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Mötley Crüe et Alice Cooper: Retour sur le concert du 24 août 2015 (Centre Bell, Montréal)

2. Motley Crue-2

Hier soir, une énorme leçon de rock a été donnée par deux vétérans de la scène hard rock. Le mot spectacle se voulait l’ami de circonstance du terme concert étant donné qu’en plus d’avoir les oreilles bien remplies de grands succès du hard rock, nos yeux ont été mis à rude épreuve par autant de stimuli visuels.

Après la courte prestation du groupe The Cringe, un rideau représentant le visage d’Alice Cooper est descendu du plafond pour que l’équipe du chanteur puisse organiser la scène. Si l’on se donnait la peine de cacher l’environnement de travail de Cooper, il fallait donc s’attendre à une série de machins chouettes et morbides.

Alice Cooper n’a pas l’habitude de se défaire de sa marque de commerce, qu’il soit en ouverture ou non. Lors de son passage avec Iron Maiden, Alice nous avait offert une prestation digne d’une tête d’affiche.

À la tombée du rideau, on se rend compte qu’un autre rideau identique fait office de fond de scène. Le visage de Cooper y est représenté, avec son maquillage datant de ses débuts alors que la partie inférieure de ses yeux laissait paraitre un maquillage tentaculaire.

Il est accompagné d’une jeune équipe sur scène. La plus récente acquisition de Cooper demeure la guitariste Nita Strauss qui jouait auparavant avec le groupe Femme Fatale en plus de s’user les doigts avec The Iron Maidens, un groupe en hommage à Iron Maiden.

La scène laisse déjà paraitre un décor morbide grâce aux têtes de clowns qui trônent sur des pics. Pantalon à rayures noires et rouges, souliers de dandy, Cooper possède encore cette allure qui impose le respect. Dès les dernières mesures de Black Widow, un rideau de feux d’artifices se laisse aller vers le plancher, inondant Cooper qui demeure impassible. Est-ce que ceci sera le seul effet spécial pour cette prestation du shock rocker?

Non, vraiment pas!

Question de satisfaire les fans de l’époque, le groupe s’élance sur No More Mr. Nice Guy, Under My Wheels et I’m Eighteeen. Chaque pièce est interprétée avec brio et on voit que les trois guitaristes ne sont pas sur scène que pour montrer leurs plus beaux vêtements. Personne ne chôme, les alternances aux guitares sont perceptibles et audibles.

1. Alice Cooper-8

Revenant sur scène, on remarque que Cooper a son fleuret rempli de billets verts. C’est le signal visuel qui annonce Billion Dollar Babies. Alice agite cet instrument au-dessus de la tête des photographes, laissant flotter les billets à son effigie. Si certains sont trop concentrés à immortaliser la tronche de Cooper, d’autres en profitent pour s’en mettre plein les poches!

Le public est conquis étant donné que Cooper ait pris la décision de mettre en évidence ses plus grands succès au lieu de pousser les pièces du dernier album. Aucunement en promotion pour quoi que ce soit, Alice nous étampe des hits, que des hits!

La période plus calme de Cooper mais combien lucrative de la fin des années 80 est bien représentée avec son succès le plus éclatant de cette facette de sa carrière avec la chanson Poison. Reprise par la foule qui hurle les paroles, on s’aperçoit que cette chanson a marqué plus d’une génération. Hargne, exécution et technicité se retrouvent sur scène et le groupe joue comme si ce concert était son dernier à vie.

Des colliers de perles sont lancés lors de Dirty Diamonds. Cooper vogue de tous les côtés pour les lancer par ici et par là. Il continue son tour de chant et cette chanson se veut plus exigeante au niveau technique étant donné qu’il doit utiliser une voix plus rauque, acariâtre même.

Quand on parle de hard rock d’antan, il ne faut pas oublier les incontournables solos de toutes sortes. Si certains les proposent pour permettre au chanteur d’aller prendre un petit rafraichissement ou se fumer une clope, d’autres utilisent les solos pour la préparation d’un moment spécifique.

