Pas grand chose. En tout cas, pas selon l’Aide Financière aux Études, qui considère sept dollars par jour comme étant suffisant en matière de dépenses admises pour l’alimentation d’un étudiant. Sept dollars, c’est moins que ce que coûte un repas complet à la cafétéria de l’université. Sept dollars, c’est 1 dollar (et trois sous) de moins que le paquet de saucisses Guatemala Picante du Sabor Latino que j’ai décongelé pour le souper. C’est une bonne chose que nous soyons deux à être nourris avec celui-ci, parce qu’en ajoutant le chou-fleur et le maïs en épi qui lui servaient d’accompagnement, le budget bouffe aurait été busté pour la journée, et ça, sans que nous ayons abordé le sujet du dîner et du déjeuner. Sept dollars, c’est peu. Assez peu, en tout cas, pour que la demande d’aide alimentaire de la part des étudiants ait augmenté en flèche dans les dernières années. À l’UQAM seulement, le nombre de paniers de Noël distribués aux étudiants en difficulté a quintuplé depuis 2002.
La difficulté qu’a la population étudiante à se nourrir convenablement peut en partie être expliquée par le fait que le manque de savoir-faire culinaire et l’horaire chaotique des étudiants les poussent parfois à faire de mauvais choix alimentaires. Les surgelés, le prêt-à-manger et les repas au restaurant du coin coûtent plus cher que les produits de base, c’est un fait. Mais même les produits de base ne sont plus si accessibles que ça. D’après Sylvain Charlebois, professeur en distribution et politiques alimentaires à l’Université de Guelph, le prix moyen du panier d’épicerie aura augmenté de 18% au cours des quatre dernières années. L’effet combiné de l’augmentation du prix du pétrole, de la spéculation sur les terres arables et de la crise économique aura fait grimper le prix de certaines denrées de façon astronomique. Le maïs, qui se transigeait 2,35$ le boisseau (environ 27 kilos) en septembre 2006, se détaille aujourd’hui 6.60$. C’est presque trois fois plus cher. Dans le panier d’épicerie des personnes qui vivent une situation de précarité économique, ces augmentations pèsent lourd.
À sept dollars par jour, on n’a pas non plus les moyens d’être éthique et responsable dans nos choix alimentaires. Pas de légumes bios, pas de viande élevée en pâturage et certifiée sans antibiotiques, pas la chance non plus de choisir autre chose que le maïs et le soja OGM que Monsanto a contribué à commercialiser. Difficile à accepter d’être incapable d’accorder ce qu’il y a dans notre tête et ce qu’on se met dans la bouche. Mais au moment où ils étudient, les étudiants n’ont pas les moyens d’être difficiles.
Donc, concrètement, qu’est-ce que ça mange un étudiant en temps de grève ? Selon Nicolas Longtin-Martel, à l’origine d’une initative pour soutenir ses collègues étudiants militants, ces derniers mangent surtout du pain… pas trop frais. C’est, avec les viennoiseries tout juste expirées, les denrées qu’il réussit à obtenir pour eux avec la collaboration du directeur du marché d’alimentation où il travaille: « Travaillant en pâtisserie-boulangerie, je n’apporte que des pains, des baguettes, des gâteaux, des tartes, des viennoiseries et d’autres petits desserts qui expirent. Certains jours, je peux arriver avec sept gâteaux (maximum), comme je peux n’arriver qu’avec du pain. Comme ils expirent la journée même, ces produits sont encore comestibles aux yeux de la loi (et le sont assurément dans les faits), sans être de la première fraîcheur. Ce détail n’entame pas l’enthousiasme des étudiants qui en bénéficient. Certains d’entre eux profitent de l’occasion pour ramener la nourriture restante à la maison: « J’ai pu, à plusieurs reprises, constater la joie d’étudiants qui n’avaient pas pu, à cause de plusieurs raisons diverses (pas le temps, trop fatigués, peut-être aussi pas beaucoup d’argent), prendre de petit-déjeuner. La nourriture que j’apporte aux AG les aide à bien commencer la journée. À force d’insister, j’arrive aussi à convaincre des étudiants à repartir avec de la nourriture. » On constate donc que même si le besoin en aide alimentaire n’est pas criant pour la plupart des étudiants, elle est toujours appréciée. C’est que la population étudiante est vulnérable. Si elle arrive à s’en sortir relativement bien en temps normal, elle est constamment sous pression, et le moindre imprévu peut créer un stress économique important.
