BloguesDenis McCready

Tuer le Québec, un projet à la fois

Depuis plusieurs années, j’observe comment des pays sont attaqués de l’intérieur par des banquiers et des compagnies privées transnationales, mis en esclavage via un endettement phénoménal et un pillage de leurs ressources naturelles, financières et humaines et ensuite vendus à la pièce à des rapaces étrangers.

Le Québec n’est pas exempt de pareilles tentatives. Je n’ai aucune preuve de ce que j’avance, pas de courriels coupables, pas d’enregistrement clandestin, pas de « smoking gun » : j’observe les résultats des actions de différents dirigeants, des élus, des chefs d’entreprises, de grandes compagnies et de leur conseils d’administration. Je remarque une nette tendance et ça me fait craindre le pire. Je pourrais me tromper, mais depuis des années le Québec saigne de l’argent de toute part. Nous sommes un coin de pays riche de ressources naturelles et humaines.

Le site L’indignation en chiffres et en aberrations documente beaucoup de ces dérapages financiers qui privent le Québec de ressources et d’argent. Et quand de grandes sommes sont dépensées en vain, elles ne se volatilisent pas, elles sont simplement déplacées des coffres du gouvernement vers les coffres des compagnies privées (parfois en dehors du Québec), et les ressources qui ont été prélevées dans le territoire sont exportées ailleurs. Perte d’argent, perte de ressources. Ça crée de l’emploi, certes, mais à quel prix?

Le documentaire que j’ai produit, « Chercher le courant » de Nicolas Boisclair et Alexis de Gheldere avec Roy Dupuis, révélait que la Romaine ne serait pas rentable et que les contribuables québécois paieraient de leur poche pour ce manque à gagner.

Avec la Commission Charbonneau en cours, il faudra rester vigilant et voir jusqu’où elle se rendra. Certains observateurs craignent – à raison – que la Commission soit gardée loin du pouvoir provincial, devenant un exercice de relations publiques sans conséquence. Une démission récente devrait nous préoccuper : L’ex-numéro 2 de l’escouade Marteau passe au privé. M. Martin sera probablement heureux dans son nouveau poste, mais je trouve dérangeant ce genre de nominations quand on sait que c’est une approche classique pour garder silencieux les gens bien informés.

La commission parlementaire sur le déclassement de la centrale nucléaire Gentilly-2 apporte un peu plus de précision aux actions de ce fossoyeur qu’est Thierry Vandal, actuel PDG d’Hydro-Québec. Prenez le temps de lire tous les articles affichés dans le bas de la page : Gentilly-2: le PLQ savait que le projet de réfection était injustifié.

Rappelons qu’Hydro-Québec est la seule société d’État qui n’est pas soumise au Vérificateur général du Québec. Il faut donc que la Commission Charbonneau se penche sur les activités d’Hydro-Québec. J’ai publié beaucoup de courts textes sur Facebook dans les dernières années, et quelques-uns sur ce blogue :

Collusion à Hydro-Québec? Les anciens employés doivent parler.

Il faut arrêter le projet Romaine.

L’improvisation : un symptôme inquiétant

La panique et ses symptômes.

Le prestidigitateur

Les Québec des perdants (voir la 2e partie du texte surtout)

Il ne faut pas interroger les intentions du gouvernement du Québec, mais simplement observer le résultat de ses actions et, à partir des conséquences de leurs actions, déduire leurs réelles intentions.

Monsieur Vandal n’a pas été remercié comme il serait normal en pareille circonstance. Il faut croire que les forces en présence penchent pour le maintenir en place, plutôt que de le remplacer. Ça révèle deux choses :

Soit M. Vandal est la personne que Mme Marois et Mme Ouellet veulent garder en place, avec les conséquences que l’on observe.

Soit M. Vandal est le « protégé » de gens qui ont une grande influence sur le pouvoir provincial, rendant un peu caduque la notion de partis politiques puisque le résultat sera le même, qu’il s’agisse d’un gouvernement mené par le PQ ou le PLQ.

Mes observations tendent à suggérer que cette tendance à saigner le Québec de son argent et de ses ressources a commencé sous Lucien Bouchard, grand architecte de la dénationalisation de l’électricité – un geste antidémocratique*. Cette tendance s’est perpétuée chez Bernard Landry et Jean Charest a repris où ces deux hommes ont laissé. L’endettement massif, la servilité envers les institutions financières et spéculatives, l’incapacité de réglementer et de taxer les marchés financiers, une série de décisions qui forment une tendance claire, de mauvaises décisions, qui ont pour conséquence de faire saigner de l’argent au Québec.

À moins de surtaxer les contribuables – c’est déjà commencé… – nos ressources naturelles sont notre seul moyen de renflouer les finances publiques : le bien commun de tous les QuébécoisES est convoité par la Chine, par d’autres pays étrangers ou cédé à des compagnies privées pour des redevances gardées secrètes ou à rabais (mines et gaz de schistes via le processus de claims miniers). C’est sans compter la perte de souveraineté économique qui menace le Québec avec les accords de libre-échange que le Canada négocie présentement avec la Chine. Voir ici le premier d’une série d’articles publiés dans ce blogue : Tout est sur la table.

L’ex-ministre de l’environnement Daniel Breton a dénoncé la dépossession du Québec (voir l’article de J.-C. Pomerleau : La trahison de Jean Charest ). Il y a un crime en cours contre le Québec. Les coupables commencent à émerger, mais ils sont aussi aidé par des gens qui laissent faire le crime, par leurs actions ou par leurs omissions. On les appelle des complices.

Il n’y a pas trente-six solutions contre ces criminels et leurs complices : La prison pour les banquiers (Léo-Paul Lauzon)

M. Lisée a utilisé le mot « crapules » récemment, un bon choix de mot.

Rappelons-nous la mise en garde de M. Duchesneau à l’automne 2011 : des compagnies privées, des gens du crime organisé et des fonctionnaires sont en collusion pour piller les coffres de l’État. Nous pouvons laisser faire le crime et les laisser tuer le Québec, un projet mal géré à la fois, ou nous pouvons prendre notre place comme citoyen, reprendre le pouvoir et protéger l’avenir de notre population.

Comment? J’ai ma petite idée et j’y reviendrai sur ce blogue. Ça s’intitulera « Sauver le Québec, un citoyen à la fois ».

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* : Le plus récent exemple obscène de cette dénationalisation de l’électricité est la construction par Énergie de France (EDF) d’un grand parc éolien en zone habitée : Québec autorise dans Charlevoix le plus grand parc éolien au Canada. Le vote de 1962 pour la nationalisation n’aurait pas du être renversé par l’Assemblée nationale, mais soumis à un référendum provincial. Lucien Bouchard a pourtant agit de la sorte en dérèglementant la production d’électricité en 2000, ce qui est de facto une dénationalisation, un geste antidémocratique renversant une décision populaire, une forme de trahison pour lequel il n’a jamais eu à rendre de compte.

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La suite ici : Sauver le Québec, un citoyen à la fois

Mises à jour 3 février

AUTRE LECTURE RÉCENTE : Les libéraux savaient

SUR LA MIGRATION DES ANCIENS FONCTIONNAIRES VERS LE PRIVÉ : Le blogue de Josée Legault : Les portes tournantes

AJOUT 12 février 2013 : Les surplus en énergie coûteront 1,5 milliard selon Hydro-Québec