Madame de Maintenon est bien connue en France, où elle a inspiré de nombreux romans, notamment L’allée du roi, de Françoise Chandernagor. Au Québec toutefois, on la connaît peu. On sait donc gré à Lorraine Pintal de nous faire découvrir une femme au destin extraordinaire et inspirant.

Née en prison en 1635, mariée à 16 ans à un homme paralysé de 25 ans son aîné, elle deviendra la gouvernante des enfants illégitimes de Louis XIV et de madame de Montespan, puis la maîtresse du Roi-Soleil, qui l’épousera secrètement en 1683 (d’où le titre de la pièce). On lui prête une grande influence sur le roi, qu’elle incita notamment à fonder une maison d’éducation pour jeunes filles nobles et désargentées, Saint-Cyr.

Sur une scène dépouillée, surplombée par un miroir incliné qui évoque l’importance des apparences à la cour de Versailles, d’étranges instruments de musique intégrés à des sculptures lumineuses sont déclenchés par les mouvements de la comédienne. Appelés Synchoros, ils donnent une dimension poétique à l’interprétation et sont un des points forts du spectacle.

Le jeu maniéré de Pintal évoque les intermèdes dansés orchestrés par Lully lors des représentations théâtrales devant Louis XIV. Malheureusement, les gestes et déplacements, trop nombreux, parasitent notre écoute, de même que les effets de voix systématiques (voyelles allongées, fins de phrases montant dans les aigus). Il reste que le texte, non dénué d’humour, est fort bien construit, et d’autant plus intéressant qu’il dépasse le personnage historique pour mettre en évidence l’intelligence et l’ambition d’une femme de tête, à une époque où seul l’homme avait droit à la parole.