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Est-ce que la physique est une science?

Méthode_scientifique_détaillée

 

Dans le temps des Fêtes, il est toujours difficile de trouver un sujet de conversation intéressant, mais pas trop impliquant pour ne pas provoquer l’ire de personne. Une fois que l’on a éliminé la politique, la religion et l’argent, il ne reste guère plus que le hockey et les vedettes.

Par expérience, la science peut être aussi un bon sujet de conversation dans la mesure où l’on reste loin des pseudosciences. Ce qui élimine de facto un grand nombre de sujets, particulièrement ceux liés à la santé (La Pharmachien a justement un bon billet à ce sujet). On peut dire la même chose de tout ce qui est plus moins lié à l’environnement.

Heureusement, il y a des domaines scientifiques dont personne ne se préoccupe et qui font donc de parfaits sujets de conversation du temps de fête. Question d’enflammer l’atmosphère, je vous conseille de partir un débat sur la scientificité de la physique ou plus spécifiquement, la scientificité de la physique des particules. En effet, si la scientificité de la physique ne fait aucun doute (il n’y a même pas de cours d’épistémologie au programme parce que c’est inutile), dans le cas de la physique des particules la question se pose clairement. La situation est suffisamment préoccupante pour que des cosmologistes réputés, Joseph Silk et George Ellis, aient cru nécessaire de soumettre une lettre d’opinion à la revue Nature à ce sujet,

Il faut savoir qu’il y a eu très peu de progrès expérimentaux dans le domaine de la physique fondamentale au cours de 30 dernières années. Le LHC a bien fait un peu de ménage dans les théories supersymétriques et les observations cosmologiques ont éliminés certaines théories, il n’en demeure pas moins que le nombre de théories physiques viables demeure considérable. Cette situation risque de perdurer, car bien des prédictions des théories des cordes se produisent à des énergies tellement élevées qu’elles ne seront pas explorées dans un avenir prévisibles.

Cela a pour conséquence que les bonnes vieilles théories des années soixante sont toujours aussi pertinentes alors que les prédictions des théories alternatives plus récentes sont quasiment impossibles à tester avec les moyens actuels. La physique théorique fonctionne donc en roue libre, créant de nouvelles théories qui ne sont que peu testées et testables. Pis encore, certaines théories ne sont carrément pas testables. En effet, la théorie des multi-univers et l’interprétation des mondes multiples de la théorie quantiques sont impossibles à tester par définition. On peut alors se demander s’il s’agit encore de science.

Malgré tous ces doutes, certains physiciens maintiennent qu’en l’absence de contraintes observationnelles on doit se fier à des arguments de consistances mathématiques, de symétrie et de simplicité afin d’évaluer la validité d’une théorie. Si cela semble satisfaire certains, ce n’est pas le cas de la majorité des physiciens qui considèrent que les observations doivent prévaloir sur la théorie.

Personnellement, je considère que ce genre de recherche peut être considéré comme de la science, mais couvre malheureusement qu’une petite partie de la démarche scientifique. Si on examine le schéma que j’ai produit (voir mon billet à ce sujet), la physique fonamentale se trouverait alors confinée à la section théorie de la démarche scientifique. En ce sens, elle ne se distinguerait pas des mathématiques. La vraie question ne serait pas alors de savoir si la physique théorique est scientifique, mais plutôt de savoir si c’est encore de la physique, ce qui entrainera certainement des débats animés dans les chaumières.