Après un dixième anniversaire ponctué de prestations de Feist et de Jean-Pierre Ferland (sur une scène flottante!), on serait tenté d’associer la 11e édition du Festival de musique émergente à un retour aux sources – l’expression dans le programme de l’événement, d’ailleurs -, mais Sandy Boutin, président et fondateur de cette foire, fait finalement volte-face. «C’est comme si on partait un nouveau cycle», rectifie-t-il, faisant valoir que la programmation de 2012 était aussi riche en artistes talentueux, mais méconnus. On voudrait même avancer que les Misteur Valaire, Karim Ouellet et autres Besnard Lakes (tous présent ce jeudi pour donner le coup d’envoi) ont émergé, depuis longtemps, des eaux du lac Osisko. Bien que Boutin laisse pointer que certains commanditaires de l’événement n’ont pas déliés autant leur bourse que l’année dernière, il ne semble pas affecté. «On revient à la base. On s’est concentré sur la programmation, sur l’essence même du festival. Le but n’est pas de grossir (…), mais de faire découvrir des artistes aux gens.» Un pari qui n’est pas gagné d’avance.
Si certains mélomanes des grands centres peuvent demeurer de glace devant Jace Lasek et sa bande abusant de distorsions et de machines à boucane dans l’enceinte suintante de L’Agora des arts, Boutin tient à rappeler que la situation est tout autre pour plusieurs amateurs de musique de régions éloignées. «T’sais, l’an dernier, je me suis fait dire par des gens de Rouyn-Noranda que Feist était une belle découverte!», fait-il valoir, indiquant que le FME a encore beaucoup de pain sur sa planche.
Mine de rien, le Festival de musique émergente est devenu, au fil des années, une vitrine enviée, attirant des médias et des bonzes de l’industrie locale, bien sûr, mais aussi du Canada et de l’Europe. L’année dernière, Peter Peter y lançait son album (El Motor et Alex Nevsky feront de même ce vendredi). Des mois plus tard, le grand romantique s’apprête à dévoiler sa Version améliorée de la tristesse dans l’Hexagone. Sans nécessairement accoler la percée internationale de Peter Peter à son passage remarqué au FME, Boutin ne cache pas que son happening profite d’un rayonnement étonnant… à l’extérieur de sa région. «On a parfois l’impression qu’on a acquis nos lettres de noblesse à l’extérieur – Montréal, Québec, etc. – afin de les gagner ici. Pour certaines personnes ici, nous sommes devenus des incontournables, mais il y a encore un public à conquérir. (…) Les gens entendent parler du festival, mais ils ne prennent pas la peine de venir à un spectacle.» D’où l’organisation de spectacles pour enfants… ainsi qu’un concert d’un groupe français qui se tiendra ce samedi dans un centre pour personnes âgées! «C’est ce qu’on appelle du développement de public. On essaie d’ouvrir l’esprit des gens!»
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Puis, avant de laisser Sandy Boutin retourner à l’organisation de son festival, je lui a demandé de changer de chapeau et de dresser un premier bilan pour Simone Records, son étiquette de disque. Le bonhomme a répondu sans broncher et en a même profité pour y glisser un petit «scoop»…
Côté concerts, Karim Ouellet – aperçu il y a quelques semaines à Val-D’or dans l’intimité d’une petite salle de spectacle – s’est emporté sur la scène extérieure du FME en livrant une prestation plus musclée que d’habitude (sans verser dans le solo de 7 minutes interprété sur le dos en faisant la danse du bacon, rassurez-vous).
Plus tard, Misteur Valaire a donné un avant-goût de son album Bellevue au public présent. Tel qu’annoncé en entrevue, le nouveau spectacle de la troupe se veut plus percutant que théâtral, voire excentrique.
Plus sérieusement, bien que le show accompagnant l’oeuvre est toujours embryonnaire, les assises installées sont déjà très solides. J’ai très hâte de lire la critique du collègue Patrick Baillargeon (à paraître bientôt, bientôt), histoire de voir ce que notre DJ de service pense de ce cru.
En attendant, les gars de MV abordent la création du disque et son nouveau spectacle…