Près d’une semaine après un échange de courriels doublé d’une partie de « le chat et la souris » particulièrement relevée que nous, domlebo et moi, avons finalement trouvé le temps de se parler d’une nouvelle étonnante : la « retraite » du chanteur. Coup de marketing fumant? Triste vérité? Voici l’essentiel de notre conversation téléphonique où le batteur fringant devenu chercheur de noise s’explique…
Alors le « 10 à 10 » serait ton dernier concert? Possiblement, probablement et peut-être bien.
Mais qu’est-ce qui se passe au juste? En fait, il ne se passe pas grand-chose. Surtout à Montréal. En fait, je n’attire pas, et ce, malgré de belles critiques, autant de gars d’expérience comme Rezzonico ou Cormier que des plus jeunes, des CHIZ et CISM qui me jouent un peu. Encore lundi, je joue pour monsieur et madame Tout-le-Monde. On me serre la main, on me regarde dans les yeux en me disant « Ah! Wow! Ta toune m’a touchée! Tu chantes bien! » et moi de penser: « Vraiment? Comment ça se fait que je ne vends pas plus de billets de spectacles alors? »
Y’a aussi une réflexion plus large où je crois que le spectacle, le disque… l’offre du divertissement au Québec (est élevée) et ce n’est pas vrai que les gens sortent beaucoup pour voir des spectacles. Ils fréquentent plutôt les festivals et, de ce côté là, ça va. J’aurai un bel été l’année prochaine, mais domlebo en salle? Avec des billets à vendre? Vraiment pas sûr! Parce que, déjà, je ne peux pas mettre beaucoup de temps là-dessus: j’anime, je donne des conférences, je participe à des émissions à MusiquePlus… c’est un peu ça la nouvelle étape : domlebo, nouveau vieux qui, oui, va toujours écrire des tounes en parallèle, mais ça ne sera plus pour ça qu’on va me voir ou qu’on parlera de moi.
Alors ça se pourrait très bien que ça soit mon dernier spectacle en tant que domlebo… je participerai peut-être à des soirées parfois, mais domlebo sur scène, ça se passe pas mal ce samedi!
Vraiment?* Non, ça ne se déplace pas beaucoup, mais je ne veux vraiment pas créer de raz-de-marée non plus. En fait, plusieurs personnes qui ont vu Chercher noise m’ont dit « Bon film! Viens jouer dans ma ville! » Mais comment les atteindre ensuite? Je ne dis pas que je souhaite me retrouver à tout prix sur une étiquette de disques ou encore dans une agence de booking ou encore que je suis à la recherche d’enveloppes de subventions pour la publicité, mais c’est quand même dans le portrait. Non seulement les vedettes internationales prennent beaucoup de place, mais les radios commerciales ne laissent pas beaucoup de temps aux artistes québécois et je ne peux pas m’offrir de pancartes publicitaires sur les autobus! Alors la chanson se fera de façon plus artisanale et très on the side.
Et comment te sens-tu après avoir pris cette décision? Es-tu aigre après avoir tiré ce constat? En paix avec ton choix qui en découle? Je vois ce constat se tramer depuis longtemps et je ne m’en sens pas victime, nécessairement. D’un côté, je ne peux dire « C’est parce que je suis trop poche » et je ne peux pas lancer « Ah! Ce n’est pas juste! », non plus. À mon niveau à moi – mon genre d’écriture, mon genre de chanson, mon genre de personne – on n’a peu de chance au Québec d’en vivre.
Et y’a ça aussi : depuis une dizaine de jours, je rencontre des internationaux qui me disent « Mais c’est exportable ta chanson! Viens nous voir en France! Fais ce festival en Suisse ou encore celui-là en Allemagne! »
Alors, s’exporter? C’est une avenue que tu ne peux considérer? Ben, le film, c’était, premièrement, pour l’aventure, le laboratoire, l’expérience et, deuxièmement, pour monter une superbe carte de visite de 90 minutes qui me permettrait ça, justement. D’où le fait que je tenais à ce que ça soit en ligne le plus rapidement possible. Je me disais qu’un Français pourrait tomber dessus et en parler à son entourage. T’sais, ils sont dix fois plus nombreux que nous! Je ne dirais pas que c’était du marketing, mais je voulais créer quelque chose qui attirerait l’oeil et qui donnerait aux spectateurs le goût au Québec, à domlebo ou encore aux invités.