Dans le cas d’Alice Cooper, la fin de Dirty Diamonds doit comporter quelques solos, question de faire un changement de costume et ajouter un item qui se veut essentiel à sa prestation : le boa constrictor qui lui servira de collier pendant Go to Hell. La fin de cette chanson permettra aussi à Cooper de retourner derrière le rideau pour un autre changement de costume et, comme de raison, remiser le serpent dans son vivarium de tournée.

Arborant un sarrau de chirurgien, on remarque qu’il est maculé d’hémoglobine… factice! Pour Feed My Frankenstein, Cooper se fait électrocuter sur scène pour revenir quelques instants plus tard en créature monstrueuse, géante et aux gestes brusques. La magie de l’époque est présente, la foule en redemande encore plus.

L’arrivée de l’infirmière démente nous laisse entrevoir qu’autre chose risque de se produire. L’équipe de sbires s’empare de Cooper qui revient peinard sur scène. Une camisole de force est installée sur lui mais on lui laisse une main libre, question de bien empoigner son micro. The Ballad of Dwight Fry est donc le moment de prédilection pour sortir la guillotine et, comme dans le temps, le bon vieux Alice perd sa caboche. À bout de bras, le bourreau tient la tête et se permet même de l’exhiber, l’embrasser et cracher à l’intérieur de la bouche de cette tête artificielle. Un brin dégoutant mais combien essentiel!

En guise de finale, le groupe sort la grosse artillerie et les derniers éléments spectaculaires. Digne d’un concert des Flaming Lips, ce sont des bulles et des ballons qui se promènent pendant School’s Out. Trouble-fête, Cooper utilise son épée et son poignard pour crever les ballons.

Ironique tout de même de terminer la soirée avec School’s Out (avec quelques mesures d’Another Brick in the Wall de Pink Floyd) à quelques jours de la rentrée scolaire, devant une foule composée majoritairement de parents!

Entre la prestation du groupe en ouverture et celle de l’artiste principal, il y a toujours de la musique. Hier soir, le mix se voulait rempli de pièces du répertoire hard rock. Un bon indicateur face au commencement des festivités est bien souvent une chanson qui ressort vraiment du lot. Lorsque la chanson So Long, Farewell de la trame sonore de Sounds of Music s’est retrouvée dans les enceintes acoustiques, il était évident que le sens de la chanson prenait le dessus, étant donné que Mötley Crüe effectue sa tournée d’adieu.

2. Motley Crue-1

Il était temps de se lever de son siège, au grand désespoir de certains qui auraient préféré que le tout se déroule en position assise. Oui, tu le sais ou tu t’en doutes! La foule d’hier se voulait un brin avancée en âge. Ce n’est pas donné à tous et à toutes de pouvoir rocker pendant près de deux heures, debout avec les talons sur le béton.

Il fallait s’attendre à une suite de chansons que l’on peut classer dans la catégorie des grands succès du groupe. Pas le temps de fouiller dans le matériel obscur, question de satisfaire l’appétit avide du maniaque du groupe. Les adieux doivent être mémorables, autant au niveau sonore qu’au niveau visuel.

Même si ce ne sont pas tous les 10 000 spectateurs qui se sont levés d’un trait, ceux qui l’ont fait ont pu satisfaire leur appétit avec Girls, Girls, Girls en ouverture. Nikki Sixx était agile, Tommy Lee précis tandis que Vince Neil nous remémore un bon gros cousin douillet et Mick Mars reste plutôt stable et à son affaire, étant donné un état de santé qui ne lui permet plus les mouvements de l’époque.

Deux choristes énergiques et excessivement jolies venaient agrémenter le tout au niveau vocal et visuel. L’une des deux choristes avait un visage qui nous rappelait une certaine Shakira mais je doute fortement que la bomba latina ait pris un contrat avec le groupe de Los Angeles, question de passer un été inoubliable!

Ensuite, Wild Side nous a paru impeccable tandis que Primal Scream s’est montrée moins convaincante. Les nombreux jeux de lumières en plus des canons de feu à la Rammstein nous en mettaient plein la vue pour cacher le côté un peu plus mollasse de l’interprétation de Vince Neil.

