BloguesDenis McCready

Sauver le Québec, un citoyen à la fois.

Ce texte fait suite au texte : Tuer le Québec, un projet à la fois

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Ça fait presque 27 ans que j’ai le droit de vote. Depuis 1986 à chaque élection à laquelle j’ai participé je me suis efforcé de voter pour la personne qui représentait le mieux mes positions politiques, sociales et économiques, mais je n’ai jamais eu un choix qui représentait exactement mon point de vue.

Jamais, puisque c’est impossible. Je suis une personne complexe, ma vision du monde évolue constamment, je n’aime pas les dogmes et je suis incapable d’adopter un programme de parti en faisant un acte de foi : un peu de vérité et une tonne de compromis pour suivre le chef. À chaque élection, j’ai donc voté pour le moins mauvais des choix. Combien de fois avez-vous voté comme moi pour un candidat dont certaines promesses vous plaisaient, pour ensuite voir son parti se dérouter lentement ou trahir complètement ses promesses électorales? Trop souvent. Je soupçonne que je ne suis pas le seul à avoir vécu ça ; à regarder l’évolution du taux de participation de nos élections, j’oserais dire que la « tendance » se maintient.

À chaque fois, nous les écoutons se justifier en plaidant le budget-surprise, la réalité de la finance mondiale, les conditions héritées du précédent gouvernement, les crises économiques, etc.

À chaque fois, on se dit qu’on nous ment ou que nous sommes coincés dans un système imparfait, « le moins mauvais des systèmes ». Mensonges.

Le meilleur système politique c’est quand le peuple est souverain et détient le pouvoir : la démocratie. Le système politique actuel au Québec n’est pas démocratique. Il faut donc redonner le pouvoir aux citoyens.

J’entends déjà le blabla habituel : c’est faux, nous sommes « démocratiques » parce nous avons le droit de vote, des gens meurent pour avoir ce droit-là, on n’a pas le droit de le rejeter de la sorte.

Je nuance.

Nous choisissons les députés lors d’un exercice démocratique, mais ça ne fait pas de notre coin de pays une démocratie : un pays gouverné par le peuple. Dans une consultation démocratique, nous donnons à des députés un ticket d’entrée à l’Assemblée nationale pour quatre ans et ils opèrent ensuite dans un régime parlementaire sous la pression de leur parti ; ils nous écoutent occasionnellement, parlent beaucoup, mentent souvent et prennent des décisions qui parfois favorisent les intérêts privés et le crime organisé et nous n’avons aucun moyen de rectifier leurs décisions ou de les destituer en réponse à leurs erreurs. Aucun. Nous n’avons aucun pouvoir.

Si nous étions une démocratie, lorsque nous sommes mécontents nous pourrions décider collectivement d’un changement ou demander la destitution d’un élu. Tant que ces pouvoirs n’existeront pas au Québec, nous ne serons pas en démocratie.

Depuis que j’ai 18 ans, j’ai voté dans :

7 élections municipales
7 élections provinciales
8 élections fédérales
et un 1 référendum populaire sur la question de la souveraineté du Québec.

J’ai participé à 23 élections où j’ai pris une minute chaque fois pour prendre mon bulletin, l’ouvrir et y inscrire mon vote, bref un citoyen qui participe à sa cité. J’ai été citoyen pendant seulement 23 minutes parce qu’une fois mon X tracé, je redeviens un consommateur, un payeur de taxe, un propriétaire de voiture, un travailleur autonome.

Depuis 27 ans, je suis un adulte à temps plein, mais je n’ai été citoyen en démocratie que 23 minutes parce qu’entre les élections je n’ai aucun pouvoir. Les électeurs du Québec n’ont aucun pouvoir en dehors de ces quelques minutes. Aucun. Les décisions vitales pour notre avenir collectif, pour notre sécurité alimentaire, pour notre développement économique, pour notre épanouissement culturel se jouent sur un gros coup de dés que nous pouvons rectifier 4 ou 5 ans plus tard. C’est absolument insuffisant et ça doit changer. Maintenant.

Si nous étions dans une vraie démocratie, vous et moi serions citoyens 24h sur 24h, 7 jours sur 7, à longueur d’année et nous serions appelés à proposer des lois, des règlements, à nous prononcer sur les contrats octroyés aux compagnies de construction, à choisir de financer quel projet ou développer quel coin de territoire. Chaque conversation que nous aurions, chaque article lu, chaque bulletin de nouvelles seraient pertinents et nous aideraient à façonner notre vision du monde. Personne ne pourrait se plaindre que les politiciens font ci ou ça dans notre dos, parce qu’il n’y aurait pas de politiciens au sens actuel du terme : des professionnels de la représentation qui opèrent en toute impunité. Il y aurait des gens nommés pour nous consulter et s’assurer que nos décisions soient appliquées. Notre incapacité et notre mécontentement actuel feraient place à notre pouvoir collectif.

