Le Mois Multi : Les bricoleurs

En dix ans, le Théâtre La Chapelle est devenu un incontournable pour les amateurs de productions expérimentales. Pour célébrer la première décennie d’activités de ce théâtre où l’on présente autant des créations théâtrales que des prestations musicales, de la danse, des performances et des installations, Richard Simas a imaginé un événement à l’image de l’endroit dont il assure la direction artistique: la première édition du Mois Multi, un rendez-vous des arts multidisciplinaires.

«Il y a des artistes matures dont il faut faire connaître le travail, souligne-t-il. Le Mois Multi permet d’attirer l’attention vers des créations inclassables, d’attirer le regard sur un travail différent et souvent mal diffusé. Et ce, même si nous savons bien que l’art multidisciplinaire n’est pas nouveau…» À ce désir de promouvoir les arts hybrides s’est ajouté celui de collaborer avec les Productions Recto-Verso, de Québec, qui se consacrent aussi à la diffusion de la création contemporaine.

Cinq shows «multi» prendront l’affiche du Théâtre La Chapelle en février. Avec Les Portraits de la Renarde ou l’art de fabriquer un vrai mensonge (dont une première version a été présentée en juin 1997 et une autre, en mars 1998), la comédienne-marionnettiste Marcelle Hudon se sert du thriller comme d’un tremplin pour nous propulser dans un univers ludique. Avec un cameraman, un musicien et un bruiteur, et à l’aide de figurines, de jeux d’ombres et d’accessoires divers, elle produit des effets inattendus et poétiques. Un suspense théâtral méticuleux.

Conçu par le Sound Image Theatre, de Toronto, Triptych met en scène des marionnettes de taille humaine évoquant in English de mystérieux souvenirs. «Danse polyrythmée menée par un orchestre d’automates» conçue et interprétée par Maxime De La Rochefoucauld, Automates KI se veut, pour sa part, un rite musical auquel le spectateur est invité à se joindre. Fascinée par le quotidien, Manon Labrecque offre Tics tacs pour un corps en chute (Pis c’pas les chutes du Niagara) et Carte blanche – bandes vidéo, deux performances où elle trafique avec humour des objets d’apparence banale. Enfin, Le mystère du bois blanc – Chapitre 1 (de Geneviève Letarte) et Lenz (de Stephen O’Connel) se veulent deux works-in-progress où «mots, gestes, sons et images se réunissent». Pour clore le tout, un colloque consacré à l’interdisciplinarité est prévu à l’université Concordia.

N’ayant pas les moyens de présenter à Montréal l’installation vidéo-informatique Lumens, montée au Complexe Méduse de Québec, Richard Simas a eu la brillante idée… d’y transporter le public! Avec, à son bord, le groupe Interférences Sardines, qui se produira notamment lors d’un arrêt au chic resto Madrid, ce voyage en autobus – 20 dollars, tout compris – risque de se transformer en happening! Le 5 février.

Parmi les autres spectacles présentés au Complexe Méduse, mentionnons En français comme en anglais, it’s easy to criticize de Jacob Wren, un joyeux foutoir bilingue qui a roulé sa bosse sur plusieurs scènes du Canada et de l’Europe depuis sa création en 1998.

Si un volet plus «virtuel» est offert à Québec avec, entre autres, la performance d’art électronique La Mue de l’ange d’Isabelle Choinière, les productions présentées ici tiennent plus de l’oeuvre artisanale que de l’exploit technologique. Le Mois Multi ne transformera pas le Théâtre La Chapelle en Média Lounge! Selon Richard Simas, les spectacles à l’affiche se veulent des expériences artistiques ingénieuses, mais résolument low-tech. «Ce sont des bricolages…»

Jusqu’au 27 février
Au Théâtre La Chapelle (Montréal) et au Complexe Méduse (Québec)
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