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Des gourous et des cultes

Le charlatanisme touche chez moi une corde sensible qui me mets, trop souvent, hors de moi. Guérisseurs, voyants, médiums, leaders de sectes, gourous en tous genres et autres manipulateurs qui profitent de la vulnérabilité des gens me laissent un goût amer. Cela ne m’empêche pas de dormir la nuit, mais le potentiel destructeur que certains d’entre eux peuvent provoquer chez leurs victimes m’a toujours donné le vertige.

À la lumière de ce qui est ressorti suite à l’enquête menée par La Presse sur le phénomène des gourous au Québec (je pense particulièrement à cette histoire abracadabrante où l’on forme de jeunes enfants à devenir guérisseurs, selon un concept farfelu imaginé par le multimillionnaires Eric Pearl), je ne suis donc pas resté insensible. Ceci étant dit – et appelez cela une vilaine déformation si vous voulez – il n’en fallait guère plus pour que quelques-unes de mes neurones établissent des connexions cinématographiques. J’ai pensé bien sûr au très attendu The Master de Paul Thomas Anderson, que je n’ai pas eu encore l’occasion de voir, mais j’avais envie de partager d’autres titres intéressants qui traitent de ce phénomène particulier où des gens suivent avec une foi aveugle des hommes ou des femmes leur vendant le bonheur, alors qu’ils les entraînent plutôt dans un tourbillon de problèmes et de souffrances.

Tout d’abord, faisant sans doute écho au terrible suicide collectif de membres de l’Ordre du Temple Solaire en 1994, le court-métrage Vent Solaire de Ian Lagarde traite d’une situation similaire. On assiste ainsi aux derniers préparatifs d’une secte isolée à la campagne. Le traitement narratif et esthétique du cinéaste y sont fort intéressants. Ce film, troublant, a notamment été présenté à SPASM, aux RVCQ, ainsi qu’au Marché du film à Cannes. En espérant qu’on puisse y avoir éventuellement accès sur une plateforme web.

Présenté à Sundance en 2011, le premier long-métrage de Sean Durkin, Martha Marcy May Marlene, traite des dommages psychologiques et de la crise identitaire qui peuvent résulter d’un endoctrinement à un culte, surtout lorsque son charismatique gourou (incarné ici avec une inquiétante justesse par John Hawkes) camoufle une forte tendance à la violence. Elizabeth Olsen, la petite soeur des jumelles Mary-Kate et Ashley, révèle tout son potentiel dramatique dans le rôle de cette jeune femme qui, depuis sa fuite, souffre de paranoïa. Sa performance lui a d’ailleurs valu plusieurs nominations et quelques prix.

Bien que ce ne soit pas le sujet principal du très bon Donnie Darko, le scénariste et cinéaste Richard Kelly égratigne au passage les gourous, avec ce personnage de « motivateur » interprété par Patrick Swayze. Depuis ce film, je ne peux m’empêcher de penser à la scène suivante, lorsqu’une publicité où une histoire puant le charlatanisme à plein nez se rend jusqu’à moi. Le message n’est peut-être pas le plus subtil qui soit, mais cette séquence possède un effet de défoulement plutôt satisfaisant.

D’ailleurs, il est intéressant de comparer cette vidéo tirée de Donnie Darko avec cette véritable autopromotion provenant du douteux programme d’Eric Pearl. Vous pourrez en tirer vos propres conclusions.

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En rafale, quelques autres films de genre qui appuient leur récit sur les rituels et les cultes : Les inévitables The Wicker Man de Robin Hardy et Rosemary’s Baby de Roman Polanski. Enfin, le pas vilain Wake Wood de David Keating et l’extrêmement sombre et violent Kill List de Ben Wheatley méritent aussi le coup d’oeil.