Nous pourrions dire oui ou non à tout ce qui se présente à nous, comme cette municipalité en Suisse assise sur un gisement d’or d’une grande valeur commerciale.

Long article en anglais :

This Swiss Village Is Refusing To Mine The $1.2 Billion Worth Of Gold Beneath It

Deux courts articles en français :

Installés sur une mine d’or, ils refusent de l’exploiter

Un village d’irréductibles suisses préfère garder son or

Ils ne sont ni fous, ni extraterrestres, mais parce que ce peuple est souverain, parce qu’il s’agit d’une réelle démocratie, en réponse à la proposition de la compagnie canadienne ils ont tenu un référendum et ont dit non à l’exploitation minière de leur territoire. Deux tiers des citoyens ont décidé qu’ils préféraient protéger leur environnement et leur patrimoine géographique plutôt que de s’enrichir des profits de la mine d’or. Bonne décision ? Mauvaise décision ? Peu importe puisque c’est LEUR décision.

Et nous ? Comment vivons-nous avec les conséquences des décisions que nous ne prenons pas ? Je veux dire, sommes-nous soulagés de ne pas avoir à nous préoccuper des grandes décisions qui nous affectent quotidiennement et pour des générations à venir ? Sommes-nous contents de laisser des lobbys de compagnies privées influencer des élus, de laisser des fonctionnaires corrompus piller les deniers publics pour enrichir des mafieux et retourner des gros chèques frauduleux aux partis politiques qui vont s’en servir pour nous convaincre de re-voter pour eux dans ce merveilleux monde pseudodémocratique dont ils profitent ?

C’est fini ce temps-là. Fini. Je vous lis, je vous parle depuis des années et je sais que vous êtes rendus au bout du rouleau. Votre colère est impossible à calmer. Votre impatience est palpable. Il n’y a qu’une solution.

Il ne faut pas rebâtir la confiance des citoyens dans les institutions démocratiques.
Il ne faut pas mettre des unités policières en place afin de prévenir la collusion et la corruption.
C’est inutile de voter pour l’autre parti parce qu’ils sauront faire les choses différemment cette fois-ci.

Il faut simplement redonner tous les pouvoirs à tous les citoyens.

C’est possible de le faire maintenant, sans rien modifier au système actuel et de la faire dans le respect des lois : il faut simplement que des citoyens se présentent aux prochaines élections en prenant un engagement envers tous les électeurs de ne pas gouverner, mais d’écouter les citoyens et de mettre en application leurs décisions.

La démocratie directe est possible. Il faut simplement oser la faire. Je ne vais pas attendre que quelqu’un se propose. Je vais devenir candidat.

Je ne suis membre d’aucun parti politique et je n’ai pas l’intention d’en fonder un pour ensuite en devenir un esclave. Je n’ai aucun programme politique et je n’ai pas l’intention d’en écrire un pour ensuite le trahir. Je n’ai besoin ni d’un parti politique ni d’un programme : ce sont les citoyens qui sont mon parti et ce sont les citoyens qui me dicteront mon programme.

Je ne veux pas faire carrière en politique. Je ne veux pas être chef. Je ne veux pas le pouvoir. Je veux être un instrument du peuple. Je veux être élu, mais je ne veux pas exercer le pouvoir. Si je suis élu, je vais écouter la population et ce sont les citoyens qui vont exercer le pouvoir à travers moi.

Je ne fais qu’une promesse : écouter les citoyens et appliquer leurs décisions. Si je tiens parole, les citoyens auront le pouvoir ; ils pourront obtenir les bénéfices, et devront assumer les conséquences, de leurs décisions. Si je mens, je le ferai une seule fois et ça sera impossible de me cacher derrière des budgets-surprises, la culpabilité des autres ou les conditions du marché.

Je n’ai rien à perdre, vous non plus, et nous pourrions obtenir la vraie démocratie. Une démocratie directe, consultative et populaire. Dans mon précédent blogue, Tuer le Québec, un projet à la fois, j’ai dit que le Québec est victime d’un grand crime pour le déposséder, le mettre en faillite et lui voler ses ressources. Nous devons réagir pendant qu’il est encore temps.

Nous pouvons sauver le Québec, un citoyen à la fois.

Dans mon prochain blogue, je donnerai les détails de ma candidature dans un manifeste démocratique et je proposerai une approche pour ceux qui souhaitent suivre la même voie.

C’est plus simple qu’on pourrait le penser.