EM15, suite et fin: Ricardo deux fois plutôt qu’une et l’expérience Nicolas Jaar
Marie Mello
Oui, il y avait beaucoup de techno à EM15 cette année, tant au Musée d’art contemporain qu’au Métropolis, sans oublier l’Esplanade de la Place des arts, qui offrait des shows gratuits en début de soirée. Un techno souvent froid, minimal et pas toujours super dansant. Mais durant la deuxième moitié de l’événement, les choix étaient assez abondants pour que tous les amateurs de musiques électroniques puissent y trouver leur compte. Même les plus hédonistes.
Un week-end éclectique
Vendredi, un triplé expérimental à dominante bass music était présenté au MAC – The Durian Brothers, Archie Pelago et Heatsick –, pendant que les fidèles du techno se trouvaient plutôt au Métropolis pour Voices from the Lake, Audion et Max Cooper. Le lendemain, après une halte techno guidée par le producteur grec Fluxion (sa première visite en sol canadien), pendant laquelle même le directeur de Mutek, Alain Mongeau, s’est laissé aller à quelques pas de danse, le programme a bifurqué vers des contrées bien plus denses et obscures. Après le concert «au-delà du dubstep» de Pinch, Lee Bannon a offert un set bien énergique, quoique peu original et assez décousu. Il y avait toutefois de quoi satisfaire les nostalgiques du drum’n’bass 90, peu nombreux, mais allègres sur la piste de danse. Voilà ce qui se passait en fin de soirée samedi, dans un MAC un peu dégarni, pendant que la plupart des festivaliers se trouvaient au Métropolis devant Ricardo Villalobos jusqu’à… 6 h du matin.
À ceux ayant manqué Villalobos la veille (car les autres n’auraient jamais pu se lever à temps), le Piknic Électronik spécial Mutek offrait une seconde chance: en tant qu’«invité mystère», il a inauguré ce très chaud dimanche après-midi et attiré une foule de taille inhabituelle à la petite scène. Le célèbre DJ était suivi de Pinch, second coup de cœur des programmateurs du festival, avec un set plus léger, voire tropical, complètement différent de ce qu’il avait présenté au musée samedi. Rarement avons-nous vu autant de personnes sur le site du Piknic, qui semblait presque plein, surtout à la grande scène en fin de journée, avec le DJ italien Donato Dozzy.
… et la grande finale
Pour enchaîner directement après le Piknic, et peut-être laisser retomber un peu la poussière (le repos est rare comme le gazon au parc Jean-Drapeau cette année), EM15 dévoilait, à guichets fermés, un concert intime de Nicolas Jaar. Et là, rien de comparable avec sa dernière performance à Mutek en 2012. Au lieu d’être sur la scène du Métropolis, c’était plutôt au centre d’une poignée de chanceux que Jaar se produisait cette fois, au musée, dans le cadre de son projet expérimental «From Scratch» présenté pour la première fois au MoMa en 2012. Tour à tour, et pendant près de 5h, les invités choisis par l’artiste chilien-américain se sont succédés à ses côtés, l’idée étant de créer un laboratoire ouvert et en constante métamorphose. Lors de notre passage, il officiait en douceur avec l’ingénieur de son Vance Galloway de Seattle, pendant qu’une danseuse ondulait étrangement au fond de la pièce. La formule scénique permettait au public de se tenir au plus près de Jarr et de ses invités, pour voir et comprendre leur processus créatif de A à Z. Une excellente idée pour les curieux.
Pour les autres, il y avait aussi The Mole dans le sous-sol du musée, une second choix qui laissait place à l’improvisation. L’ambiance était à la fête et il s’en dégageait l’impression d’un jam dominical entre amis, bordé par des visuels spectaculaires de TIND. Ceux qui survivent jusqu’au dernier soir de Mutek sont toujours bien récompensés, m’a-t-on dit… Il faudra donc qu’on me raconte à quoi a ressemblé la performance de Guillaume & The Coutu-Dumonts, le tout dernier artiste programmé cette année (dimanche à 1h15), car honnêtement, j’ai échoué à tenir le coup. Bon anniversaire Mutek, et à l’an prochain!
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