On a souvent dit que Québec était un beau marché de radio. Ça peut encore être vrai, dans la mesure que la population de Québec est un bon auditoire, présent et à l’écoute. Son industrie est toutefois malade.
J’ai déjà écrit là-dessus, lorsqu’on apprenait que Nathalie Normandeau allait coanimer avec Éric Duhaime. Là, c’est l’arrivée d’André Arthur qui me gosse. Pas Arthur en soi, même si je trouve que le retour de l’ancien roi des ondes est la même chose que Duceppe qui revient au Bloc: un geste désespéré afin de ne pas se noyer.
CHOI a dû faire un brassage de cartes pour à la fois affronter NRJ et le FM93 qui lui piquent des auditeurs (ou des artisans) tout en perdant ses gros joueurs. Proposer Martineau et Arthur me semble plus un «all in» qu’une fine stratégie.
Ceci dit, c’est plus en tant qu’artisan de la radio que j’écris cette fois-ci. Parfois, certains artisans de CHOI, NRJ et le FM93 accusent Radio-Canada d’être un repère de gauchistes. Bof, j’y ai côtoyé des gens plus à gauche que moi et farouchement à droite, mais en même temps, on regarde le marché de la radio à Québec et je pose cette question: un gars de gauche, où peut-il travailler?
Le Journal de Montréal et le Journal de Québec sont des exemples où malgré une certaine tendance éditoriale se côtoient une multitude de points de vue. Des économistes de gauche signent des chroniques à côté de celles d’économistes de droite. Des écologistes présentent des textes en même temps qu’un climatosceptique. Il y a des fédéralistes et des indépendantistes. On accuse souvent Québécor de plusieurs maux, à tort ou à raison, mais ils font place à une pluralité des voix.
C’est complètement absent des radios parlées de Québec. Maurais, Fillion, Duhaime, Normandeau, Bouchard, Arthur, Gravel, tous ces gens ont-ils des coanimateurs ou des chroniqueurs quotidiens de gauche dans leur équipe? Non. Le plus que l’on a, c’est quelqu’un qui dit parfois qu’ils vont peut-être trop loin, timidement.
Il reste quoi pour un artisan qui se trouve au centre, à gauche, se veut neutre ou qui ne fait que souhaiter une radio plurielle? Il ne reste que Radio-Canada (qui ne font que couper du monde*), les radios communautaires (avec peu de postes rémunérés au salaire peu intéressant) et les radios de divertissement (donc tu fais une croix sur ton envie de faire des affaires publiques).
C’est frustrant. Une industrie radiophonique en santé aurait de la place pour des artisans de tous les horizons. La radio parlée de Montréal n’est pas nécessairement une radio à droite.
Le pire, c’est qu’en se copiant tous l’une et l’autre, elles se coupent une partie de l’auditoire (que Radio-Canada ramasse presque par défaut – pas qu’ils font un mauvais boulot, mais si un auditoire veut de l’info sans un biais de droite, il n’a que ce choix) et aucune des trois ne pourra atteindre les parts de marché suffisant pour rester dans ce créneau. Au lieu d’innover, d’oser, on joue à qui pisse le plus loin.
La radio de Québec est un marché qui a un cancer.
En effet, cette analyse est très pertinente. J’ajouterai que ce mouvement de droite et de dénonciation ne date pas d’hier, ni même des année Fillion. Non, je me souviens, qu’étant étudiant à l’U. Laval en 1979, j’entendais Arthur faire des siennes, souvent ridicules, en se présentant comme le chevalier du «GBS». L’expression est d’ailleurs de lui. De fil en aiguille, le GBS est devenu une menace intellectuelle pour tout ce qui pense autrement ou fait dans la nuance.
