Chad VanGaalen : Papa a raison

Pour bien des musiciens, l’arrivée des enfants rime avec la fin de la créativité, la perte d’un certain appétit. Pas pour Chad VanGaalen. C’est à 34 ans, alors qu’il est père de deux enfants, qu’il signe son meilleur album en carrière: le noir, psychédélique et incandescent Diaper Island, paru en mai. Depuis son domicile de Calgary, l’auteur-compositeur, réalisateur et artiste visuel rejette l’idée que l’âge et sa situation aient pu l’adoucir. "Des petits pains rock de trois minutes… Comment ne pas être excité par ça?"

Si ça se trouve, son horaire chargé ne fait que contribuer à l’urgence de son récent matériel. "Mon temps est compté. Ça me force à aborder la musique en soldat, à être un survivant! Quand les enfants sont couchés, je me dis: "OK, j’ai deux heures devant moi, ça me laisse le temps de composer et d’enregistrer une chanson, allons-y, pas le temps de farfouiller!""

Deux heures pour pondre ET coucher un morceau, vraiment? "Ça ne change rien au fait que 90% du matériel que j’enregistre est de la bullshit… Je dois quand même pondre neuf morceaux pour arriver à un seul qui soit digne de figurer sur un album. Mais j’ai mon propre studio jouxtant ma maison, maintenant; ça me permet d’être plus efficace. Tout y est déjà réglé, calibré, branché et plaqué de microphones; j’ai juste à m’asseoir et à jouer."

L’autre facteur décisif ayant sculpté le son de Diaper Island, c’est le travail préalable de VanGaalen comme réalisateur des deux albums du défunt combo rock Women. Les similarités avec le dernier album du groupe, Public Strain, s’entendent dès les premières notes. "Je n’avais pour ainsi dire pas le choix! Tout l’équipement de mon studio était encore calibré à leur mesure: les mêmes sons d’amplis, les mêmes effets…" Une proximité qui permettrait incidemment à l’artiste de citer les groupes qui l’ont influencé à l’adolescence, tant sur le plan musical que visuel: Nirvana époque Bleach, Sebadoh, Sonic Youth…

Le titre Diaper Island n’est cependant pas une référence à sa vie de papa, mais bien le reflet d’un souci environnemental. "J’hésitais entre Garbage Island et Diaper Island; j’ai opté pour le second parce qu’il est encore plus dégueulasse. Ça fait référence à cette façon qu’on a de passer nos déchets à quelqu’un d’autre en exigeant ne plus jamais les revoir. Mais ils sont là! Ils flottent quelque part et ça infiltre l’écosystème. On ne devrait pas avoir le droit."

À voir si vous aimez /
Broken Social Scene, Wolf Parade, Dinosaur Jr., Sonic Youth