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Richard Martineau, le K6A et la science-fiction

Ce mardi soir, Denis Lévesque recevait son collègue Richard Martineau pour parler du K6A, le fameux collectif hip-hop qui lançait – un premier disque la semaine dernière. Est-ce que LCN était «down» avec les ratons? Oui et non. En fait, le duo revenait sur le cas de la pièce Fou Normal où on mentionne l’assassinat du fameux chroniqueur. Petit résumé de l’entrevue…

Primo, les fleurs : alors que la poignée de curieux suivant l’affaire sur les médias sociaux s’attendait à une montée de lait fielleuse, Martineau s’est montré plutôt zen. Du moins, plus détendu que l’année dernière lorsque Mise En Demeure avait publié une photo d’un jeu de Scrabble où on pouvait lire «Tuer Martineau» sur la surface de jeu (Richard a d’ailleurs rappelé qu’il avait porté plainte à la police à l’époque). Bien qu’il s’avoue «tellement mononc’ en musique», le bonhomme a indiqué qu’il allait «presque prendre la défense du groupe» en remettant la pièce en contexte – on parle quand même du «journal intime» d’un personnage fou – et que, par conséquent, il ne s’adressera pas aux autorités.

Puis, les pots: soulignons tout d’abord les talents de gymnaste de Lévesque qui a sauté du K6A à la gauche et aux fameux carrés rouges avant de revenir au collectif rap. Le fil conducteur était mince, voire inexistant, mais Denis – en grand funambule qu’il est – s’est quand même permis tous ces détours. Blague à part, l’animateur semblait presque déçu que Martineau ne s’emballe pas, l’«agaçant» en lui rappelant que, pendant le Printemps Érable, on traitait sa femme de «bitch» et j’en passe.

Martineau s’est aussi montré décevant par moments en s’improvisant auteur de science-fiction considérant des mondes parallèles où la pièce aurait fait rager davantage de médias – et nuit à la critique positive de La Presse – si la cible du détraqué avait été Amir Khadir. Pire encore, la chanson aurait pût inspiré un fan du groupe qui pourrait passer à l’action! Bref, un refrain en si, si, si…

M’enfin, histoire d’avoir les deux «versions» de l’histoire, j’ai rejoint un membre du collectif pour avoir un peu plus de détails sur la fameuse pièce…

Lorsqu’on lui demande si LCN a contacté un représentant du K6A, Maybe Watson répond par la négative, puis ajoute que «Je trouve ça vraiment cool que Richard Martineau ait eu la décence d’écouter la toune, de la remettre en contexte et de réaliser que ce n’est vraiment pas des menaces de mort, mais bien un concept».  Ainsi, selon le rappeur, la fameuse compo’ a été écrite par son collègue FiligraNn en 2009. Bien avant le Printemps Érable, bien avant que Filligran et bien avant la popularité grandissante des Word-UP! Battles (les joutes verbales que Filligran anime), d’Alaclair Ensemble (une autre troupe auquel Maybe collabore) ou du K6A. «Ce n’était qu’un texte. Ce n’était pas pour faire parler.»

«Ça n’a pas été composé dans l’idée que Richard Martineau entendrait ça ou pour faire réagir», explique-t-il, notant également que le nom de famille du chroniqueur rime aussi avec la strophe précédente («“À matin, y fait beau”. Ça allait aussi avec la forme et la rime», glissera-t-il) et que la gravité de la pensée dévoile l’état du narrateur. «Le gars est fou. Pour lui, c’est ben peinard de se lever le matin et de se dire “Ok. J’vais aller tuer Richard Martineau. Après ça, je vais voir mon proprio”. T’sais, ça fesse, non?» Du même souffle, Watson martèle le fait que la folie du protagoniste est mis en évidence d’entrée de jeu. «On n’a pas opté pour un paquet de tâches quotidiennes avant d’en arriver à Richard Martineau!»

Et s’il pouvait s’embarquer dans une machine à remonter le temps, est-ce que le K6A tenterait toujours de faire rimer «beau» et «Martineau»? Maybe se pose la question. «Si on pouvait lire le futur et apprendre que les choses qu’on compose pourraient être vraiment incomprises, prises hors contextes ou encore s’avérer néfastes, peut-être bien», songe-t-il, mentionnant que, bien évidemment, il ne prend pas les menaces de mort à la légère. «Dans le rap, ce genre de déclarations sont souvent faites pour évacuer une certaine hargne. Ça relève du fantasme. Personnellement, je n’ai pas cette hargne envers Richard Martineau et je ne crois pas que Fili lui en veut non plus, même s’il est à gauche! Bref, c’est à prendre avec un grain de sel!», conclut-il avant d’ajouter qu’aucune célébrité n’a été blessée pendant la création du disque.

Pour écouter des extraits de l’album et se le procurer, cliquez ici.

Puis, pour écouter l’explication de FiligraNn sur la pièce lors d’un passage à Ghetto Érudit des jours avant « l’affaire »…