Là où je veux en venir avec tout ça, c’est que le débat sur la hausse des frais de scolarité, à force de se polariser, s’est transformé en débat de positionnement idéologique. En restant dans la dialectique droite/gauche et en opposant des arguments qualitatifs à des arguments quantitatifs, on perd de vue que la réalité étudiante est loin d’être homogène. Elle ne correspond pas à une moyenne (même si le gouvernement aimerait vraiment faire croire à la population que tous les étudiants sans exception ne paient très exactement que 12% du coût de leur éducation), et elle ne peut pas être représentée par une image archétypée. Derrière les chiffres et les moyennes, il y a des êtres humains qui essaient, chacun à leur façon, de se débrouiller. Tant mieux si certains étudiants vivent chez leurs parents et ne connaissent pas l’anxiété liée au stress financier. Mais il faut être conscients que d’autres vivent des situations difficiles, et même si la plupart d’entre eux seront sans doute à l’abri de la précarité une fois leurs études terminées, leur détresse actuelle ne doit pas être ignorée. La hausse des frais de scolarité entraînera une pression économique de plus pour tous les étudiants. Les plus vulnérables seront les plus touchés. Il y a lieu de penser que soumis à cette pression, l’un des postes budgétaires étudiants qui risque d’écoper, c’est l’alimentation. Je ne connais aucune société qui est en santé quand elle laisse ses membres avoir faim. Juste pour cette raison, il me semble évident que le gouvernement doit décréter un moratoire sur le financement des universités. Qu’on fasse le ménage avant de faire payer des gens dont le revenu disponible n’est pas toujours suffisant pour assumer leurs besoins de base.
Vous avez raison! Les anciens étudiants que nous sommes, qui avons vécu en logement (car le cas de ceux qui vivent chez leurs parents est différent) avons des souvenirs de « Kraft dinner », de saucisses en conserve (beurk!), de riz minute, etc… Bref, rien de bien nourrissant, tout juste de quoi se sustenter. Il y en a qui ont vécu des temps plus difficiles que d’autres, n’ayant carrément rien à manger, certains jours.
Par contre, lors des beaux jours, la bière coulait à flots! C’était l’époque des premières tavernes transformées en brasseries, alors qu’elles ne pouvaient plus refuser les femmes. Et on devisait pour changer le monde.
Je ne crois pas que ça ait tellement changé.
Mon frère me disait, hier, « moi, je peux manger avec sept dollars par jour, mais on se tanne de manger du Kraft Dinner matin, midi et soir. » C’est vrai. On peut certainement avoir un apport calorique suffisant avec sept dollars par jour (juste un gros sac de chips devrait donner assez de calories pour fonctionner), mais on est loin du compte si on essaie d’avoir une alimentation juste un peu équilibrée pour être en santé.
Un étudiant, des fois, ça mange aux deux jours. Pour pouvoir payer ses études et son loyer, pour pouvoir se donner l’illusion d’arriver. C’était le cas d’un ami. Ça m’a frappé. N’étant pas riche moi-même, je quête souvent de la bouffe aux parents, mais lorsque lesdits parents sont loin, c’est parfois difficile et c’est ce qui donne que certains crèvent de faim.
Mme Raymond, je ne suis pas d’accord avec vous. Je suis moi-même un étudiant qui vis en appartement et qui arrive néanmoins à manger à sa faim avec 7$ par jour. En effet, vous avez raison d’affirmer qu’avec un menu composé de Kraft Dinner, des plats préparés/congelés, et de la saucisse, la facture alimentaire s’élève au-delà des 7$ par jour. Mais voyez-vous, ma facture alimentaire s’élève à 50$ par semaine, soit 7$ par jour. Et je mange trois repas par jour.
Pour le petit déjeuner, je me contente de deux toasts au beurre d’arachides, ou d’un bol de céréales. Pour économiser, j’achète les boîtes de céréales «sans nom». La qualité est la même que celles provenant de marques de commerce.
Pour le dîner, je savoure une soupe que je prépare moi-même, ce qui me permet d’épargner des sommes colossales que bien des étudiants versent dans les coffres de compagnies, telles Campbell’s ou Knorr. Je me permets aussi de manger une sandwich au thon. Au supermarché, les boîtes de conserve de thon se vendent à environ 1$. Pour 7$ par semaine, je finance mes dîners.
