BloguesChanceux comme un Quêteux

At the Gates: Retour sur le concert avec Converge, Pallbearer, Vallenfyre et Phobocosm (9 avril 2015)

3. At the Gates-5

L’expression « jeudredi » m’a bien souvent irrité. Cette façon de décrire cette soirée, juste pour se donner la permission de se laisser aller, semble ridicule car lorsque vient le temps d’avoir du plaisir, la journée importe peu. C’est donc en plein jeudi qu’At the Gates nous visitait avec le Decibel Tour et pour une des rares fois, je me sentais en mode « jeudredi ».

J’avais vraiment le goût de faire la fête. L’enivrement provoqué par ce concert m’a excité le cervelet pendant des semaines. Je me suis même arrangé pour arriver très tôt au Corona, question de maximiser mon temps en mode métallique.

Malgré mes bonnes intentions, je me suis retrouvé sur place vers 19h20. Je n’ai pu voir la formation montréalaise Phobocosm. Ni vraiment voir et entendre Vallenfyre, à l’exception des deux dernières chansons.

Vision étrange et étonnante de voir Gregor Mackintosh en tant que chanteur. D’habitude, et ce depuis plus de vingt ans, il est le guitariste de Paradise Lost. Avec Vallenfyre, Mackintosh prend la scène en tant qu’être tourmenté. Ce que j’ai pu voir était un Mackintosh qui se laissait pendouiller sur son pied de micro. Est-ce en relation avec la douleur qui l’accablait? Effectivement, Mackintosh s’est blessé au niveau du genou. Il s’est déchiré des ligaments lors d’un concert. C’est donc fort probable que sa posture de damné soit en relation avec ce mal.

Pour ce qui est du matériel offert, la sonorité se voulait grassouillette car la troupe de vétérans qui composent ce nouveau groupe nous la joue death/doom métal. Étant donné que je te parle des vétérans du groupe, on y retrouve quelques joueurs plutôt connus dans l’univers métallique car en plus de Mackintosh de Paradise Lost, on retrouve aussi Hamish Glencross autrefois de My Dying Bride aux guitares, Scoot du groupe Doom à la basse en plus d’Adrian Erlandsson d’At the Gates aux percussions mais pour cette tournée, il ne joue pas avec les deux groupes que sont Vallenfyre et At the Gates.

Il faut comprendre qu’Erlandsson doit préférer se reposer juste avant sa pétarade avec son groupe principal et c’est pourquoi Vallenfyre utilise les services du jeunot Waltteri Väyrynen, âgé de seulement 20 ans, aux tambours.

Pallbearer 4

C’est en tant que trio, et non en tant que quatuor, que Pallbearer s’est retrouvé devant nous. L’ébahissement provoqué par la sonorité lancinante et poignante en a attrapé plus d’un. Leur doom métal est captivant et réussit à te saisir généreusement. Même si le groupe se voulait amputé de leur bassiste Joseph Rowland, le vrombissement se faisait tout de même entendre étant donné que les guitares du groupe se veulent opaques.

Il semblerait que Rowland n’ait pas réussi à passer aux douanes canadiennes. Les trente minutes de Pallbearer sont passées à la vitesse de l’éclair et il faut comprendre que chaque chanson du groupe possède un chronomètre qui avoisine les 10 minutes. Étant donné le côté étendu des chansons de Pallbearer, le groupe américain n’en a proposé que trois dont Worlds Apart et Foundations qui proviennent du dernier album en plus de Devoid of Redemption avec Hamish de Vallenfyre qui est venu prêter main forte au groupe en empoignant la basse lors de cette dernière chanson.

Cette tournée du Decibel Tour est l’enfant chéri du magazine Decibel, qui se veut en quelque sorte, le dernier bastion fort des magazines métalliques américains. Ayant pris son envol tranquillement, ce magazine est maintenant la référence dans le domaine des publications étant donné l’intégrité qui se dégage des textes en plus du choix face aux artistes couverts dans les pages du Decibel.

