Pour la première fois dans toute son histoire vieille de cent dix-huit ans, l’Académie royale des arts du Canada vient faire un tour dans la Vieille Capitale pour une assemblée annuelle d’abord et pour une exposition de 51 de ses membres québécois ensuite. Fondée à la fin du siècle précédent, donc, par 26 peintres, sculpteurs et architectes – dont le peintre montréalais Napoléon Bourassa -, l’Académie tente aujourd’hui, au dire même de son vice-président Yves Trudeau, de se définir comme une académie de l’an 2000. Déjà, le fait que l’institution soit passée des trois disciplines admises en 1880 à une vingtaine aujourd’hui est incontestablement signe d’ouverture sur les réalités de son temps. Aussi, le fait que certaines des pièces (malheureusement pas toutes) présentées dépassent ostensiblement le cadre de l’ouvre-hommage-au-terroir laisse supposer qu’on en a peut-être enfin fini avec la gloire de l’art pépère.
Évidemment, il faut savoir que l’âge moyen des académiciens représentés dans cette exposition est de 67 ans environ. Ce qui fournit un bon indice sur les préoccupations esthétiques des exposants et qui empêche de subir la déception de ne pas sentir là un vent jeune et frais comme le printemps vous souffler en plein visage. Maintenant que la chose est admise, on se réjouit d’y voir des têtes d’affiche: Kittie Bruneau, Stanley Cosgrove, Charles Daudelin, Fernand Leduc, Guido Molinari, Jean-Paul Riopelle. On y fait aussi d’intéressantes découvertes, comme des pièces réalisées par des graphistes ou des designers et quelques sculptures et photographies dignes d’intérêt, dont le tout aussi loufoque qu’impressionnant Carhenge de Gabor Szilasi, où des voitures empilées reprennent fidèlement la configuration du fameux site préhistorique d’Angleterre.
Mais d’autres – et c’est là la plus grande déception – donnent à voir des ouvres qu’on croirait vieilles de quelques décennies, mais qui ne datent en fait que de quelques mois. Comme si, après avoir connu la gloire, ils n’avaient jamais réussi à faire évoluer leur style, paralysés sous le poids d’une époque dont ils sont indissociables. Dommage!
Jusqu’au 31 mai
A la Galerie du Palais Montcalm
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