Enfin, pour le souper, j’évite de consommer les «viandes rouges», qui coûtent très chères sans pour autant être très bonnes pour la santé. À la place, je prépare des poitrines du poulet ou un spaghetti à la sauce bolognaise. Lorsque je veux me gâter un petit peu plus, je fais cuire un poisson. Et pour collation, je mange des fruits, et particulièrement des pommes qui se vendent à un prix très abordable au marché Côte-des-Neiges.
Dressons donc ma facture hebdomadaire d’alimentation :
– Pain tranché : environ 3$ le paquet
– Boîtes de conserve de thon : 1$ la boîte = 7$/semaine
– Fruits et légumes : environ 7$/semaine
– Boîte de céréales : environ 3$
– Poulet/poisson : environ 10$/semaine
– Pâtes : 3 boîtes pour 5$
– Jus/lait : 5$/semaine
– Pour me gâter un peu : fromage Petit Québec (4$), raisins secs, chocolat, etc. : 7$/semaine environ
Total : 51$/semaine, soit environ 7$ par jour (et n’oubliez pas je peux économiser en éliminant les raisons secs)..
Comme je l’ai dit, on peut manger pour sept dollars par jour (et autre chose que du Kraft Dinner si on s’organise un minimum), mais c’est difficile, et c’est difficile de manger sainement. Votre menu détaillé n’invalide pas nécessairement ma position. Je fais partie des gens qui pensent qu’une alimentation saine est une alimentation variée, et je ne vois pas comment on peut atteindre cette variété en achetant pour sept dollars de fruits et légumes par semaine. Pour avoir habité Côtes-des-Neiges durant mon baccalauréat, et m’être approvisionnée au Marché du même nom, je me rappelle très bien qu’un panier de fruits (pommes, poires, prunes, etc.) se vendait entre 3 et 4 dollars, même chose pour un panier de légumes. À supposé qu’on se contente d’un seul item de chaque sorte, on est loin de ce que je considère être une alimentation variée, même si elle est équilibrée en théorie. Je dis en théorie: une alimentation basée sur les féculents, même s’ils ne sont pas raffinés (ce dont je doute quand vous parlez d’un pain à 3$), c’est une alimentation problématique dans la mesure où elle influence directement l’augmentation du taux d’insuline sanguin (ce qui a toutes sortes d’effets néfastes sur le corps, le principal étant le surpoids). Si ça vous intéresse, je vous suggère les travaux de Gary Taubes sur le sujet.
Là où je vous accorde que vous avez raison, c’est sur le fait que les étudiants seraient gagnants s’ils cuisinaient plus, d’abord sur le plan économique comme vous le soulevez, mais aussi sur le plan de la santé (en limitant le sel et les agents de conversation). Mais j’ai justement parlé du manque de savoir-faire culinaire des étudiants – manque de savoir-faire qui ne les affecte pas seulement eux, mais une bonne partie de la population active aussi, et ce, même si la cuisine n’a jamais été aussi populaire que maintenant. Il y a là une piste de solution: il faut transmettre le savoir-faire culinaire de façon intergénérationnelle. Et collectivement, on a choisi d’éliminer le seul moment où cette transmission avait lieu dans le cadre du cursus scolaire, le cours d’économie familiale. Bref: l’augmentation du savoir-faire, ce n’est pas à la veille d’arriver.
Finalement, je souhaitais surtout démontrer le stress économique qu’engendre une situation où on est limités à 49$ par semaine pour se nourrir. Vous le montrez vous-même avec votre liste d’épicerie: la marge de manoeuvre est mince. Je concluais mon texte en disant que n’importe quel imprévu met de la pression sur l’étudiant, et qu’il en sera ainsi pour les étudiants en situation précaire qui seront les plus touchés par la hausse des frais de scolarité. Cela demeure vrai, que vous soyez capable ou non de manger avec 49$ par semaine.
Grand bien vous en fasse.
Cependant, se prendre en exemple, c’est toujours un peu risqué, côté argumentatif.