Et c’est un « laboratoire » surprenant d’ailleurs. Comment expliquer le fait que ça n’a pas encore « levé » d’après toi? Les distributeurs au Québec ne peuvent s’en occuper parce qu’il n’y a pas d’enveloppe qui vient avec. « On ne peut rien faire! Tu n’as pas été subventionné? C’est dommage, car le film est très bon! La prochaine fois, viens nous voir avant de le commencer! »
Tu me niaises!? (rires) Et les télés, elles, veulent un format de 52 minutes alors que les festivals, eux, ne veulent que des premières. C’est un portrait très résumé de la situation! Les projections de Chercher noise sont donc exceptionnelles. Faut dire que c’est une drôle de bibitte à catégoriser aussi. Un gars pis ses tounes. Est-ce assez « documentaire »? Avec certaines compagnies de distribution, je ne demandais rien; j’étais même prêt à splitter le coup des affiches publicitaires avec elles, mais on me répondait que ça prenait absolument une enveloppe. Autant Pierre-Karl que le reste du Québec fonctionnent avec des enveloppes!
C’est un peu déprimant, tout ça. Si on parlait de « 10 à 10 », ton concert all-star? J’y serai entouré de plein de monde! Y’a Renaud Bastien qui était Malajube et qui est aujourd’hui avec Coeur de Pirate, Pascal Dufour – un ancien Respectables – y sera, tout comme Marie-Soleil Bélanger au violon – elle accompagne aussi Richard Desjardins – ainsi que sa chum Élisabeth qui sera au violoncelle. Comme dans le film, on mêle plusieurs « genres » de personnes afin de servir la chanson. Ça risque d’être assez démentiel, autant au niveau des arrangements que du volume!
… et c’est le dernier concert de domlebo… (rires) Hier j’ai croisé du monde à qui j’ai parlé du concert et qui m’ont dit « Dommage! C’est le même soir que les Soeurs Boulay. » Je leur ai dit: « Oui, mais les Soeurs Boulay débutent. Vous aurez d’autres chances de les voir. Moi? Ce n’est pas sûr! » (rires) Je le dis en riant, mais j’étais quand même préparé à ça. J’ai pris une chance. Pendant cinq années, j’ai tenté de développer une carrière solo et de trouver ma voie. Je voulais m’essayer un peu puis faire autre chose ensuite et c’est là que je suis. C’est donc très sereinement que je te dis que c’est probablement mon dernier « gros show officiel ».
On parlait de festivals un peu plus tôt. Tu mets une croix là-dessus aussi? Je ne mets pas de croix là-dessus. Je risque de préparer un petit truc acoustique à trois, mais ça demeure en parallèle. Ce n’est pas « un gros show en salle ».
T’as donc d’autres projets? Je tente de monter un projet pour les écoles primaires et secondaires sur la chanson au Québec.
OK. Tu demeures ancrer dans la musique et la scène. Tu ne vas pas te lancer dans la menuiserie, par exemple… Non, on va me revoir sur scène, mais surtout à titre d’animateur ou encore à la télé ou à la radio à titre de chroniqueur. D’ailleurs, le 22 novembre, je vais animer la Soirée rouge de l’ATSA. Y’a d’autres trucs aussi qui s’en viennent…
Disons que domlebo, le personnage public, lui, va continuer…
« Le 10 à 10 » se tiendra au Lion d’Or le 10 novembre dans le cadre de Coup de coeur francophone. domlebo animera aussi l’édition 2012 du GAMIQ qui se tiendra ce dimanche. Pour se tenir au courant de ses projets à venir, consultez le www.domlebo.ca.