Il y a une maxime qui dit, en gros, de se méfier des Vertueux car ils empoisonneront votre vie, tôt ou tard…et ce que l’on vit, de tous les horizons, (gauche ou droite) est en train de valider l’adage. Tout le monde à qui on tend le crachoir s’empresse de faire dans le prosélytisme souvent primaire et la désinformation la plus vicieuse possible, au nom de leurs vertus respectives..
Mickaël,
J’ai lu ton billet avec beaucoup d’intérêt mais je nuancerais davantage mes propos à propos de la radio parlée à Québec. Il est vrai que plusieurs animateurs critiquent sévèrement certaines dépenses publiques particulièrement dans le domaine de la culture et des loisirs en général. Toutefois, mis à part le conservatisme fiscal dont ils se réclament, certains de ses animateurs cultivent à des fins commerciales le mythe de la droite alors qu’ils sont à gauche sur plein de sujets. Ils sont favorables au mariage gay et à l’égalité des sexes. Ils sont mêmes en faveur de protéger l’environnement. Sauf qu’ils contestent beaucoup le pouvoir exercé par des individus ou des groupes de pression qui prétendent à tort ou à raison de représenter le bien commun ou l’intérêt public comme certains syndicalistes, gens d’affaires, porte-paroles de groupes d’intérêts comme Équiterre, l’Union des artistes, l’UPA. Bref, ils se font souvent le porte-voix de la classe moyenne composée notamment de familles cherchant à boucler leur fin de mois avec des chèques de paie dont le revenu tiré de leur labeur est retenu sur leur salaire. En ce sens, ce sont des médias mainstream au service de la classe moyenne, celle qui consomme chez les annonceurs qui achètent de la publicité sur les ondes de ces radios.
Sans entrer dans une rhétorique de la gauche/droite, on remarquera que tout le monde se dit se battre pour monsieur et madame tout le monde. NPD, PLC, PC, par exemples, disent tous vouloir aider le pauvre Canadien. Mais ils ne veulent pas l’aider de la même manière. « Être au service de la classe moyenne » est un peu n’importe quoi, à la fois comme barème ou comme slogan. Ça veut tout et rien dire. C’est comme le gros bon sens.
Pour le point des annonceurs, évidemment, une radio qui serait réellement à gauche et critique aurait peut-être plus de difficultés à tirer son épingle du jeu, mais rien n’empêche d’avoir une pluralité. Il y a tout un monde entre les deux.
L’histoire de ma vie. Merci pour ce billet Mickaël.
Que dire d’un texte écrit par un gars qui ne distingue pas sa droite de sa gauche?
[Bruits de criquets]
Que dire d’un commentaire écrit par un gars qui ne distingue pas l’intelligence de la connerie?
« Bruits d’une mouche qui vole »
Je n’aurai qu’une seule question: pourquoi les animateurs de radio de Québec ressentent tous le besoin de s’exprimer comme des demeurés, des Elvis Gratton pour qui « les Amaricains, eux autres y l’ont l’affaire » ? Arthur sait quand même s’exprimer dans un français fort respectable, lui qui demeure très certainement le dernier vrai « gars de radio » de la Vieille capitale !!!
Demeurez-vous à Montréal monsieur? Écoutez-vous la radio de Québec à l’occasion? Si oui, dites-moi quand vous entendez des Elvis Gratton, j’ai bien apprécié les films et j’aimerais me divertir d’avantage.
Merci!
Et en passant, on dit pu vieille capitale depuis des années…
Qui a décidé ça? Régis? Allons, l’expression est encore utilisée, régulièrement!
Et l’axe fédéraliste souverainiste vous en parlez pas. Pourtant c’est un autre élément important qui est à sens unique chez les radios vidange.
