2014 / Top 4 des films d'adolescence contemplée
On emballe 2014: La langue rapaillée, idées cadeaux et coups de cœur

2014 / Top 4 des films d’adolescence contemplée

Les ados inspirent les cinéastes, c’est connu, et les manières de représenter cet âge aussi indolent que passionnel varient grandement d’un film à l’autre. 2014 fut une année faste dans le genre. De la fiction au documentaire, voici 4 films d’adolescence contemplée.

Jeune et jolie

De François Ozon

Avec Jeune et jolie, François Ozon prend le prétexte d’une histoire de prostitution adolescente pour explorer la confusion identitaire et sexuelle de l’entre-deux-âges, dans un film élégant et mystérieux. Bien davantage que la sexualité ou l’engrenage de la prostitution, sa caméra tente de capter un état d’esprit et sait camper les sentiments confus d’une adolescence qui échappe à sa protagoniste. Par son personnage de jeune prostituée à la beauté fulgurante, justement prénommée Isabelle, le vétéran cinéaste explore aussi la question de l’image de soi: une image fabriquée par les autres à travers leurs regards insistants.

À relire : notre critique du film parue à sa sortie en salle au mois de juin

 

Palo Alto

De Gia Coppola, d’après le roman de James Franco

Hyperréaliste et ponctué de très beaux plans nocturnes, le premier film de la nouvelle venue de la famille Coppola est une chronique crédible de l’adolescence et de son malaise perpétuel. Dominé par une caméra attentive aux détails et par des dialogues crus mais très naturels, le film tranche avec les productions américaines habitées d’ados au look plastique et à l’aplomb fulgurant. Pour le cinéphile québécois, son travail pourra évoquer celui d’Henri Bernadet et Myriam Verreault (À l’ouest de Pluton) ou encore Tout est parfait d’Yves Christian Fournier et Jo pour Jonathan de Maxime Giroux. On pense aussi, dans une moindre mesure, à Larry Clark. Chez Gia Coppola, l’adolescence est observée de manière quasi-documentaire, sans tentative de sublimation outrancière. James Franco joue dans ce film adapté de son roman un rôle effacé mais énigmatique, laissant à ses jeunes partenaires la place qui leur revient.

À relire : notre critique du film parue à sa sortie en salle en juin

 

Secondaire 5

De Guillaume Sylvestre

Guillaume Sylvestre a placé sa caméra dans les classes et les corridors de l’école secondaire Paul Gérin-Lajoie pendant toute une année pour en faire un documentaire-témoignage qui n’a pas la prétention de radiographier l’école publique québécoise mais d’en montrer un bel échantillon. On peut certes critiquer le choix d’avoir réalisé un film d’observation qui ne propose pas beaucoup de recul et de perspective et qui ne remplit pas les trous dans le dialogue politique sur l’enseignement public au Québec. Mais si on observe ce film pour ce qu’il est, on verra un regard tendre sur une adolescence en plein bouillonnement et en pleine métamorphose. On y rencontre une génération apte à développer son sens critique et à interroger le monde sous toutes ses coutures, malgré les fautes de syntaxe ou les emportements émotifs.

À relire : notre entrevue et notre critique complète, parues en janvier

 

La marche à suivre

De Jean-François Caissy

Documentaire observant une adolescence tiraillée entre la structure scolaire et la liberté des grands espaces, La marche à suivre pose un regard sur la vie de jeunes gens fréquentant une école secondaire de Carleton-sur-Mer. Pas d’entrevues, pas de narration en voix hors-champ, seulement une caméra qui s’immisce dans le bureau du directeur pour y capter les interventions de l’autorité auprès d’ados s’étant écartés momentanément du droit chemin. En parallèle, le film suit les jeunes à l’extérieur, filmant en plans larges les plaisirs des sports motorisés ou de la baignade aventurière. Un film libre, ouvert à une multiplicité d’interprétations et porté par une photographie soignée qui tend à sublimer et poétiser la jeunesse.

À relire : notre entrevue avec le réalisateur Jean-François Caissy, parue en novembre

 

AUSSI À RELIRE :

Pendant le Festival du Nouveau cinéma, Nicolas Gendron analysait des films sur la jeunesse: Corrections Class d’Ivan I. Tverdovsky, et Bande de filles, de Céline Sciamma