Festival international du film sur l’art : Grands crus
Avant de prendre la route des États-Unis et de l’Europe, la sélection du Festival international du film sur l’art (FIFA) fait escale au Musée national des beaux-arts du Québec.
Simon Lambert
Pour son 30e anniversaire, le FIFA, reconnu comme le plus important festival du genre au monde, a rassemblé à Montréal 232 films de 27 pays, autour de tous les arts et de tous les styles. Des films en compétition, 13 ont décroché un prix, constituant de facto la sélection qui nous sera présentée.
Dans !W.A.R. Women Art Revolution (États-Unis, Prix du jury), on trace, par l’intermédiaire d’entrevues avec des pionnières du mouvement féministe en art, que d’aucuns considèrent comme le mouvement artistique le plus significatif de la fin du 20e siècle, le portrait de leurs luttes et revendications, de la naissance du mouvement dans les années 1960 à aujourd’hui.
Avec Opalka. One Life, One OEuvre (Pologne, Grand Prix), on plonge dans l’univers de l’artiste Roman Opalka et de ce qu’on a pu qualifier de décision la plus radicale de l’histoire de l’art contemporain. Pendant 45 ans, le peintre franco-polonais a poursuivi une série de toiles noires où il peignait en blanc la suite des entiers naturels, à commencer par 1. À chaque nouvelle toile, il ajoutait 1% de blanc. Et après chaque séance, il se photographiait en chemise blanche devant son travail, laissant pour la postérité un visage qui s’est ridé et une chevelure qui s’est perdue à mesure qu’elle se confondait avec la toile de plus en plus pâle. À 5 607 249, l’homme a dû s’interrompre.
Voyage au bout de Céline (France, Prix du meilleur essai) nous invite pour sa part à une marche dans les pas de Louis-Ferdinand Céline. Vivement critiqué pour ses positions antisémites, l’écrivain français a néanmoins donné naissance à l’une des oeuvres les plus importantes du 20e siècle. Par-delà une production littéraire qui a mélangé réalité et fiction et, peut-être, dissimulé l’auteur qui en était la source, le documentaire tente de retrouver l’homme.
D’autres portraits sont à l’honneur, dont celui du militant écologiste et double oscarisé Frédéric Back, de l’accordéoniste finnois et iconoclaste Kimmo Pohjonen ou de l’artiste chinois – et récente tête du palmarès des artistes les plus influents du magazine ArtReview – Ai Weiwei. Une sélection qui risque d’étonner et d’ouvrir les horizons.