le traîneau à chiens et la motoneige. Les préposés à la réservation d’Horizon Travail donnent les coordonnées d’entreprises de la région, que l’on doit contacter pour faire les arrangements.

Selon le nombre de personnes par refuge (de deux à douze), il en coûte de 26 $ à 39 $ par personne. Info: Réservation Info-refuges, 1 877 9REFUGE (973-3843).