Marché francophone de la poésie : Contagion poétique

Si le Marché francophone de la poésie de Montréal semble, aux premiers abords, calqué modestement mais efficacement sur celui de Paris, il propose néanmoins une formule plus poussée que le célèbre marché français. Grâce à ses conférences, ses ateliers et ses visites guidées, celui de Montréal arrive à se démarquer et à proposer au public comme aux artisans du livre l’occasion rêvée d’échanger avec les professionnels et fidèles du genre, autour de problématiques liées à l’édition, à la diffusion, à l’exportation, à la traduction, à l’écriture, et surtout, de causer de cette passion qu’est la lecture du poème. Car la poésie se retrouve aussi dans les livres et dans les revues qui sont au rendez-vous, bien disponibles sur les tables de ventes de la cinquantaine d’éditeurs présents (québécois et étrangers). Ici, on ne fait pas que parler de poésie, on peut feuilleter ces livres qui ne demeurent jamais assez longtemps en librairie. On peut faire notre choix en connaissance de cause. Et pour l’amateur étourdi devant tant de propositions, on notera les lectures des poètes et les débats, juste à côté des tables de livres, où l’on peut entendre en errant sous le chapiteau cette voix qui nous charme, cette direction qui nous stimule.

Parce qu’il est situé devant la sortie du métro Mont-Royal, qu’il est vraiment ouvert à tous, le Marché reçoit près de 5 000 visiteurs chaque année, intéressant des spécialistes comme les simples curieux ou les enfants. La formule est très conviviale. Mais le Marché ne se confine pas sous le chapiteau car des activités sont prévues dans différents lieux du quartier, dont la Maison de la culture Plateau-Mont-Royal qui accueillera, entre autres, le colloque intitulé Politique du poème, La parole tenue. Animé par le philosophe Georges Leroux, le débat de ce jeudi matin 27 mai regroupera des invités de marque comme Martine Broda (France), Paul Chamberland (Québec), Christian Doumet (France), Pierre Ouellet (Québec) et Michel van Schendel (Québec). Les interventions, présentées gratuitement comme la plupart des activités, sont suivies d’une période de questions.

Sous une note plus festive, sinon plus rock and roll, le Marché, en collaboration avec les Éditions Poètes de brousse, présente le vendredi soir, 22 h, au bar Le Quai des brumes, une soirée de poésie soutenue par le groupe de musique actuelle Mutante Thérèse. On pourra y entendre Jean-François Poupart, Tony Tremblay, Tania Langlais, mais aussi Éric Brogniet et Karel Logist de Belgique, et Laurent Marielle-Trehoüart de France.

Samedi, une table ronde animée par Marie-Andrée Lamontagne, autour des jeunes éditeurs et revuistes. Un moment pour faire le point, entre autres, sur les besoins de l’édition actuelle. Parmi les invités, Jean-Simon Desrochers, lauréat du prix Émile-Nelligan 2004 et directeur de la revue Dialogis. Suivront les lectures des poètes du Noroît, où sera présent Yves Gosselin (lauréat du prix Terrasses-Saint-Sulpice de la revue Estuaire) et les lectures de poètes québécois publiés chez l’éditeur français, le Castor Astral. Après les poèmes d’André Roy et de Nicole Brossard, suivra un entretien avec le poète et directeur de cette maison, Jean-Yves Reuzeau. L’éditeur, au parcours singulier, s’est toujours intéressé à la poésie québécoise et américaine.

Le Marché a aussi son prix, appelé le Prix du Poète, qui fut remis par le passé à Denise Boucher et à Roland Giguère. Ce prix, décerné par vote populaire, comporte une bourse de 1000 $ pour le poète gagnant ainsi qu’un bon d’achat de 150 $ pour l’achat de livres, qui sera remis par tirage au sort à un votant. Cette année, les finalistes sont: Michel Garneau, Michèle Lalonde et Pierre Morency. Le dévoilement se fera le dimanche à 16 h, après les lectures à l’horaire.

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