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Un programme «fidélité» chez les disquaires?

À l’orée de la Journée des disquaires, le magazine Billboard publiait une entrevue captivante avec Stephen Godfroy, copropriétaire de Rough Trade, une chaîne de disquaires britannique qui se porte tellement bien qu’elle prévoit ouvrir une branche à Brooklyn d’ici peu qui offrirait disques, concerts et bouffe, même. Une autre Invasion britannique, tiens!

Dans cet entretien, M. Godfroy s’étend sur le succès de Rough Trade East, une boutique lancée en 2007 – en pleine crise du disque! – et qui remporte un succès inespéré depuis. Le bonhomme attribue le succès du commerce au fait qu’il est revenu aux sources : ce disquaire est redevenu un lieu de découvertes – plutôt que de simples transactions – en aménageant un espace consacré aux prestations d’artistes. Ainsi, il n’est pas rare qu’un public de 200 personnes – et de consommateurs potentiels – s’agglutine dans cette enclave du magasin pour assister à des prestations d’artistes présentées gratuitement (est-ce que les musiciens sont payés? L’article ne le précise pas, mais espérons que oui).

Là où Rough Trade surprend tout particulièrement, c’est en annonçant que la chaîne lancera bientôt une «carte fidélité» qui permettra aux acheteurs de télécharger les disques – CD et vinyles – qu’ils viennent de s’acheter en boutique gratuitement.

Bien sûr, les clients peuvent toujours numériser leurs propres disques, mais la démarche peut parfois s’avérer problématique (surtout lorsqu’il est question de vinyles). L’offre est particulièrement alléchante, car M. Godfroy précise que l’offre s’appliquerait à tous les disques en vente. Ainsi, bien que de plus en plus de vinyles sont vendus avec un code de téléchargement en prime, certains échappent toujours à ce service (sans parler des archives de ces magasins qui y ont échappé). Comment le disquaire va-t-il y arriver (notamment en ce qui concerne les droits de reproduction sur de vieilles oeuvres méconnues)? Encore une fois, l’information échappe à l’entrevue. Faut dire toutefois que M. Godfroy semble être un type délicieusement cinglé. Lorsque l’interviewer conclut en lui demandant des conseils pour les disquaires en herbe, celui recommande de lire certains poèmes et d’admirer certaines toiles.

Cliquez ici pour lire l’entrevue (c’est en anglais, en passant).

Photo: Martina Topley-Bird en prestation chez Rough Trade East. Source : Aurelien Guichard via Wikimedia Commons.