Merci pour ton billet, j’ai eu la même réflexion à l’annonce du retour d’Arthur à CHOI. À Montréal au 91.9 ils ont Décarie qui est un chroniqueur de droite détestable, certes , mais qui donne un semblant d’équilibre à l’émission du matin. Si au moins la radio de Québec avait un chroniqueur de gauche qui ne se ferait pas ridiculiser..ils devraient aussi arrêter de taper sur les mêmes clous constamment ..PQ, PKP, syndicats ,SAQ, etc..les gens de Québec sont loins d’être des morons mais on fais de la démagogie avec les mêmes sujets qui font réagir et qui nivellent par le bas.. Je suis de Montréal, j’aime le show de Maurais autant que j’aime La Soirée à Radio-Canada..j’aime la pluralité d’opinions..le divertissement intelligent..que je sois d’accord ou non avec ce que j’entends ..j’ai besoin de ma jambe gauche et ma jambe droite pour marcher..sinon je perds l’équilibre ..!
Vous dites qu:il y a pas de station pour les artistes « gauchiste » de la radio a Quebec. Si on regarde la carte électorale provinciale de la région du Quebec:
2014:
1 PQ
8 Liberaux
2 CAQ.
2012:
2 PQ
3 Liberaux
6 CAQ
2008:
2 PQ
7 Liberaux
2 ADQ.
2007:
2 PQ
2 Liberaux.
7 ADQ.
En considérant le PQ comme un partie de gauche et les autres comme étant plus centrée, la population de la région de la ville de Quebec n’est pas très de gauche, donc une radio privée de gauche ne serait pas très viable.
Attention Patrick, tu vas te faire répondre par les gauchistes que c’est en raison des radios privées que les gens votent à droite à Québec.
Un autre exemple de « saucisses Hygrade », selon eux. Misère…
A la retraite depuis 7 ans après avoir travaillé 31 ans a la Radio de Québec , il y a longtemps que je le pense et que je le répète la Radio de Québec est vraiment très malade, et c’est un journaliste de Montréal qui nous l’apprend ce matin … Allo la terre ..ou sont les journalistes de Québec ….. Avec le retour du Roi et l’arrivé de Martineau on va avoir un automne chaud, mais moi je serai a la radio musicale.
Prédictions le N.P.D va perdre 5 circonscriptions au profit des conservateurs et Martineau qui fera son émission de Montréal sera congédié dans 6 mois ……
Faut bien venir de Montréal pour faire la critique de la radio d’opinion de Québec. Je l’écoute à tous les jours, et j’y entend une panoplie d’opinions différentes sur plusieurs sujets. C’est ça le problème des médias de la métropole, tous confondus, vous dépictez la radio de Québec d’après des racontars et des oui dires. Moi, c’est ça qui me désole le plus!
Oui le jupon dépasse parfois. Mais c’est de la radio d’opinion. C’est prévu à cet effet. Et les opinions s’entrecoupent de temps en temps, mais en bout de ligne, chaque animateur a sa façon de penser sur les différents sujets d’actualité.
On va se le dire, une des choses qui est galvaudée à souhait c’est pluôt l’axe gauche-droite à la radio. Je parie que la majorité des gens ne sont même pas capable de les définir précisément. Il faut s’entendre: critiquer le pouvoir établi ne veut pas dire qu’on est de droite, ça veut dire simplement dire qu’on a une opinion et un cerveau duquel on a appris à se servir!
Intéressant, vous m’accusez de parler à travers de mon chapeau alors c’est ce que vous faites sur trois paragraphes.
Non seulement je vis à Québec, mais je demeure à Québec. Je suis aussi un artisan de la radio de Québec, 2003 à 2008 et de retour depuis un an.
Sinon, si vous aviez bien compris mon propos, vous comprendriez que je n’ai jamais dit que la radio d’opinion était une plaie ou un problème. Je n’ai même jamais dit que la droite était conne ou stupide. Mon propos est celui-ci: les radios d’opinions de Québec se ressemblent et se copient trop. Il y a un manque de diversité dans la couleur des radios d’opinion. Cette radio qui dénonçait que toutes les radios se ressemblaient a fini par justement devenir ce qu’elle dénonçait.
pas suffisant …