Le coup d’envoi du 18e anniversaire de la vénérable vitrine aura été particulièrement lubrique en réunissant trois artistes ayant la petite mort en commun. Bref retour sur la soirée…
C’est à l’auteure-compositrice-interprète et guitariste Nini Marcelle qu’est revenue la besogne de briser la glace. Je dois avouer que, dès les premiers accords, j’ai été agréablement surpris de constater que l’artiste et ses musiciens livraient ici des versions un peu plus musclées — et surtout moins polies — des pièces entendues sur l’album…
Bien sûr, le projet ne se réinvente pas pour autant sur scène et livre quand même des chansons s’insérant dans un sillon exploité à outrance (le pop rock accompagné de claviers) et n’arrive malheureusement pas à se distinguer au sein de ce terreau particulièrement fertile.
Côté textes, bien que Nini Marcelle signe de belles strophes (elle livre même une pièce cosignée par l’auteure Fanny Britt), plusieurs d’entre elles s’effondrent une fois sur scène tant elles manquent de sincérité (Couche avec moi (c’est l’hiver) — la fameuse collaboration entre la chanteuse et Britt — vire diablement au kitsch une fois mise en musique). Idem pour la prestation. Bien que le projet réunit des musiciens aguerris, l’ensemble demeure tellement stoïque sous les feux qu’il n’a jamais vraiment happé le public présent.
Nini Marcelle se glissera finalement à la troisième place du palmarès menant à la demi-finale. Des 21 participants des préliminaires, seulement neuf d’entre eux passeront à la prochaine étape.
Projet pop rock kitsch suscitant les Herbert Léonard et autres crooners du genre, Gab Paquet se lance également dans un véritable exercice de funambulisme en parcourant la mince ligne séparant l’amour d’un genre boudé de la moquerie, de l’ironie ou du énième degré.
C’est costumé dans des tenues qui font un brin «section “Halloween” de la friperie» (alors que des complets à la Temptations siéraient mieux à son opération séduction) que Paquet et ses sbires — réunissant, mine de rien, des musiciens de la trempe de Shampouing et Jane Ehrhardt — ont tenté de charmer les mélomanes. Tenter, car Paquet semblait s’effacer par moments tant son guitariste et son bassiste pouvaient s’imposer sur les planches. Sa prestance lui permet tout de même de passer des rimes pauvres (Vibration transe), voire carrément adolescentes (Soucoupes volantes) sous le nez d’un public demeurant en extase devant sa moustache et ses déhanchements.
Aussi à souligner : sa finale sur Fais l’amour avec moi; un délire jouissif (excusez-la) qui canalise au passage Mario Pelchat en plus d’être un ver d’oreille particulièrement tenace.
Paquet occupe actuellement la seconde place du classement. Ce qui veut dire que la plus haute marche du podium est occupée par le bonhomme qui allait clore la soirée : la sensation Philippe Brach.
Dès ces premiers instants sur scène, où l’auteur-compositeur-interprète babillait avec bagout — watch out les comparaisons à Fred Pellerin, en effet — tout en branchant son attirail, Philippe Brach tenait le Lion d’Or dans la poche arrière de son jeans. Plus tard, le gars l’a à nouveau prouvé en dérogeant du programme pour s’improviser «preacher» et faire répéter les noms de Jésus — et Éric Salvail — à un public en délire sans se faire égratigner la Charte au passage.
Bref, quelque part entre le tonus des Fortin (Fred et Dédé), la prestance d’Adamus et le front de Mac Demarco, on retrouve cet énergumène qui, sans réinventer le rock folk, l’honore en livrant un produit qui — même à l’état brut — est particulièrement prometteur. Auteur prolifique, voire trop, Brach possède une plume séduisante, quoique casse-gueule. Heureusement, pour tous ses ratés (Race pape), l’artiste compense avec plusieurs pièces particulièrement intéressantes comme la sexy Le matin des raisons et la larmoyante Alice.
La semaine prochaine, c’est au tour de Jérôme Charette-Pépin, Joanie Michaud et Maison Brume. Détails sur francouvertes.com