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Ghost : Retour sur le concert avec Purson (30 septembre 2015)

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Le doublé « super lune » et éclipse cette semaine nous a permis de bénéficier d’une vision unique face à la nature, celle d’un phénomène particulier qui fascine l’humain, peu importe son emplacement géographique. La rareté de la chose fait en sorte que notre regard face à l’éclipse demeure hypnotique. Je l’ai regardée, longuement. La couleur écarlate de ce cercle, habituellement gris ou blanchâtre, avait une dimension particulière et plutôt, unique.

Il en est de même pour le concert d’hier soir alors que le phénomène suédois Ghost se retrouvait sur scène à Montréal avec une autre boite à surprise, Purson. Unique comme présentation, nous avions ce sentiment étrange d’être pris entre plusieurs périodes temporelles qui s’entrechoquaient les unes dans les autres, question de créer une sphère temporelle inexistante mais combien enivrante.

Sur le coup de 20h30, Purson a pris place sur scène. Avec un accoutrement totalement années ’70, j’avais l’impression que la malle des costumes du Big Bazar Band de Michel Fugain avait été dévalisé par les membres de Purson. Colorés, flamboyants, excentriques et visibles, les costumes des musiciens montraient que le groupe prend un soin maladif face à l’esthétisme visuel de la chose. Spectaculaire, Purson a présenté une combinaison de chansons qui comprenait Danse Macabre, Spiderwood Farm et Leaning on a Bear dès l’ouverture. Le jeu du groupe se voulait adéquat, plutôt statique mais l’attrait visuel demeurait au comble étant donné le décolleté central de la chanteuse et guitariste du groupe, Rosalie Cunningham en plus de l’androgynie proposée par le claviériste, Samuel Shove.

Plutôt inconnu ici en Amérique, Purson avait pourtant une quantité non-négligeable d’amateurs qui ont apprécié la présence du groupe qui en était à sa première visite à Montréal. Après avoir offert une nouvelle chanson du nom d’Electric Landlady, Purson a conclu sa soirée avec quatre chansons additionnelles dont Wanted Man et Mister Howard.

Un rock peaufiné et d’époque, aucunement agressif et plutôt, doux comme le velours!

Les premières visites de Ghost à Montréal se sont déroulées dans le confort du Théâtre Corona. Encore considéré comme une bête de cirque lors du premier album, il était évident que l’attrait face à la bête allait changer avec une signature chez une compagnie majeure.

Un Metropolis achalandé, pas de façon exagérée mais plutôt bien rempli, attendait la formation Ghost. La foule était bien agglutinée devant la scène, les préparatifs scéniques habituels étaient mis en place par l’équipe de techniciens. La dimension ecclésiastique était encore respectée. Même si le groupe a « changé » de chanteur, le rituel religieux demeure le même.

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Encore une fois, le Masked Ball de Jocelyn Pook s’est retrouvé dans les enceintes acoustiques pour offrir l’entrée sur scène des Nameless Ghouls qui portent de nouveaux habits plutôt coquets et de nouveaux masques aux allures diaboliques. Cette pièce, qui se retrouve sur la trame sonore d’Eyes Wide Shut, accompagne le groupe depuis ses débuts. Elle devient aussi emblématique pour Ghost que peut l’être The Ecstacy of Gold pour Metallica.

En promotion pour leur nouvel album, nos compatriotes anonymes ont délivré Spirit en ouverture suivie par From the Pinnacle to the Pit pour ensuite revisiter le premier album avec la chanson Ritual. Chanson significative, nous avions l’impression, plutôt claire, que nous vivions un véritable rituel tellement les gens étaient attirés par le groupe mais surtout par Papa Emeritus III. Ce dernier semble beaucoup plus à l’aise face à ses gestes et ses interventions entre les chansons ont beaucoup plus de piquant et d’attrait que ses prédécesseurs…

La balance de son était impeccable, les attaque aux voix… cristallines! Tellement qu’il faut se demander si Papa ne reçoit pas une certaine dose additionnelle dans la balance du son car sa voix prend une place très prépondérante, sans l’ajout de voix en arrière-champ qui viennent des Nameless Ghouls.

Le triplé Majesty, Stand By Him et Prime Mover a eu l’effet énergique escompté. De mon côté, je ne posais mon regard que sur le batteur. Est-ce que le groupe a changé son percussionniste? Il ne possède pas le même style que par le passé, son jeu se veut plus moderne et moins classique. De plus, la disposition de quelques cymbales me permettait de me poser la question car cette façon de les organiser se veut très différente du passé.

Avec l’anonymat offert par les masques et les costumes, il est fort possible que l’interchangeabilité soit chose courante. Les féroces férus du groupe en redemandaient par la suite et le groupe a su bien les servir avec Body & Blood, suivie par l’instrumentale Devil Church qui s’est fondue dans la chanson Cirice.

Si Devil Church a permis aux musiciens de se replacer, cette pièce a aussi offert à Papa Emeritus III une visite chez le styliste derrière la scène. Lors de son arrivée pour cette chanson, Papa (j’peux le nommer ainsi, oui?) ne portait plus sa longue toge papale. Il proposait un nouvel habit avec une tournure plus jeune, plus dandy. Avec un look qui rappelle celui d’un mime avec la démarche scénique de Scott Weiland, nous avons eu droit à un Papa plus pimpant et plus fluide dans sa gestuelle.

Cheveux dans le vent, Papa ne porte plus sa toque religieuse!

Le reste du concert s’est déroulé avec cette tenue digne des grands cabarets pour le chanteur. Year Zero a suivi le bal mais ma grande surprise demeure le choix d’interpréter He Is, chanson plus apaisante et même ABBAesque du catalogue du groupe. Interprété avec brio, on remarque la grande souplesse des musiciens qui peuvent décaper autant que flatter musicalement.

Les deux suivantes, Mummy Dust et Absolution ont fait lever la foule à nouveau. Les cadences plus musclées des deux pièces ont remis le bolide sur le chemin de la vitalité. Après les deux coups redoutables, Ghost nous a repris un chemin plus bonace avec une version acoustique de Jigolo Har Megiddo.

Si nous avons cru que leur interprétation d’If you have Ghosts de Roky Erikson serait la dernière de la soirée, il en fut autrement. Le groupe est revenu pour y aller avec Monstrance Clock, bien accompagné par le public qui hurlait avec Papa lors des refrains.

À l’ouverture des lumières, certains cherchaient sur le plancher pour des pics de guitare. À la grande surprise, plusieurs ont trouvé autre chose qu’un vulgaire plectre de guitariste car Ghost, passé maître dans son originalité, lance aussi des… hosties!

Et, selon les remerciements offerts sur la page Facebook du groupe, Ghost serait de retour pour une nouvelle communion en 2016!

Toutes les photos : Mihaela Petrescu

http://ghost-official.com/

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