L’annonce récente de l’installation de nouveaux radars photographique dans la région de Québec a soulevé ma curiosité. En effet, la très grande majorité de ces radars seront mobiles, mais dans un souci de transparence, la ville a déjà annoncé où ils seront situés. La question est de savoir si les emplacements sont choisis de façon rationnelle.
Engaillardi par ma rencontre récente avec les « samouraïs du logiciel libre » de la ville de Québec, j’ai décidé de m’attaquer au problème. En effet, le thème récurrent de cette rencontre est que la disponibilité des données et de logiciels libres permet un meilleur contrôle effectif des citoyens sur les décisions de la classe politique.
Dans le cas présent, ce dont j’avais besoin c’était des données fines sur la circulation routière. En effet, il me fallait connaître la vitesse et la position des voitures avec une grande précision, et ce dans l’ensemble de la région de Québec. Or, l’an dernier, les villes de Québec et de Lévis ont lancé le projet Mon trajet. Il s’agissait d’une application sur téléphone mobile permettant de suivre à la trace les déplacements des automobilistes. Ce qui est le plus merveilleux, c’est que cette information est disponible à tous, sur le site web de la ville de Québec.
Pendant la durée de ce projet, du 28 avril au 18 mai 2014, 1 927 117 mesures de vitesse et de position des véhicules ont été obtenues. Environ 5000 personnes ont téléchargé cette application, mais seulement environ 2000 étaient des usagers réguliers. Comme il y a environ 500 000 véhicules immatriculés dans la grande région de Québec, cela ne représente qu’une petite partie des déplacements en automobiles. De plus, les données sont essentiellement des déplacements pendulaires ayant lieu en semaine pendant les heures de pointe (14 jours de semaines). Compte tenu de ces chiffres, la densité réelle des déplacements quotidiens est de l’ordre de 15 à 20 fois celle représentée par les cartes.
Que les données soient disponibles, c’est une chose; les exploiter en est une autre. En effet, cela fait tout de même 586 Mo de données à récupérer et à traiter. C’est là qu’apparait toute la puissance du logiciel libre. En effet, le langage R a été développé justement pour analyser des données et des milliers de librairies spécialisées sont disponibles dans ce langage pour s’acquitter de cette tâche.
Il m’a été ainsi possible de créer en quelques heures des cartes représentant la densité de circulation, ainsi que la vitesse des voitures. Les statistiques indiquent, par exemple, qu’il y a peu de mesures au-delà de 120 km/h, ce qui n’empêche pas que la plus haute vitesse mesurée était de 180,3 km/h! La carte à grande échelle des vitesses entre 110 et 130 km/h montre bien que la plupart des voitures roulent à ces vitesse sur les autoroutes, mais aussi plusieurs sections de routes secondaires, où la limite de vitesse est théoriquement de 90 km/h. Donc, avis aux policiers de la sureté du Québec, ce sont de bons endroits pour vous poster.
Si on augmente la résolution de la carte, la liste des trajets indique clairement les artères principales, mais aussi les rues secondaires qui sont utilisées pour contourner la congestion routière.