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Jeter de l’huile d’olive sur le feu

Suite à la récente polémique entourant le racisme au Québec, j’ai décidé d’intervenir et de jeter de l’huile d’olive sur le feu, en cinq questions:

QUI?
Peut-on être intellectuellement en faveur de quelques points de l’article de Nydia Dauphin, mais légalement derrière Judith Lussier à 100%? Pour avoir côtoyé des amis injustement attaqués par poursuites et mises en demeure pour leurs propos (je pense ici à Remy Couture pour son art et André Péloquin pour une affaire de caricature), je sais que ces poursuites sont éprouvantes autant sur le moral que sur le portefeuille. J’incite tout le monde à acheter Le petit guide du travailleur autonome en guise de soutien, littéraire et financier (bien que…) à Judith Lussier. Je fais ça aujourd’hui.

QUOI?
Les chroniques de Lussier, Ravary et Lagacé abordent toutes ce même argument qui selon moi ne tient pas: Boucar Diouf, l’humoriste imité par Mario Jean, n’était pas offusqué par le blackface lors du gala des Oliviers, il n’y a donc aucune raison de se fâcher. Comme si des femmes ne pouvaient pas s’opposer au suffrage universel, malgré l’évident bienfait de leur inclusion démocratique. Non, Boucar Diouf ne souffre pas d’un quelconque syndrome de Stockholm. Je ne dis pas qu’il participe à sa propre stigmatisation. Je dis que cette affaire dépasse sa seule personne. Le débat est culturel et éthique et dépasse les sensibilités de seul Diouf (ou Dauphin).

OÙ?
Ravary et Lagacé avancent que le blackface est un tabou américain, ne s’exportant pas au Québec. Ici, le seul racisme qu’ils voient, c’est l’inégalité à l’emploi pour les minorités culturelles, phénomène convenablement étanche qui ne s’étend pas au milieu des médias et de la culture où siègent Diouf, Alkhalidey et tous les autres intervenants de cette communauté. En passant, le fait qu’on puisse tous les nommer, pour se défendre d’être racistes, ne révèle-t-il pas un grave problème? Du fait qu’il y en ait si peu, d’abord, et qu’on les ait tous en tête comme contre-arguments, ensuite.

COMMENT?
Peut-on réellement avancer que les Québécois ne sont pas racistes? N’est-ce pas une généralisation à outrance, bien que positive, du genre les Noirs dansent bien et les juifs sont bons en affaire? Il y a du racisme au Québec, qu’on place trop souvent sous le sigle de l’ignorance inoffensive. Est-il possible de faire une critique du Québec autre que le syndrome du colonisé chialeux sans être rejeté en bloc? Remettre en question la capacité d’accueil des Québécois tiendrait donc de la folie?

POURQUOI?
Vous savez ce que je voudrais voir, moi? Mario Jean en blackface imitant le sketch du soldat israélien de Dieudonné. Juste pour le LOL.

Avez-vous remarqué que toute critique du Québec tombe sous la bannière du Québec-bashing? Terme anglophone donc étranger, comme si critiquer le Québec de l’interne relevait de la trahison.