Si je devais faire de même, on aurait un tout autre tableau:
je suis atteinte de maladie coeliaque, c’est-à-dire que je suis allergique au gluten. Ça me coûte donc considérablement plus cher de me nourrir (pour indication, un pain ou un sac de céréales sans gluten, c’est 8$. Un sac de pâtes, c’est 4$. Je fais le maximum moi-même, mais les ingrédients sont aussi très chers et ce que je ne paie pas en argent, je le paie en temps). Je dois ainsi faire très attention à mon alimentation, qui doit être variée, parce que se priver des aliments qui contiennent naturellement du gluten, ça peut facilement causer toutes sortes de carences. Par ailleurs, les paniers d’aide alimentaire ne me seraient, en fait, d’à peu près aucune aide.
Je ne vous raconte pas tout ça pour faire pitié, ou pour faire semblant que ma situation correspond à celle de la majorité. Je suis une exception, et j’ai la chance que mes études de doctorat soient financées.
L’idée, c’est de vous faire réfléchir au fait que, si c’est faisable pour vous, ça ne l’est pas nécessairement pour tout le monde et qu’à généraliser à partir de sa propre situation, on n’obtient qu’un portrait bien partiel de la réalité.
(1)
« Qu’est-ce que ça mange, un étudiant ? »
Le noeud de l’affaire c’est qu’encore une fois on fait une comparaison dans le vide …
Les depenses de l’etudiant vs rien …
C’est absurde comme procede et puis dans le fond comment evaluer a quel point c’est du luxe ou pas. a moins de viser le minimum pour pas etre en carence alimentaire …
Une comparaison honnete pour evaluer le luxe de ceci ou cela devrait faire une comparaison avec l’ensemble des contribuables et en particulier en regard de ceux qui ont decide d’arreter leur etude plus tot et dans la meme tranche d’age.
Moi ma question quand on est une famille avec 75000 ou 125000 ou certains recteurs a 400000 on mange quoi ?
Ce sont ces familles qui ont beneficie le plus largement des baisses d’impot dans les dernieres annees et qui font qu’on a pas d’argent pour financer collectivement ceci ou cela.
—-
(2)
« Mais voyez-vous, ma facture alimentaire s’élève à 50$ par semaine, soit 7$ par jour. Et je mange trois repas par jour.
»
(a) Au jeu de je suis capable de vire avec moins …
Si je regarde votre budget … vous etes sur que vous pourriez pas vivre avec 5 ou 6 cannes de thon plutot que 7 … avec 4 ?
et puis comme vous le dites vous pourriez couper dans le 7 $ de gaterie …
Mais je vous invite a viser l’excellence …
Il y a les poubelles et les banques alimentaires … on pourrait creer un programe pour parrainer des etudiants … un genre de vision mondiale … on envoie la photo de l’etudiant a des gens bien nantis qui culpabilisent, avec les progres de l’etudiant a l’ecole et une lettre une fois de temps … et de la pub a la tele …
Il parait aussi que des gens ont aussi reusssi a vivre dans des condition extreme avec seulement de l’eau pendant 40-50 jours … pensez y … faire ca une fois par annees pensez au economie … le froid semble-t-il peut aider donc vous pourriez couper sur le chauffage en meme temps …
(b)
Je veux bien qu’on encourage les etudiants a la modestie alimentaire mais dans le fond … la question c’est aussi que si on met pas l’argent dans l’
aide aux etudiants c’est qu’elle va ailleur … en baisse d’impot par exemple.
Moi je trouve ca tordu de demander d’un cote de manger pour x $ par jour … ou
« (et n’oubliez pas je peux économiser en éliminant les raisons secs » … bravo …
Quand de l’autre cote on fait des baisses d’impot pour financer du luxe bien plus important …
Les baisses d’impots importantes des dernieres annees ont profite en particulier pour les familles avec un revenu superieur a
75000 et ca en terme de milliers de dollars par annee pour differentes tranche de revenu …
Elles en ont fait quoi de cet argent ?
