Zéro-Zéro : Le secret est dans la cause
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Zéro-Zéro : Le secret est dans la cause

L’auteur de L’Interview avec Dieu (1997) n’a pas fini de nous étonner. Avec Zéro-Zéro, François Harvey signe un roman déconcertant, qui pourtant s’articule autour d’un fait notoire: les puissants de ce monde sont prêts à tout pour contrôler certaines informations.

Présenté comme le récit biographique d’un journaliste montréalais, Zéro-Zéro commence vraiment quand le narrateur est contacté par 0-0, un mystérieux agent qui lui révèle un lourd secret: selon des astronomes, un astéroïde pourrait heurter la planète, en 2028, près de Seattle. Si on l’a mis au parfum, c’est qu’on lui fait confiance pour divulguer discrètement l’information, dont certains feraient tout pour qu’elle demeure confidentielle. Pour cause: les conséquences pourraient être désastreuses pour l’économie américaine…

Malgré son potentiel de roman d’espionnage, Zéro-Zéro raconte beaucoup moins l’histoire de ce complot que celle du narrateur, qui décrit le cauchemar qu’est devenue sa vie. En effet, depuis qu’il détient le gigantesque scoop, il est tantôt roué de coups par des policiers louches, tantôt victime de maladies rares, tandis que sa famille se fait harceler par de ténébreux personnages. Le complot aurait-il des ramifications jusque dans son voisinage? «Et si j’étais le Truman Show d’une équipe de tortionnaires?» s’interroge-t-il.

François Harvey a voulu dépeindre la paranoïa naissante d’un protagoniste dépassé par les événements. Son projet, sans conteste plus intéressant sur le plan littéraire, fait toutefois la force et la limite de ce roman difficile à cataloguer. Ici, le danger était de diluer l’intrigue initiale, très efficace, dans un roman psychologique trop dense. À mi-chemin, on a d’ailleurs l’impression de s’égarer longtemps dans les allées des urgences et des hôpitaux psychiatriques, où le journaliste se fait soigner par de curieux médecins.

Heureusement pour lui et pour nous, Harvey retombe sur ses pieds. La conclusion, par sa cohérence, réconcilie les deux facettes du livre et nous laisse fort songeurs quant à la manière dont seraient traitées – ou sont traitées, qui sait? – des informations cruciales pour le genre humain.

Zéro-Zéro,
de François Harvey
Éditions Triptyque,
1999, 175 pages