Pierre Kwenders : Enfant de choeur
Musique

Pierre Kwenders : Enfant de choeur

Révélé il y a trois ans par l’ex-Radio Radio Alexandre Bilodeau, le chanteur montréalais d’origine congolaise Pierre Kwenders présente Le dernier empereur Bantou, un tout premier album aux frontières entre l’électronique, le hip-hop, la rumba congolaise et le chant choral.

Lorsqu’il arrive au Québec avec sa famille à l’âge de 16 ans, Pierre Kwenders ne connaît pas encore la passion qui l’animera quelques années plus tard. C’est en côtoyant la communauté congolaise et en joignant la chorale de l’église catholique qu’il se découvre une voix et, éventuellement, une voie. «Avant ça, je n’avais pas vraiment de rapport avec la musique, mises à part les quelques fois où je chantais dans ma douche au Congo», dit Kwenders, amusé. «C’est dans les chorales que j’ai appris à développer mon chant. Maintenant, je me sers de mes techniques vocales pour ajouter de la profondeur à mes refrains. Tout est parti de là.»

Puis, une rencontre marquante – celle d’Alexandre Bilodeau, à l’époque producteur et rappeur au sein de Radio Radio. «La première fois qu’on s’est vus, on parlait de musique comme si on se connaissait depuis des années», se rappelle le chanteur de 28 ans, nommé Révélation Radio-Canada 2014-2015. «Il avait une excellente connaissance de mes origines d’un point de vue musical. C’est vraiment grâce à lui que j’ai eu envie de faire de la musique.»

Les deux comparses planchent alors à la création d’un premier EP, Whisky & Tea, puis subséquemment d’un autre, African Dream, paru à l’automne 2013. Quoique satisfaisant, leur rayonnement demeure modeste, visiblement limité à une mince frange du public alternatif montréalais. Ce n’est donc pas par manque d’inspiration que Kwenders a décidé d’intégrer cinq pièces de ces deux mini-albums à son premier album officiel. «Je voulais que les gens les découvrent ou les redécouvrent puisque, je crois, elles avaient un potentiel plus grand», souligne-t-il, honnête.

Se détacher du «world»

Complété par de fougueuses productions signées Poirier, J.u.D et Samito, Le dernier empereur Bantou impressionne par son mélange de styles qui, en dépit d’un éclectisme pouvant à la base paraître incontrôlable, reste cohérent grâce à l’énergie constante de son créateur. À l’heure de la catégorisation à outrance, l’artiste montréalais, qui chante autant en français et en anglais qu’en lingala et en tshiluba (deux langues congolaises), désire toutefois qu’on évite de l’associer à cette catégorie fourre-tout qu’est le world. «C’est un terme qui ne m’enchante pas», admet-il. «Si Drake chantait par-dessus mes pièces, on dirait que c’est du hip-hop, mais vu que c’est moi et que je chante parfois en lingala, on catégorise ça comme du world… Je trouve ça ridicule.»

À défaut de s’inscrire dans ce style trop large et utopique, Pierre Kwenders s’inspire de différentes mouvances musicales africaines sur son album, notamment la rumba congolaise, l’afro-progressif et le disco sud-africain des années 1970. En toile de fond, il développe un message unitaire sur l’Afrique. «On parle souvent des empires romain et ottoman, mais très rarement de l’empire bantou, qui a régné sur l’Afrique avant que tous ses pays ne soient divisés. Mon but, c’est de rassembler les Bantous à travers ma musique, maintenant qu’ils sont tous éparpillés à travers le monde», explique-t-il.

«Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est moi le dernier empereur… Mais bon, si les gens veulent bien me considérer comme tel, je ne dirai pas non!»

 

» À lire aussi: Critique de l’album

Le dernier empereur bantou

(Bonsound)

Disponible le 14 octobre

Lancement (Québec) le 10 octobre au Cercle; (Montréal) le 14 octobre au Centre PHI.

pierrekwenders.com