Ariane Moffatt : Les saisons d’Ariane

C’est par un matin de fin d’été qu’Ariane Moffatt répond gaiement au téléphone avisant que, se trouvant dans une clinique médicale, elle pouvait interrompre l’entrevue à tout moment si elle était appelée. On a compris plus tard qu’elle s’envolait pour une tournée "promo" en France le lendemain et que l’enflure à son orteil – due, semblerait-il, à des piqûres d’épines d’oursins faites au Venezuela – aurait quelque peu assombri son séjour dans la Ville Lumière… Heureusement, bien qu’interrompues à quelques reprises par les noms scandés à l’interphone, nous avons joui du temps nécessaire pour faire le point avant sa "rentrée officielle". Parce qu’Ariane n’a fait vivre sur scène son second album, Le Coeur dans la tête, qu’à une dizaine de reprises au printemps et s’apprête maintenant à entamer sa réelle tournée du Québec. "Ça fait longtemps que j’ai pas eu un sentiment comme ça: que l’été c’est fait pour jouer et que là, je suis comme à la rentrée. Parce que depuis le 12 juillet, je n’ai rien eu de professionnel!" Effectivement, à part quelques arrêts obligatoires aux Saint-Jean, fête du Canada, Francos et Festival de jazz de Montréal, Ariane Moffatt a pu réellement goûter à son été. "J’ai été deux mois à l’extérieur de chez nous au printemps, alors c’était important de me "regrounder" dans mon habitat naturel. J’étais donc en campagne avec des amis. J’ai fait une tournée de chalets, je dirais!" lance-t-elle avec son rire habituel.

La sortie de cette seconde galette correspondait justement à un certain recentrement sur elle-même, elle qui, de son propre aveu, accordait un peu trop d’importance à sa carrière. "J’ai l’impression que ce que je vais faire dorénavant va être assez différent dans les textes, dans le ton… Je l’ai laissé partir [le deuxième album] et je pense qu’il vit bien. Il a été un petit peu plus loin que moi, je dirais. C’est pas un enfant mal aimé, là, quand même, mais je lui ai certainement laissé plus d’espace", illustre-t-elle.

Après avoir ainsi "flirté" avec les Français à quelques reprises, Ariane reprend encore l’avion en novembre pour une tournée de 12 dates où elle se promène d’une salle à une autre, accompagnée des musiciens de Plaster, et faisant entre autres une première partie d’Arthur H. "J’aime bien l’aborder comme un flirt, oui, le mot est bien choisi, parce qu’au Québec, on met beaucoup d’emphase là-dessus; aussitôt qu’un artiste est présent là-bas, il a déjà conquis la France, alors que c’est tellement un développement à long terme. J’ai une belle tournée de "bookée" en novembre, mais il n’est pas question d’un hit pour moi en France actuellement."

Ariane, qui lançait il y a quelques jours son troisième single, la reprise de la chanson de Daniel Bélanger Imparfait, qualifie ce titre de réelle "leçon d’écriture en soi", mais aussi de "pièce d’automne". "Je me rends compte aujourd’hui que ce qui m’attire beaucoup dans les chansons, avant même les textes, ce sont les climats qui sont générés. Oui, une toune, ça a une couleur, une saison, une personnalité… Et nécessairement, je pense aussi aux éléments. Si Aquanaute était dans l’eau, le deuxième album, je le vois vraiment terre, plus ground. Et je trouve que ça tombe bien que mon show commence à l’automne parce que la tonalité principale de l’album est mélancolique, le contenu des textes est plus triste, mais l’enrobage en show "groove" pas mal, ramène une espèce de légèreté puis de fraîcheur", expose celle qui a construit un spectacle sans entracte dont l’intensité monte en crescendo.

Et elle conclut sur cette note: "J’aimerais bien garder un feeling de vacances. C’est un métier où on est dans la totale liberté alors j’aimerais ça garder ce côté relax que j’avais cet été, puis m’amuser avec mes amis!" (rires)

Le 23 septembre à 20h
Avec Monica Freire en première partie
À la salle Odyssée
Voir calendrier Rock/Pop