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Drummondville : Nouveau Drummond

Drummondville a changé. En mieux. Comment une ville industrielle peut-elle devenir à ce point invitante? Voir joue au touriste et déniche quelques responsables.

Chaque ville possède ses incontournables. Pour Drummondville, il s’agit du Village québécois d’antan (qui ouvre le 1er juin prochain), du Mondial des cultures (du 5 au 15 juillet), du Théâtre d’été de Gilles Latulippe (en représentation du 15 juin au 8 septembre) et du parcours d’hébertisme D’arbre en arbre (dès le 24 juin). Mais la ville jouit désormais de plusieurs à-côtés qui peuvent faire la différence. Comme dirait l’autre, une journée, ce n’est pas assez.

Drummond gastronomique

Après un passage remarqué dans de grands restaurants des deux côtés de l’Atlantique, William L’Heureux est revenu au bercail pour démarrer son entreprise, William traiteur haut de gamme. Résultat: un succès bœuf (de qualité AAA)! Avec en poche une clientèle qui en redemande, sa conjointe Caroline Leduc et lui ouvrent L’Odika (492, rue Lindsay), une table venue combler un vide gastronomique immense.

Dans la maison centenaire qu’ils ont transformée en un lieu à la fois feutré et lumineux, le chef a pris la peine de se bricoler une petite cuisine supplémentaire au sous-sol. Entre le dîner et le souper, il s’y terre et invente. Les meilleures trouvailles se retrouvent ensuite sur la carte de L’Odika, dangereusement abordable considérant une qualité d’exécution qui égale celle des produits. C’est sûrement dans ce repaire qu’il a mitonné les pétoncles au bacon, à l’érable et aux pistaches servis en entrée, ainsi que cette soupe à l’oignon avec une twist de bière noire et de cheddar fort.

Branché sur la cuisine française (sans s’y cantonner), L’Heureux sait combler les végétariens, mais de toute évidence, il aime férocement la viande. Son filet mignon, servi goudronné au beurre de balsamique, est à faire tourner les têtes. «Demain, j’achète un demi-bœuf Wagyu québécois, nous confiait-il lors de notre visite. Je vais pouvoir m’amuser.» L’Odika: un parc d’attractions pour gourmets.

Plein coeur

Pour «vivre» Drummondville, il faut se rendre jusqu’en son cœur. Autour de la place Saint-Frédéric (pas trop loin du parc Woodyatt, principal théâtre des festivals), plusieurs commerces accueillants donnent l’occasion aux touristes de fraterniser avec les locaux. Le Café Morgane (252, rue Brock) en mène large avec ses vitrines par lesquelles les habitués se saluent sans gêne, le disquaire indépendant Disques et rubans international (104, rue Marchand) donne l’impression que rien n’a changé avec sa sélection relevée et variée, et le nouveau pub Café Looba (234, rue Hériot) met en valeur la scène indé québécoise comme personne ne l’avait fait auparavant à Drummondville.

Pas trop loin de là, il faut rendre visite au Carrefour des bières (189A, rue Hériot) pour de bons conseils houblonnés dans un environnement recherché. Pour se gâter un peu, direction Créations sucrées inc. (258, rue Brock), qui fait perdurer le culte du cupcake. Et pour souffler un peu, prenez le café au St-François (301, rue Hériot), où règne une ambiance digne des bistros de Paris.

Pèlerinage poutiné

En attendant le festival chéri des Trois Accords (du 23 au 25 août), certains parcourent Drummondville comme d’autres font le chemin de Compostelle. Arrêt obligatoire: Le Roy Jucep (1050, boul. Saint-Joseph), lieu d’invention de la poutine (encore en attente d’une confirmation de la part des historiens) qui sert le trio frites-sauce-fromage depuis 1956. Dans la substance brune, on promet un «mélange d’épices secret». Pour aider la digestion: un petit jus d’orange Jucep bien mousseux.