Patrick Masbourian : Légaliser: oui, mais comment?
Je suis contre la légalisation à tout prix. Surtout celui d’Allan Rock! Alors qu’il était ministre de la Santé au gouvernement fédéral, l’honorable "dealer de la compassion" avait fixé son "prix de vente suggéré" à 12 dollars le joint.
Je suis contre la légalisation à tout prix. Surtout celui d’Allan Rock! Alors qu’il était ministre de la Santé au gouvernement fédéral, l’honorable "dealer de la compassion" avait fixé son "prix de vente suggéré" à 12 dollars le joint. En supposant qu’un joint de format standard contient tout au plus un demi-gramme de pot (dans mon livre à moi), ça commence à faire cher! Désolé monsieur Rock, mais à ce prix-là, je vais continuer à me procurer ma dope sur le marché noir.
Légaliser veut dire créer un cadre légal. Pour que j’endosse la cause, encore faut-il que le cadre légal me convienne. Pas question de substituer à notre mafia chromée celle du monde corporatif, ou pire encore, celle de l’État, si ce n’est pour me garantir une législation à l’intérieur de laquelle mon rituel de consommation peut avoir cours.
Et si ce n’est aussi pour me garantir que cette fois-ci, la santé publique et la prévention seront de sérieux leitmotivs politiques.
Ce même Allan Rock pleurait annuellement la mort de 45 000 fumeurs canadiens. Mais qui SE DEVAIT, à l’origine, d’empêcher les compagnies de tabac de les empoisonner sournoisement, si ce n’est l’État? Avec l’alcool, on a plus de chance, me direz-vous. La SAQ rend accessibles chez nous des produits qui sont de qualité et, de plus, grâce au "virage commercial" de Gaétan Frigon, elle offre maintenant des spéciaux toute l’année!
Mais encore faudrait-il savoir à qui tout cela profite réellement. Rien ne me garantit que la somme monstrueuse de taxes que je paye pour chaque bouteille que je bois et chaque cigarette que je fume sert vraiment à éponger le déficit social qu’engendre la consommation de ces drogues LÉGALES. Et que dire du jeu… Quoi? Vous avez dit prévention?
Il ne fait aucun doute que le statut illégal des drogues arrive à réduire leur niveau de consommation. Même si, par définition, l’interdit existe pour être défié, la majeure partie de la population adopte volontiers une conduite respectant la droiture. On les appelle les honnêtes citoyens. Et ils sont récompensés du droit de vivre en société. Mais la jungle est remplie de rebelles. Eux, on les appelle les marginaux. Aventureux, ils risquent sans cesse de se casser le nez sur ce rempart que constitue le moralisme immobile des bien-pensants. Et il faut les arrêter.
L’enjeu réel pour moi, c’est la décriminalisation, car le vrai problème, c’est la répression.
C’est elle qui plonge le consommateur dans le noir, c’est-à-dire le tabou, le silence, la solitude, la criminalité, la prison, l’exclusion, l’overdose, la mort. C’est la répression, et l’intolérance qu’elle engendre, qui amène le consommateur à prendre n’importe quoi dans n’importe quelle condition, des conditions souvent précaires et dangereuses.
Si le cadre légal est empreint du profond humanisme nécessaire au soutien et à l’inclusion sociale des personnes moralement constituées et dignes de respect qui jouissent et/ou qui souffrent de la drogue et qui ont besoin d’aide, je dis oui.
Oui à la légalisation de toutes les drogues.