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Jon Benjamin, le troll du jazz

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Vous connaissez fort probablement (même sans le savoir) H. Jon Benjamin. Humoriste et acteur américain, il multiplie les projets étranges et complètement décalés.

Il a entre autres participé aux émissions Archer, Bob’s Burgers, American Dad et Wet Hot American Summer. Côté hollywood, il ne s’en tire pas mal avec des rôles dans 22 Jump StreetCreative Control et Limbo. Il fait également de la scène en stand-up. On peut donc dire qu’il a beaucoup plus qu’une corde à son arc. Ce qu’on ne savait pas encore, c’est qu’il aspirait également à une carrière musicale. Il a donc décidé de se relever les manches et de faire jouer ses contacts afin d’enregistrer son tout premier album jazz, prenant place derrière le piano et s’accompagnant de Scott Kreitzer (saxophone), David Finck (contrebasse) et Jonathan Peretz (batterie). Là où ça accroche, c’est qu’il ne sait absolument pas jouer de piano. Tout d’abord, écoutez cette vidéo de présentation du projet :

« Je ne joue pas de piano du tout… Et je ne suis pas un grand fan de jazz non plus. Je ne l’ai jamais été » mentionne-t-il. Qu’à cela ne tienne, l’album Well I Should Have…* *Learned How To Play The Piano sera disponible sur l’étiquette Sub Pop Records dès vendredi prochain. Tout ça est sans contredit extrêmement ironique. D’un autre côté, et c’est peut-être l’ancien étudiant en musique en moi qui parle, il y a quelque chose de véritablement intriguant à cette démarche. En effet, les pionniers du free jazz trouveraient peut-être l’idée non seulement cocasse, mais également intéressante. Les racines de ce genre sont ancrées dans une volonté de se libérer des limitations que l’on retrouve dans le bebop et le jazz modal, où la forme, les structures harmoniques et la rythmique sont extrêmement importantes, voire contraignantes. On cherchait alors à briser les conventions établies, en réintroduisant une plus forte propension à l’improvisation collective complètement libre. Je crois que l’on peut dire que ce serait difficle d’être plus libéré de la tonalité et du rythme que la partie de piano de cet extrait :

Bon, les puristes me diront que pour se libérer des contraintes théoriques, il faut d’abord les connaître. Je leur répondrai simplement : je m’en balance. Sans croire qu’il y ait quelque chose de visionnaire à la démarche de H. Jon Benjamin, je pense qu’il y réside tout de même un petit quelque chose d’attrayant au niveau musicologique. Dans le même département, on peut penser à Johnny « Bowtie » Barstow, un chanteur qui se roule dans la cacophonie de manière extrêmement frivole (clin d’oeil ici à mes bandmates avec qui on a fait des kilomètres en tournée au son de Barstow). Son album de Noël, A Bowtie Christmas… And More est un chef-d’oeuvre absolu de ridicule musical, d’autant plus qu’il est, tout comme Benjamin, entouré de musiciens qui sont tous excellents derrière leurs instruments respectifs. Je vous laisse sur cette version inoubliable de Blue Skies par Johnny Barstow.