Avec un titre pareil, et l’exergue tiré de ce que l’on présume être le Journal d’Anaïs Nin, le roman que l’on annonce promet une confession de jeune fille. C’est un peu ce que l’on retrouve dans ce premier livre d’Isabelle Bergeron, jeune femme née à Sherbrooke, qu’on présente comme aimant beaucoup la littérature, les voyages, le cinéma et la musique.
Ce roman raconte l’apprentissage de l’amour et de la sexualité, qui commence, pour Sophie, à l’âge de sept ans, à travers une expérience avec un homme plus âgé, ce qui est loin d’être politiquement correct.
Le reste ne le sera pas non plus, qui décrit les mille et une aventures de cette passionnée de l’amour et du sexe, des hommes et, pourquoi pas, des femmes, et qui devient masseuse pour exercer ses connaissances (ou pour en acquérir d’autres). «Je ne m’étais pas trompée, je nageais, passionnée, dans ces eaux riches en histoires variées, j’étais témoin de scénarios uniques, à chaque nouvelle personne rencontrée.»
Ce qui aurait pu être un parcours intéressant à suivre, parce que rarement raconté avec la sincérité et le brin de folie nécessaires à l’exhibitionnisme du genre, ne s’avère malheureusement qu’une suite de saynètes, érotiques, soit, mais mal écrites et ô combien répétitives. Ce «Journal» qu’on nous annonçait dans le titre aurait fourni l’occasion à la narratrice de prendre une distance salutaire avec son sujet (elle-même) et ses obsessions. Dommage, car il y a là un imaginaire (les portraits psychologiques des personnages masculins sont évocateurs, bien campés), mais mal exploité. Éd. Lanctôt, 1999, 153 p.