À moins que vous ne soyez né après 1997, il y a de fortes chances que vous ayez fait partie (ou au moins entendu parler) du club de la Maison Columbia. Petit rappel historique : cette filiale de CBS offrait depuis 1955 un service qui n’est pas sans rappeler les Spotify et Apple Music modernes. En effet, chaque mois Columbia vous envoyait un petit catalogue où figurait un bon nombre d’albums d’artistes de tous les horizons musicaux. L’inscription ne coûtait presque rien et comprenait de nombreux albums gratuits que vous deviez alors choisir. Toutefois, cette méthode de fonctionnement recelait un côté sombre souvent ignoré par les jeunes qui étaient tout excités de commander plein de nouvelle musique, mais dont leurs parents devaient éponger les frais. En effet, le contrat mentionnait que vous deviez par la suite acheter un nombre X d’albums au prix régulier. Sensiblement le même principe s’appliquait au club de films, qui fournissait de manière analogue des Betamax, des VHS puis finalement des DVDs à mesure que la technologie avançait.
Via la chaîne Youtube MsRetroTVFast-forward en 2010 : la division musique de la compagnie pliait finalement l’échine devant la venue des géants de la musique numérique tels que Napster vers la fin des années 1990 et le iPod d’Apple en 2001. Alors qu’ils détenaient 15 % des ventes totales d’albums globalement en 1996, l’ancien géant était finalement tombé à l’abandon des mélomanes, qui avaient décidé d’opter pour des solutions plus pratiques et une sélection pas mal plus intéressante. En effet, les disques offerts chez Columbia étaient d’une qualité très aléatoire, sans parler de celle des boîtiers de CDs et cassettes, qui semblaient grandement plus fragiles que ceux vendus en magasins. La division s’occupant de la distribution de DVDs, quant à elle, maintenait la shop ouverte et continuait ses activités.
Columbia a même tenté l’expérience avec l’industrie vidéoludiqueCinq ans plus tard, et près de deux longues décennies à essuyer de lourdes pertes fiscales, la mythique Columbia House a été placée, lundi dernier, sous la protection de la Loi Américaine sur la faillite. Le prestigieux Wall Street Journal rapporte que c’est sa compagnie mère, Filmed Entertainment Inc (FEI), qui a déposé les documents en Cour en indiquant que les avancées technologiques dans les domaines de la musique numérique et du divertissement cinématographique avaient rendus leurs services inutiles. En effet, après avoir atteint un impressionnant sommet fiscal de 1.4 milliards $ (US) en 1996, la compagnie aurait eu des revenus diminués à presque chaque année depuis, tombant lentement jusqu’à un maigre 17 millions $ pour la dernière année financière.
Une publicité troublante, via la chaîne Youtube eyeh8nbcMalgré que 17 millions $ puisse sembler une somme respectable pour mes honorables lecteurs ainsi que moi-même, un petit regard sur les chiffres divulgués par FEI remet les choses en perspectives. Premièrement, la compagnie ne comptait plus un seul employé; c’est des sous-contractants qui assuraient le roulement des commandes et de la distribution des DVDs. De plus, la compagnie annonçait des actifs totalisant environ 2 millions $ alors qu’ils devraient près de 63 millions $ à plus de 250 créditeurs. Un autre 7 millions $ est listé comme étant des titres de créance non garantis – donc à un taux d’intérêt extrêmement haut – qui sont dus à divers studios hollywoodiens.
Après que le volet musique soit tombé au combat face aux services de streaming et autres supports numériques, celui de la distribution de films a donc également succombé sous les coups répétés des Netflix et torrents de ce monde. C’est donc un autre pan – que dis-je, un monolithe! – de l’histoire du support physique de l’industrie du divertissement qui sombre.
Je suis en deuil existentiel …
Grâce aux très (trop?) bonnes offres de la Maison Columbia, j’ai pu racheter sur CD une grande partie de ma collection de disques sur vinyle. Au cours des années 1990. À bon prix. Et sur des CD d’excellente qualité.
Je suis bien content d’avoir fait affaires avec la Maison Columbia.
Bien sûr, je me suis souvent demandé comment ce distributeur parvenait à offrir à sa clientèle autant pour si peu! Ça ne pouvait tout de même pas durer, de pareilles aubaines! Mais ça durait… Puis, un jour, plus un mot de la Maison Columbia. Silence radio.
La clef dans la porte. Voilà pourquoi. Dommage.