The Girl Next Door : Sexe en déroute

«Quand je me sens excitée sexuellement, je vais travailler; quand j’ai besoin d’affection, j’ai mes chats.» Dur, dur. Ainsi parle Stacy Baker de l’Oklahoma, alias Stacy Valentine, star du porno, dans le documentaire que lui a consacré Christine Fugate, The Girl Next Door. Fugate a passé deux ans à filmer l’actrice. La documentariste s’est effacée le plus possible, appliquée à montrer plutôt qu’à justifier, et, surtout, à ne pas juger. Et les images sont fortes. Stacy ne se ménage pas: diminution des seins, liposuccion, collagène; sans parler de toutes les pénétrations imaginables, peu étalées à l’écran, et de toutes les blessures que cela engendre. La détresse est visible, en contrepoint des sourires et des discours ambitieux de la jeune femme. On assiste à ses réveils comateux après les opérations; à sa déception boudeuse quand elle perd le prix de performeuse de l’année; à l’angoisse de son amoureux, Julian, également acteur porno, qui la regarde en train de gémir devant un autre mâle; à son dégoût d’elle-même quand, aux Hots d’or à Cannes, elle accepte de coucher avec un riche fan, «parce qu’on a besoin d’argent»; à ses discussions avec sa mère, et aux commentaires enjoués de ses parents qui se disent fiers de leur fille, alors que leurs regards trahissent gêne et inquiétude.
Fugate a eu la patience de choisir les meilleurs moments, et la drôlerie de certaines scènes est évidente où la baise dans une piscine glacée fait grimacer la star, où les fumigènes d’une scène érotico-vampirique lui filent une allergie et où elle râle contre un partenaire «non professionnel» qui a fui le tournage, son outil endormi entre les jambes. C’est Irma la douce au pays de Boogie Nights, la gentille fille qui fait face et qui, pour ne pas sombrer, s’accroche à deux principes de base: ne faire confiance à personne et être maîtresse de son destin.

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