Les Zurbains : Ils zont de retour

Hors de Montréal, point de salut? Cette année, Les Zurbains prouvent le contraire à ceux qui en doutaient encore. Des six contes mis en scène par le codirecteur du Théâtre Le Clou, Benoît Vermeulen, deux sont issus de la plume d’auteurs professionnels et quatre de celle d’ados, dont un seulement habite la ville de Pierre Bourque! Pour cette quatrième édition, un stage d’écriture a été organisé à Québec et en France, après qu’une première sélection eut été faite parmi les 100 manuscrits reçus.

La soirée débute par Chat du Cheshire, de Lorraine Côté, comédienne, auteure et metteure en scène de Québec. Alice s’éprend de Sean, un voisin dont le sourire rappelle celui du chat de Lewis Carroll. La jeune fille (Sophie Vajda, perchée sur le gros cube qui occupe la scène) aime la vie et raffole des hauteurs, mais son meilleur copain, lui, n’a pas l’impression de vivre au pays des merveilles. Seuls les sourires qu’Alice fait naître sur ses lèvres lui permettent de s’accrocher à la vie. Un soir de spleen, Sean disparaît. La morale (un peu convenue) de l’histoire: chaque être humain est responsable de son bonheur…

Le Temps d’une cigarette, d’Élaine Martin, n’a rien d’un conte de fées. Johnny (Alexandre Frenette) est un junkie au coeur tendre. Un bon gars, qui ne peut supporter de voir ses copains abuser de Sophie, une prostituée. Témoin d’une raclée que lui inflige son "pimp", il enlève Sophie et la cache en lieu sûr. Suit un conte extrêmement bien écrit (et bien joué): L’Ébauche de la folie, de Christina Paradis. C’est avec un humour décapant que l’auteure raconte la déchéance (ou la libération?) d’un jeune gai vendeur d’assurances. David Savard interprète avec aplomb ce révolté qui en a marre de tout. Un beau moment.

Les rires continuent de fuser durant Moummouth!, de Monique Gosselin, codirectrice artistique du Clou. Isabelle Drainville offre une excellente performance en snobinarde candidate au poste de présidente de classe, défaite par une compagne aux manières peu raffinées. Le bal de "graduation" de Miss Parfaite tournera au cauchemar… Autre moment fort de la soirée: Une pêche miraculeuse, de Jean-François Pichette. Comment un homme de 57 ans, qui a perdu son travail, regagnera-t-il l’estime de ses proches? En remportant un concours de pêche! Jean-François Boudreau raconte avec verve cette rocambolesque expédition.

Le spectacle se termine avec Comme d’hab…, un conte écrit par le Français Laurent Arensma et dit par Jean-François Harrisson. Si quelques expressions des banlieues nous échappent, il n’est pas difficile de comprendre la terreur d’un jeune délinquant à la peau sombre face aux policiers xénophobes qui le poursuivent dans le métro. Une course haletante, qui termine en force la cuvée 2001 des Zurbains.

Jusqu’au 30 mai
Salle Fred-Barry
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