Fils de juifs russes émigrés alors qu’il était lui-même enfant, Evgeni délaisse sa passion pour la musique au profit d’une carrière dans l’informatique, mais n’oubliant jamais son amour premier, qui continue à l’habiter. Poussé par divers mentors (un oncle russe, son patron roumain, un autochtone), il vise cet équilibre existentiel que symbolise sa quête d’un «Nord magnétique», passant d’un ghetto multiculturel montréalais à une Abitibi évoquant la Sibérie originelle. Yves Vaillancourt signe ici un intrigant roman initiatique, consacré à une recherche spirituelle de sens qu’on aimerait saisir. À l’image du héros-narrateur dont l’humeur est strictement régulée par les médicaments, l’écriture (belle, mais qu’on aimerait voir se délier davantage) apparaît d’une justesse un peu forcée, repliée sur elle-même, frôlant la préciosité dans ses analyses de l’art et de l’âme, privant le lecteur du plaisir d’accéder à l’essentiel. Éd. Québec Amérique, 2009, 184 p.