Je peux vous assurer qu’on mange autre chose que des cannes de thon …
et qu’on se questionne sur ben d’autres affaires que est-ce que je devrais manger un barre de chocolat cette semaine ou non …
On se questionne si on envoie par exemple nos trois enfants a l’ecole privee … si on se gate avec un week end spa … si on fait refaire au complet la cuisine si on refait faire ceci ou cela …
Avez vous une idee par exemple de comment on mange quand on fait comme certains administrateurs d’universite plusieurs centaine de millier de dollars …
on se demande meme comment des gens sont capables depenser autant dans une annees a croire qu’ils se forcent …
Je dois manquer d’imagination …
(3)
Ensuite question d’equite pour la meme tranche d’age. Si on est pas a l’universite c’est qu’on a arrete avant. Donc DEP, DEC ou autre chose …
Moi j’invite a comparer avec des jeunes qui termine plus tot leur etudes. DEP ou DEC … bien de ces jeunes vont avoir rapidement un revenu qui permet d’avoir une maison et un condo … et de vivre de maniere confortable ( pour d’autres bien sur non ).
Moi en ce qui me concerne … pas evident que je pense qu’on doit demande a ceux qui decide de poursuivre leur etude ( ce qui n’est pas la facilite a mon sens ) de se demander si on doit manger 6 ou 7 cannes de thon …
Dans le fond que ceux qui terminent plus tot leur etudes contribuent selon leur revenu davantage a l’impot … ils vont beneficier du fait que d’autres poursuivre leur etudes.
Le but n’était pas de faire une comparaison mais plutôt une démonstration de la précarité des étudiants et de la pression économique que peut entraîner la hausse des frais de scolarité. Si vous tenez à faire une comparaison, je suis pas mal certaine qu’on peut trouver des chiffres. J’ai un ami ingénieur chimique (dans un poste de direction, donc je suppose avec un salaire plus qu’honorable) qui a réagi à mon billet en disant qu’il faisait entre 300$ et 400$ d’épicerie par semaine, pour sa femme et lui et ses enfants qu’il reçoit à souper les fins de semaine. Mais qu’est-ce que ça change à la situation de l’étudiant que d’autres plus riches mangent plus que lui ? Le but de ce billet était de donner un visage concret aux revendications des étudiants.
S’il n’y a évidemment aucun luxe dans l’alimentation d’un étudiant qui se limiterait au budget que lui admet (parce que ce sont des dépenses admises, notons la formulation) l’AFE, il n’y a pas non plus de dénutrition excessive. Le Dispensaire diététique de la ville de Montréal fixe à 6.97$ le montant nécessaire pour se nourrir chaque jour à Montréal. Mais les personnes qui bénéficient du soutien du DDM sont des femmes issus de milieu défavorisés et vivant une situation précaire. Est-ce que cette comparaison vous semble plus juste ? Les étudiants mangent aussi chichement que les femmes qui vivent dans la pauvreté.
Voilà pour les comparaisons.
Pour le reste, je suis d’accord avec vous, et je pense que bien des gens ont cette revendication depuis le début de la grève: le problème de la hausse n’est pas un problème de manque d’argent, c’est un problème de gestion de cet argent. On a choisi de faire baisser les impôts de la classe moyenne pour augmenter le tarif des services dont elle bénéficie. Ce sont les familles de la classe moyenne qui seront les plus touchées par la hausse puisque ce sont elles en général qui n’ont pas droit aux prêts et bourses. Il y a bien des questions qu’on peut se poser. Par exemple, pourquoi avons-nous les moyens de payer une route privée à une minière qui viendra extraire les diamants de notre sol, mais que nous réclamons d’un autre côté le même montant de la poche des étudiants ? Qu’est-ce qui justifie qu’on préfère financer l’entreprise privée plutôt que la future main d’œuvre de demain ? Est-ce qu’on peut vraiment considérer que c’est un choix de société, considérant que les libéraux ont été élu par une petite proportion seulement du total des électeurs inscrits ?
Bref, des questions à se poser, il n’en manque pas.
Le gouvernement du Québec a certes décidé de réduire les impôts et d’augmenter les frais de scolarité. Plusieurs soutiennent que cette politique ajoute un fardeau fiscal sur la classe moyenne. Cependant, si le gouvernement avait choisi de geler les frais de scolarité (ou de les réduire), c’est toujours la classe moyenne qui aurait porté le fardeau fiscal, en payant plus d’impôts.
Bref, au Québec, le fardeau fiscal que subit la classe moyenne est dû à l’incompétence de gouvernements successifs qui ont endetté le Québec par des politiques généreuses, sans pour autant prendre en considération les conséquences sur les générations à venir. À ce sujet, je vous recommande vivement la lecture du livre d’Éric Duhaime, L’État contre les jeunes.