Hymne à l’hymen : Emmanuel Aquin
Un nouveau titre s’ajoute à la collection Point G de la coquine maison Point de Fuite, fondée l’an dernier. Sous sa rose couverture, L’Hymne à l’hymen suggère de nouvelles escapades érotiques, où règnent l’humour et la bonne humeur.
Tristan Malavoy-Racine
Un nouveau titre s’ajoute à la collection Point G de la coquine maison Point de Fuite, fondée l’an dernier. Sous sa rose couverture, L’Hymne à l’hymen suggère de nouvelles escapades érotiques, où règnent l’humour et la bonne humeur. Emmanuel Aquin, auteur et fondateur de Point de Fuite, persiste dans cette amusante aventure qui ressemble, pour lui, à une récréation littéraire – on se souvient de ses écrits infiniment moins légers, dont Incarnations (1990) et Désincarnations (1991).
Ce nouveau "livre dont vous êtes l’éros" – eh oui!, libre à vous de mener l’action à votre guise – met en vedette l’agent Pierre Duremanche, que vous incarnez. Soit dit d’entrée de jeu, vous n’êtes ni très futé ni très subtil, mais la nature vous a doté de qualités phalliques hors norme, un atout de taille dans votre domaine. "Dorénavant, lorsqu’une espionne se penche pour fouiller dans les tiroirs du gouvernement, ou qu’une diplomate étrangère oublie de croiser les jambes, l’État peut compter sur Pierre Duremanche pour régler la situation."
Votre mission est simple: sauver l’honneur de la fille du ministre de l’Intérieur, votre patron direct, une jeune vierge recrutée par les Raouliens, secte d’illuminés qui passent la journée à s’envoyer en l’air et à préparer la venue sur Terre des extraterrestres – est-il besoin de relever l’allusion? De fil en aiguille, et surtout de partouzes en opérations de charme, vous remplirez votre rôle, sur un parcours dont les embûches principales seront des amantes particulièrement exigeantes.
Bien sûr, ce livre est macho, sexiste au possible, des dizaines de donzelles se trémoussant autour du Gros Pierre – c’est ainsi que vous avez nommé votre appendice -, attendant impatiemment leur tour. Si cette histoire n’était pas qu’une folichonne parodie des James Bond et compagnie autant que de la porno kitsch, on pourrait taxer son auteur de tous les maux masculins (les femmes n’ont décidément pas le beau rôle, ici). Mais Aquin, bien sûr, fait dans la caricature et la dérision. Son héros est un gros bêta et son histoire, tirée par les cheveux. Par ailleurs, on appréciera le souci pédagogique de l’auteur, l’agent Duremanche ne négligeant jamais d’enfiler son préservatif.
L’Hymne à l’hymen fait frémir et rigoler: son objectif est atteint. Espérons seulement qu’entre deux badineries libertines, Emmanuel Aquin nous donnera bientôt à lire un livre à la mesure de ses capacités littéraires. Éd. Point de Fuite, 2000, 264 p.