Les Bouquinistes du Saint-Laurent : Livres à la livre
Livres

Les Bouquinistes du Saint-Laurent : Livres à la livre

Ils ont commencé à perpétuer cette tradition de la Ville lumière en 1992, à Montréal. L’année suivante, les Bouquinistes du Saint-Laurent faisaient une halte à Québec, et ils n’ont pas cessé depuis.

Le jour se lève. Le soleil ne semble pas vouloir chérir la terrasse Dufferin aujourd’hui, mais, comme c’est le cas depuis le 22 juillet, une vingtaine d’exposants-bouquinistes secouent de leur inertie les quelque 43 boîtes qui constituent leur site. Un à un, les couvercles se lèvent, tels de lourdes paupières, dévoilant quantité de lectures de tout acabit. Puis, les passants entrent en scène. Des curieux ou des connaisseurs, des jeunes ou des plus vieux. Ça fouille ferme, ça cherche la bonne occasion, ça tombe sur quelque chose d’inespéré ou alors ça change de boîte, en quête d’une autre trouvaille. C’est ainsi que, peu à peu, le site s’anime et exerce sur le public une irrésistible attraction. Nous ne faisons pas exception.

Ruée vers l’art
Livres en solde et livres d’occasion sont visiblement maîtres des lieux et brillent par leur diversité. Des livres-jeux aux beaux livres, en passant par les classiques, chaque visiteur semble y trouver son compte à bas prix.

Peu à peu, on s’acclimate, on distingue le neuf de l’usagé, on isole de la camelote les ouvres intéressantes, on commence à marchander, à poser des questions. On découvre alors que certains exposants sont des maisons d’édition, d’autres des commerçants de la région, d’autres encore proviennent de l’extérieur et sont parfois même, comme Alain Doucet, entièrement itinérants. «Itinérant et virtuel», précise-t-il, puisqu’il ne présente ses livres rares et anciens qu’à certaines occasions, transigeant autrement par Internet, de son domicile à Rimouski. En discutant avec lui, nous en apprenons un peu plus sur le type de livres qu’il chérit: «En Europe, on qualifie de livre ancien ce qui est paru avant 1801, mais ici, le livre a été introduit plus tard, alors, bien qu’il n’y ait pas de définition précise, il s’agit de ce qui est paru avant 1950, mais surtout de ce qui est paru au XIXe siècle.»

Aire libre
Il ne fait nul doute que le principal attrait de l’événement réside dans le fait qu’il se tienne à l’extérieur, ce qui instaure une dynamique peu commune entre public, livres et exposants. «Nous allons vers le public plutôt que de l’attendre de façon passive», explique René Forget de la Librairie Icitte. «Il s’engage toujours des discussions agréables, très décontractées», poursuit sa collègue, Nathalie Piley. C’est convivial, même que c’est plus agréable pour nous de travailler comme ça, à l’extérieur: on a plus de plaisir.»

On admire des livres rares et anciens, surtout quand ils sont gages de notre histoire, mais aussi d’autres objets dont on ne suspectait pas l’existence en ces lieux, comme ces vieilles pièces de monnaie que René nous fait découvrir, datant du Régime français. «Il y a beaucoup de pièces qui sont de moins de 10 dollars, explique Nathalie, ça permet donc aux gens de se familiariser avec ce marché-là. On joint aussi un petit historique pour chaque pièce, ce qui permet aux gens de découvrir leur histoire; c’est un peu comme de l’éducation populaire.»

Vieil et nouvel âge
Bien qu’à l’affût des vieilleries dignes d’intérêt, Les Bouquinistes obéissent aussi aux nouvelles tendances, notamment dans les domaines du spirituel et du mysticisme. Aussi nous offre-t-on une panoplie de papiers pré-écrits sur notre personnalité, provenant sans doute d’un ordinateur branché sur le réseau céleste, l’intégrale des ouvres du penseur Omraam Mikhaël Aïvanhov, qui s’avère être l’unique auteur, à quelques livres près, des éditions Prosveta et, enfin, les ouvres d’un autre mythique penseur dont le cheminement complexe est digne d’un film hollywoodien: Abd-ru-shin, alias Oskar Ernst Bernhardt.

Avec un peu de curiosité et de patience, donc, vous trouverez certainement le livre qui vous obligera, comme dirait Mircea Eliade, à perdre votre temps intelligemment.y

Jusqu’au 8 août
Sur la Terrasse Dufferin
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