Bien que moins désastreuse que la précédente tentative, cette nouvelle introduction du monstre mythique auprès du public nord-américain ne fait pas le poids.
En attendant la critique officielle de mon collègue Joseph (à venir dès son retour de Cacouna, j’imagine), voici ma recension du film. Attention, je risque de vendre certaines mèches. Bref, «spoiler alert!»
1998, année catastrophe s’il en est une. Crise du verglas, assassinat du comédien Phil Hartman, adoption du controversé Digital Millennium Copyright Act et production d’une première adaptation nord-américaine de Godzilla mettant en vedette Matthew Broderick ainsi qu’un rap de Puff Daddy sur fond de Kashmere de Led Zepp’. Bien que le film était un succès commercial, celui-ci a été reçu par la critique comme tout bon bide mettant en vedette un iguane gros comme un immeuble, le gars qui jouait Ferris Bueller ainsi qu’un un rap de Puff Daddy sur fond de Kashmere de Led Zepp’ devrait l’être : avec des baffes.
16 ans plus tard, Zilla a pansé ses blessures et refait surface avec une nouvelle aventure nord-américaine plus près de ses racines nippones, mais suscitant tout de même le navet précédent en maintenant cruellement le récit à vue d’homme.
Prémisse alambiquée pour scénario malingre
Tout comme le Godzilla originel de 1954, cette superproduction signée Gareth Edwards (un cinéaste britannique qui s’est surtout distingué dans la science-fiction et les effets spéciaux) est également hanté par la menace nucléaire alors que le film s’ouvre sur un incident dans une centrale qui changera la vie du superviseur Joe Brody (Bryan Cranston, sous-utilisé), son épouse et collègue Sandra (Juliette Binoche, encore plus sous-utilisée) ainsi que leur fils Ford (Aaron Taylor-Johnson, diablement beige… et cruellement surutilisé).
Des années plus tard, Ford — désormais soldat — doit se rendre au Japon pour assister son père détenu par les autorités alors qu’il tentait de franchir la zone mise en quarantaine autour de l’accident. Le lendemain, les hommes Brody lèveront le voile sur la véritable cause de la destruction de la centrale : un assaut d’un M.U.T.O. (pour Massive Unidentified Terrestrial Organism) carburant à la radioactivité. Au même moment, Godzilla — découvert en 1954 lors d’une expédition sous-marine, puis porté disparu après une attaque à la bombe nucléaire menée par l’armée américaine —, refait surface pour vraisemblablement «chasser» la menace selon les scientifiques Seriwaza (Ken Watanabe, unidimensionnel et consterné du début à la fin) et Graham (Sally Hawkins, à deux ou trois répliques de faire de la figuration). S’en suivra un set carré destructeur entre les monstres, les autorités tentant de les contenir et les civils (dont l’infirmière Elle, la femme de Ford jouée par une Elisabeth Olsen toujours aussi juste) qui se retrouvent coincés entre les feux.
Si Edwards «ose» en optant pour un rythme plutôt lent avant d’en venir à la première apparition du fameux Roi des monstres, le manque de chimie criant entre les interprètes — sans compter ce trou noir qu’est le charisme de Taylor-Johnson (pourtant rafraichissant dans Kick-Ass) — fait presque de cet effet de suspense un supplice qui camoufle mal des carences scénaristiques liant personnages sous-développés et scènes de destruction quasi interchangeables précédant un proverbial «dernier round» tant attendu. Pire encore, on y arrive avec une sévérité apocalyptique carrément saoulante.
M’enfin, les effets spéciaux sont glorieux, la direction photo est à couper le souffle et ce Godzilla est également un pas en avant pour les films d’action mettant en vedette un antihéros faisant de l’embonpoint. Plus sérieusement, Godzilla demeure un divertissement satisfaisant dans son genre, tout en établissant de bonnes assises pour une suite — confirmée hier d’ailleurs — qui, on l’espère, sera monstrueusement originale (excusez là).
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