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La tournée américaine risque d’être moins lucrative pour les artistes internationaux

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Le Foreign Account Tax Compliance Act (FATCA pour les intimes) pourrait rendre la tournée américaine pour les artistes internationaux un peu moins glamour. Ce règlement du code fiscal américain — adopté en 2010, mais mis en application qu’en juillet dernier — fait en sorte que les banques de pays faisant affaire avec les États-Unis doivent notamment dévoiler les détails de comptes tenus par des citoyens américains au Département du Trésor.

L’initiative – qui est censée contrer la fraude fiscale se faisant à l’aide de comptes à l’étranger – s’applique autant aux sociétés d’exploitations financières et non financières qu’à toute entité effectuant un paiement de revenus de source américaine. Bref, la FACTA a des impacts directs et indirects sur une majorité d’entités (américaines ou non). Ainsi, on retrouve les promoteurs de concerts d’artistes internationaux parmi les personnes qui pourraient écoper.

Voyez-vous, le gouvernement américain a prévu un prélèvement de 30 % — nommé la «30% Withholding Tax» — imposé aux titulaires de comptes récalcitrants, mais aussi à la plupart des genres de paiements destinés à des entités non américaines. Par conséquent, bon nombre de bars, cafés et autres lieux de diffusion américains faisant appel à des musiciens étrangers pour égayer leurs soirées pourraient retenir 30 % des cachets promis afin de demeurer à flot.

Un artiste canadien réagit déjà à la mesure : Carey Mercer du groupe Frog Eyes. «Pour plusieurs tournées, ce 30 % équivaut au seuil de rentabilité», a-t-il gazouillé hier. «C’est vous dire jusqu’à quel point certains groupes musicaux peuvent sortir malmenés d’une tournée des bars américains!»

Le chanteur, critique musical et auteur enchaînera ensuite en prévoyant que «la bureaucratie labyrinthique pour finalement mettre la main sur l’argent retenu pourrait décourager des groupes moins établis de se risquer. On aurait donc droit à un “Matthew Effect” musical», glisse-t-il, laissant entendre que les artistes déjà confirmés auront le champ libre — et s’enrichiront — pendant que les musiciens plus «champ gauche» ou aux reins moins solides risquent de s’appauvrir, privés d’un territoire à explorer.

«Au fil du temps, on aura droit à moins de variété, à moins de risques, à moins d’échanges d’idées entre artistes et à moins de projets musicaux d’avant-garde. On aura toutefois droit à plus de provincialisme ainsi qu’à des tournées sans fin d’artistes archi connus… ou à séries de spectacles soulignant la réédition d’albums ou la reformation de groupes qu’à des fins lucratives», conclut-il avant de rappeler que Frog Eyes se remet justement à la tournée.

On pourra d’ailleurs voir le groupe — en compagnie de PS I Love You — à Montréal le 21 août au Cabaret Piccolo Rialto (5723 Avenue Du Parc) dans le cadre du festival Passovah. Billets en vente ici.

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