Field Niggas aux RIDM : Les chants des champs

Le style de réalisation qu’a choisi Khalik Allah pour son premier documentaire est particulier, c’est le moins qu’on puisse dire. Vous n’y trouverez pas de trame narrative, pas de têtes parlantes, pas de reconstitutions. Plutôt que de suivre ces règles pré-établies, le réalisateur a choisi de montrer ce qu’on pourrait presque qualifier d’assemblage de portraits. Équipé d’une petite caméra affublée d’un objectif très lumineux, Khalik Allah a recueilli des témoignages des habitants de la rue, les superposant au montage à des images dramatiquement ralenties, de sorte qu’à aucun moment le son et l’image ne soit synchronisés. Cette asynchronicité constante crée une atmosphère hallucinatoire qui perdure tout le long des 60 minutes que dure Field Niggas.

Plein écran
Un des visages frappants de Field Niggas

Il s’agit donc tout autant d’un exercice artistique que d’un documentaire à proprement parler. À ce défilement incessant de visages émaciés et troublants, le réalisateur superpose parfois des labor songs, ces chants de travail que scandaient les esclaves noirs dans les champs de coton. Il explique cette trame sonore sombre d’une façon très métaphorique. En effet, selon son approche, les sans-abris noirs de Harlem sont les esclaves d’un maître qui se trouve à être la société américaine, alors que les contremaîtres d’esclaves y sont représentés par les membres des forces de l’ordre.

Bien que le traitement un peu particulier ne plaira certainement pas à tous, et qu’il peut rendre difficile d’approche ce premier essai documentaire de Khalil Allah, on a ici affaire à un exercice de style d’envergure. Une oeuvre à voir pour quiconque s’intéresse de près ou de loin à la vie dans la rue.

/// Field Niggas sera présenté dans le cadre des RIDM le 19 novembre à 20h30 à la Salle Fernand-Séguin de la Cinémathèque Québécoise ainsi que le 21 novembre à 16h45 au Cinéma du Parc.

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