Une cascade de succès, comprenant Same Ol’ Situation, Don’t Go Away Mad, Smokin’ in the Boys Room et Looks that Kill, s’est retrouvée dans nos oreilles. L’extase était à son apogée, la foule hurlait entre les chansons et les amateurs s’époumonaient en essayant de suivre la cadence. Tout était parfait mais le choix de jouer Motherfucker of the Year a permis à l’intensité de descendre de plusieurs degrés.

Visites au petit coin et mise-à-jour face aux rafraichissements… le tout se voulait-il calculé? Plusieurs ont semblé apprécier l’instant pendant que d’autres ont tout simplement fait un tour sur le téléphone, question de répondre au statut Facebook ou vérifier qui avait été éliminé lors de l’émission Les Chefs.

La version très américaine d’Anarchy in the UK a remis de la gazoline dans le réservoir. Cabotins, les techniciens du groupe sont venus asperger les premières rangées avec des pistolets à eau, question de réveiller encore plus tout ce beau monde. L’introduction Into the Beginning et les pentagrammes sur les écrans nous annonçaient que la suivante serait, sans aucun doute, Shout at the Devil. Nikki Sixx est arrivé avec une basse modifiée qui était munie d’un lance-flamme. Avec cet engin, il en a profité pour mettre à feu son pied de micro. Les élans enflammés suivaient les « Shout! » qui étaient hurlés lors du refrain et nous pouvions ressentir la chaleur, même de très loin dans le Centre Bell.

À la fermeture des lumières, O Fortuna de Carl Orff était perceptible. C’est sur cette pièce que Tommy Lee débute son solo de percussions. Sur un fond électronique, on peut entendre des extraits de Paranoid de Black Sabbath, Uptown Funk de Mark Ronson et Bruno Mars, Moby Dick de Led Zeppelin, Sabotage de Beastie Boys et How I Could Just Kill a Man de Cypress Hill. Tommy Lee s’exerce par-dessus les rythmes sur sa batterie sauf que cette dernière se veut comme un wagon qui prend place sur des rails de chemin de fer. Cette série de rails débute sur la scène, monte et prend diverses formes pour se retrouver devant la console de son. La ballade débute, Lee bat la chamade et il tournoie, avance et tourne à 360 degrés! Ensuite, retour à la position initiale, sous les applaudissements les plus nourris de la soirée!

Sans doute le moment le plus spectaculaire de tout le concert.

Question de pouvoir défaire le système de courroies qui tient Tommy Lee bien stable sur son perchoir, Mick Mars y est allé d’un solo très minimaliste. Essentiel? Pour le mélomane, non. Pour les techniciens, grandement utile!

Pendant le solo de Lee, Nikki Six et Vince Neil ont pris le temps d’aller se changer. Une tenue plus sport pour Sixx et un look « robe de chambre » pour Neil, question d’être à l’aise! Saints of Los Angeles, Live Wire, TNT et Dr. Feelgood nous ont permis de nous rendre à la finale avec Kickstart my Heart alors que Sixx et Neil se sont retrouvés sur des plates-formes soulevées par des grues. Mick Mars s’est retrouvé à quelques mètres du sol lui aussi et Tommy Lee a eu droit au même traitement sur sa batterie.

Une longue balade au-dessus de la foule où une quantité industrielle de picks s’est retrouvée sur le plancher du Centre Bell. Pendant ce temps, sur la scène, on mettait feu au pentagramme géant qui ornait le fond de la scène. Une série d’explosions, de flammes et de feux d’artifices nous ont donné l’une de plus grosse finale que le rock ait pu offrir aux amateurs!

Fermeture des lumières, il était évident que le concert n’allait pas se terminer ainsi. Le groupe s’est retrouvé à la console de son, face aux membres du VIP, pour l’interprétation de la célèbre balade Home Sweet Home.

Tels des conquérants quittant les ruines par les collines, les musiciens de Mötley Crüe ont laissé la ville de Montréal essoufflée, pour une toute dernière fois. Avec la satisfaction sur le visage, le fanatique est en droit de se demander si le groupe fera un KISS de lui-même en s’exhumant de la crypte, une fois de temps en temps!

Toutes les photos : Mihaela Petrescu

http://www.motley.com/

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