Le lendemain de l’annonce, les promoteurs de spectacles indépendants ne sont ni inquiets, ni ravis par l’union du Groupe CH et de l’Équipe Spectra, mais bien mystifiés. Alors que Blues Skies Turn Black a poliment refusé de se prononcer aussi tôt, Dan Seligman, directeur artistique du festival Pop Montréal et producteur qui collabore avec Spectra et evenko a bien voulu réfléchir à haute voix avec nous.
«Je ne sais pas encore quoi en penser», a-t-il lancé, amusé, d’entrée de jeu. «C’est une situation quand même complexe. Je crois que les répercussions de cette transaction se feront davantage sentir au cours des cinq ou dix prochaines années, notamment en ce qui concerne les subventions allouées, les partenariats avec des entreprises pour le financement, etc.» Celui-ci s’est aussi dit étonné par la transaction – «Spectra est une institution au Québec qui a déjà une bonne main sur le marché avec ses événements, festivals et ses artistes. Pourquoi ce désir de vendre? Est-ce que l’entreprise a des difficultés? J’en doute» – mais aussi par la terminologie utilisée – «Je me rappelle que lorsque la nouvelle était sortie cet été, Spectra et evenko précisaient que les discussions en cours se faisaient avec le Groupe CH. Je me demandais pourquoi ils insistaient autant. Pour éviter des remous parce que le Canadien est une institution fort appréciée ici?»
Au final, par contre, Seligman concède que c’est une alliance bénéfique pour les deux entreprises impliquées. «Spectra et evenko étendront chacun leur portée culturelle en se liguant. Spectra est une marque connue et respectée au Québec. evenko, elle, s’est imposée en attirant de grands noms internationaux. Financièrement, c’est très bien pour eux. Est-ce ça fera en sorte qu’il aura moins de financement public alloué pour des événements de moindre envergure? C’est ce qu’on verra au cours des prochaines années.»
Bien qu’il n’a toujours pas discuté avec des gens de Spectra ou d’evenko sur leurs collaborations à venir, Seligman ne s’en fait pas trop. «Nous avons toujours eu de bonnes relations avec eux», affirme-t-il, faisant notamment valoir de l’organisation du fameux concert d’Arcade Fire sur la Place des festivals du Quartier des spectacles. «On collabore sur certains projets en plus de se respecter l’un l’autre pour ce que nous faisons par nous-mêmes. Je crois que nous organiserons encore des événements ensemble. De toute façon, comme on l’a mentionné hier, chaque entreprise impliquée dans cette transaction procédera comme d’habitude.»
Dan Seligman a aussi soulevé une bonne question. Si Alain Simard compte sur les muscles du Groupe CH pour finalement produire un spectacle d’Eric Clapton au Festival de Jazz, est-ce qu’evenko et Spectra vont se consulter davantage pour programmer leurs festivals au public, somme toute, particulier? «Certains artistes aperçus à Osheaga se sont ensuite retrouvés au Festival de Jazz et vice-versa. Est-ce qu’on va tenter de limiter ça ou va-t-on l’encourager à l’avenir?»
De son côté, Seligman et son équipe planchent sur l’édition 2014 de Pop Montréal en plus de finaliser leurs premiers concerts de l’année. «L’année commence bien. Notre premier concert d’envergure est le retour de Neutral Milk Hotel et la réception est très bonne à ce jour.»