Tournée grandiose pour cette sous-couche musicale, on ressentait qu’elle carbure aisément grâce aux bons soins des donateurs monétaires et autres commanditaires. C’est pourquoi le bombardement face aux nombreuses publicités nous atteignaient l’œil de façon aussi vigoureuse qu’un stroboscope directement dirigé vers ta pupille.

2. Converge-7

Converge pouvait profiter de cette tournée plutôt métallique pour élargir son cercle d’amateurs. Aucun nouvel album n’était à promouvoir, ce qui veut dire que le groupe pouvait gâter son public de base en lui offrant une bonne heure de chansons qui proviennent du catalogue. C’est avec un aplomb certain et une énergie électrisante que le groupe a débuté sa prestation avec Eagles Become Vultures et Dark Horse. Comme des animaux sauvages, les gens dans la foule se ruaient les uns dans les autres tandis que Jacob Bannon au chant et Nate Newton à la basse demeurent excessivement instables sur scène, tout comme leur batteur Ben Koller. Il n’y a que le guitariste Kurt Ballou qui demeure plutôt stable à sa position tandis que le reste de la troupe se démantibule.

L’ultime excitation s’est poursuivie avec des titres comme All We Love We Leave Behind,  Reap What you Sow, Cutter et Jane Doe servie à la toute fin. Cette pièce prenait tout son éclat étant donné qu’elle était interprétée devant la pochette de l’album qui agissait en tant qu’arrière-scène pour le groupe.

3. At the Gates-8

El Altar del Dios Desconocido, l’introduction du dernier album d’At the Gates, se voulait la pièce qui donnait la chance au groupe de pouvoir s’installer. Avec les acclamations d’usage, les musiciens ont attendu la fin de la pièce pour se vautrer dans Death and the Labyrinth, chanson tirée d’At War with Reality suivie par une pièce qui se veut un classique, Slaughter of the Soul, qui provient de l’album du même nom.

Malgré sa tignasse énorme et sa casquette de grand routier, nous pouvions facilement percevoir le sourire de satisfaction de Tomas Lindberg. Chevauchant la scène de gauche à droite à la recherche de réactions, le leader du groupe fait le travail avec précision, tout comme les jumeaux Björler en plus d’Adrian Erlandsson à la batterie et le très réservé Martin Larsson à la guitare.

Des réactions? Le groupe en a reçues lors des chansons comme Cold, At War With Reality et surtout Terminal Spirit Disease. Durant The Circular Ruins, Lindberg se permet même de grimper derrière la batterie d’Erlandsson pour aller lui aussi, taper vigoureusement sur les cymbales du batteur, impavide devant cette présence.

3. At the Gates-3

Oui, ce groupe qu’est At the Gates aime le death métal. Et il le faut bien car après une absence de près de 20 ans sur album, il faut absolument aimer avec une  passion plus que palpable ce genre musical qui peut paraitre féroce, en prenant de l’âge. La rage est encore présente et le nouvel album ne se veut pas un pastiche du passé.

Sur scène, le même phénomène se produit. Sans être des musiciens expressifs, nous pouvons ressentir que les membres du groupe sont absorbés par leur instrument et veulent offrir au public le meilleur d’eux-mêmes… la portion divertissement se voulant l’affaire de Lindberg.

Le reste de la soirée s’est déroulée avec des titres puissants comme Under a Serpent Sun, Suicide Nation, Heroes & Tombs, Nausea, Eater of Gods, World of Lies, The Burning Darkness et comme de raison, Blinded by Fear. En alternant entre le matériel plus antique et le nouvel album, la recette servie aux amateurs s’est voulue remplie de succès.

Vers 23h10, le tout était terminé. Les lumières ouvertes, la foule a continué son chemin vers l’extérieur où une pluie battante nous attendait.

Peu importe car avec des soirées comme celle-ci, je commence vraiment à apprécier mon « jeudredi » et ce, de plus en plus!

*Toutes les photos sont de Mihaela Petrescu!

http://atthegates.se/