Bernard Adamus : Magnifier la débauche
Musique

Bernard Adamus : Magnifier la débauche

Bernard Adamus présente Sorel Soviet So What, un troisième album plus éclaté que jamais.

Rejoint dans un café du Plateau, à quelques jours de son lancement, Bernard Adamus semble radieux et (presque) reposé. Plus tranquille qu’à l’habitude côté spectacles, l’été qu’il vient de passer l’a aidé à reprendre la forme.

Par-dessus tout, le chansonnier montréalais de 37 ans semble emballé par son nouvel album, un joyeux mélange de country, de folk et de blues grandement inspiré par la musique du sud des États-Unis – celle des bayous de la Louisiane, évidemment, mais aussi des plages d’Hawaï. «J’ai hâte de voir la réponse du public, mais pour être franc, je serais étonné de frapper un gros mur», clame-t-il d’emblée.

Faut dire que l’engouement du public envers le premier extrait, Hola les lolos, aide à maintenir un niveau de confiance considérable. Pour la première fois de sa carrière, Adamus a obtenu un succès d’envergure sur les radios commerciales, réussissant notamment à atteindre le sommet du 6 à 6 de CKOI. «Sérieux, je sais pas comment j’ai fait pour faire ça!» envoie-t-il, encore très surpris. «C’t’un beau cadeau parce que j’ai jamais eu besoin de faire de compromis pour me rendre là. Le but, c’tait juste de faire une joke et de composer une belle toune avec ça. En fait, c’est l’une des seules tounes politically correct de l’album, même si elle parle de totons.»

Découvrez trois chansons du nouvel album et quelques-unes de ses inspirations dans sa playlist Spotify:

Conditions optimales

Concocté en étroite collaboration avec son comparse de longue date Éric Villeneuve à la réalisation et son batteur Tonio Morin-Vargas au mixage, ainsi qu’une équipe de musiciens en grande partie renouvelée, Sorel Soviet So What a bénéficié de conditions optimales durant la totalité de son enregistrement au mythique Breakglass Studios de Montréal. «Ç’a été cool du début à la fin. Je crois que ça se sent dans l’album qu’il y a une cohésion entre tout le monde», dit-il. «J’filais mieux aussi, pas mal plus que lorsqu’on a tapé No. 2… À l’époque, le band était fatigué, et mes textes étaient lourds. C’tait complètement une autre approche.»

Paru en 2012, No. 2 n’a pas obtenu un succès ou, du moins, un rayonnement aussi important que Brun, l’album qui lui a permis de récolter moult honneurs en 2009-2010 – de la victoire des Francouvertes au Félix de la révélation de l’année, en passant par le Prix ECHO de la SOCAN. «Ça m’a pas déçu parce que je le savais que c’était un album beaucoup moins facile», dit-il. «En show, c’était spécial… Quand je jouais une ballade comme Le scotch goûte le vent, les gens continuaient de péter une fuse et de faire du body surfing, même si ça avait pas rapport. C’est pour ça que, là, j’ai voulu faire un album plus vivant, qui ressemble plus au show.»

Femmes, amis, brosses

Évidemment, côté textes, Adamus renoue avec «la trinité de tous les possibles»: les histoires de femmes, d’amis et de brosses. «Ce sont trois sujets éternels. Dans la vie, tout le monde aime tomber en amour, être entouré de bons amis et faire la fête», souligne-t-il, avant de nuancer judicieusement ses propos. «Bon, c’est sûr que, moi, je capote un peu trop sur le party, mais t’sais… Même celui qui vient me voir un vendredi soir après une grosse semaine de travail va trouver le moyen de s’identifier à mes tounes, parce que lui aussi il a envie d’avoir du fun et de se péter la face. Dans un sens, on peut dire que je magnifie la débauche.»

Plus que jamais, cette débauche magnifiée attire les foules, autant à Montréal qu’ailleurs au Québec. L’auteur-compositeur-interprète est également conscient qu’il est l’un des rares à faire un pont entre les générations. «Je trouve ça trippant de voir qu’il y a des gens de tous les âges qui écoutent ma musique. Je pense que c’est normal parce que moi-même, j’écoute pas mal d’affaires. La même journée, je peux passer de Bill Evans à Ol’ Dirty Bastard ou de Cohen à AC/DC. Y a une part de moi qui est Stéphane Lafleur et l’autre qui est Freddie Mercury.»

Cet automne, Adamus reprendra le rythme effréné qu’il avait adopté en 2013, lorsqu’il a accumulé plus de 125 concerts la même année – et probablement autant de soirées arrosées. «J’pense que j’ai repris assez de force pour me lancer là-dedans», croit-il. «Avec le temps, j’ai appris à me contrôler au niveau du party. Lorsque je fais des stretchs de quatre shows en une semaine, je le sais que c’est pas grave si je skippe la première brosse.»

«J’ai appris à boire de l’eau aussi», ajoute-t-il, allumé. «Je continue de consommer des quantités phénoménales de boisson, mais au moins, je bois de l’eau. J’ai pas le choix parce que, même si j’aime bien prendre une tasse pis parler fort, je peux pas me permettre d’être grotesque chaque soir… Surtout, il faut que je sois capable de me rappeler des conversations que j’ai eues au bar parce que c’est d’elles que je m’inspire pour mes chansons. Si je veux continuer à pouvoir me servir de cet outil de travail là, faut que je boive de l’eau. Pas le choix.»

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Sorel Soviet So What

(Grosse Boîte)

Sortie le 25 septembre

En spectacle un peu partout cet automne au Québec. Détails: bernardadamus.com