Je rapplique avec mon concept de «Bière tombale» que j’avais mis de l’avant dans ce billet publié le 19 juin dernier. À la base, l’idée est assez simple : je me décapsule une bière et j’écris un texte à saveur éditoriale sur un sujet chaud – qui me pique à vif, qui m’écorche viscéralement, qui me démange, qui me dérange – pendant que je la sirote.
Pour cette deuxième Bière tombale, je vais me permettre d’analyser les différents débats des chefs qu’on nous a présentés à la télé depuis dimanche, à la SRC comme à LCN, en les comparant abusivement au monde du hockey.
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Premièrement, je n’arrive pas à comprendre l’importance qu’on accorde à ces débats. Sur papier, il est vrai que l’argumentation devrait être intéressante et permettre à l’électorat de se faire une bonne idée de ce que les partis veulent faire pour le Québec. Or, en pratique, à la télévision, nous n’avons droit qu’à une guerre de mots qui permet de mettre en vedette celui qui réussira le mieux à taire ses torts tout en faisant ressortir ceux de son/ses adversaire(s). Coups bas, accusations, surenchère de bêtise; ça brasse dans les coins, les goons jouent du coude et les spectateurs applaudissent dans une harmonie désarmante.
Un débat, c’est un jeu stratégique – parfois frustrant – exactement comme le hockey. À ce titre, je ne vois pas pourquoi le débat des chefs aurait dû être un point tournant dans une saison de 82 matchs. Les Québécois sont parfois des girouettes (je m’inclus dans l’accusation), mais je pense que tout le monde a déjà une bonne idée du parti pour lequel ils vont voter le 4 septembre prochain. Choisir son orientation politique à l’issu d’un débat, c’est un peu comme si un partisan du CH se mettait à prendre pour Boston à la suite d’une écrasante victoire de 6-2 des Bruins contre le Canadien. Il y a des limites à s’asseoir sur son identité et sa fierté. Des convictions, ça ne s’efface pas au profit d’un discours empreint de bullshit.
Charest a bien beau «gagner» le débat, si tu es péquiste dans l’âme, tu ne vas pas te convertir sous l’influence d’un sourire narquois rempli de promesses… Quand tu prends pour l’équipe la plus merdique de la ligue, tu as le droit de changer d’allégeance.
Et pour compléter le parallèle – douteux diront certains –, je vais comparer chacun des chefs de la LNÉ (Ligue Nationale Électorale) à des éléments directement liés à la LNH.
Jean Charest : C’est le gagnant en titre de la Coupe Stanley depuis plusieurs saisons. En cours de chemin, les amateurs se sont toutefois rendu compte qu’il a acheté les arbitres, qu’il a dépassé la masse salariale dans son financement et qu’il a donné des billets de saison gratuits aux amis de son club. Pitoyable bilan, mais les partisans ne sont pas très «regardants»!
Pauline Marois : C’est la Manon Rhéaume du circuit. Elle deviendra peut-être la première femme à patiner dans la grosse ligue, mais pour l’instant, elle doit faire ses preuves dans une finale déchirante. Les analystes sont toutefois optimistes : «PQ en 7!»
François Legault : François est le coach d’une concession qui a changé de marché, un peu comme les Whalers de Hartford qui sont devenus les Hurricanes de la Caroline. Au passage, il a signé des joueurs d’une équipe déchue et il est allé chercher quelques «gros» noms pour ajouter de la profondeur à son équipe. Mais au bilan, la CAQ sera probablement reconnue comme les Rangers du scrutin : ils ont l’équipe pour gagner, mais ils vont choker lors de la première ronde des séries.
Françoise David : Québec Solidaire, c’est le Blue Jacket de Columbus de la ligue électorale. Ils ont toujours pu compter sur un ou deux bons joueurs, mais ça n’a jamais été assez pour aller chercher la victoire. Françoise est une bonne joueuse de deuxième trio, mais même si les partisans font la vague orange, il manque toujours un petit quelque chose pour permettre à David de vaincre Goliath!
Jean-Martin Aussant : C’est le capitaine d’une équipe d’expansion qui n’a pas fait les séries (lire les débats) à sa première saison. L’équipe d’Option Nationale compte néanmoins plusieurs jeunes espoirs qu’il faudra surveiller lors de la prochaine saison.
Vous avez probablement pensé à d’autres comparaisons en lisant les miennes. Prêtez-vous au jeu et partagez-les via les commentaires! Pour ma part, je ne sais pas si nous aurons droit à du hockey cet automne, mais les élections auront bel et bien lieu le 4 septembre. Votez avec votre coeur, votez avec votre tête!
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Bière dégustée lors de cette Bière tombale : Sticke Alt des Trois Mousquetaires
Notes : Lager rousse avec une bonne amertume. Au nez, on appréhende une sécheresse franche. En bouche, on se noie dans le côté caramel du malt et le côté herbeux du houblon. Des notes de noix et de torréfaction sont perceptibles, mais elles demeurent dominées par des élans amers prononcés et un sucre résiduel bien dosé. À essayer!
Caricature : Pascal Élie, Avenir de l’Est