René Derouin : Le fond de l’air est fresque
Il exposait dernièrement au Musée du Québec. Il expose actuellement au Musée de la civilisation. Et exposera prochainement au Musée des beaux-arts de Montréal. RENÉ DEROUIN: monument!
Si vous êtes passé dernièrement au Musée de la civilisation, nul doute que vous avez été frappé par cette gigantesque murale (125 pieds de longueur par 8 de hauteur) qui traverse de bout en bout l’entrée, la surplombant majestueusement. Ce Paraíso. La Dualité du baroque, c’est l’ouvre de René Derouin, graveur, peintre et sculpteur bien connu ici, mais qui jouit aussi d’une réputation enviable à l’étranger. Une ouvre-synthèse qu’il a réalisée tout spécialement pour le Musée, en préfiguration de l’exposition importante que présentera ce dernier dès le 20 mai et qui s’intitulera Imaginaires mexicains.
C’est que Derouin n’est pas étranger au Mexique, il en est plutôt un grand passionné. Non seulement depuis quarante ans y voyage-t-il, mais il y travaille et y enseigne également. Il dira même «Le Mexique, c’est moi», pour signifier combien il se sent chez lui sur cette terre d’Amérique qui allie culture amérindienne et culture coloniale espagnole. Sa fresque, qu’il a réalisée en 18 mois, concurremment à la rédaction d’un journal – en fait une genèse de l’ouvre – publié chez l’Hexagone, témoigne de cette symbiose culturelle et de son questionnement de toujours sur l’identité continentale. En faisant la synthèse des notions de paradis qu’on observe des deux côtés de l’Amérique (celle liée au catholicisme au nord et celle plus hybride du sud) et en s’inspirant du baroque des églises mexicaines du XVIIIe siècle dont il se passionne, Derouin fait également la synthèse des préoccupations qui ont animé son ouvre depuis 25 ans. De fait, cette murale composée de bois relief et de céramique, avec sa porte d’entrée du paradis à gauche et sa porte de sortie à droite et entre lesquelles des agglomérations de lignes et de formes laissent deviner des assemblées de personnages, renvoit automatiquement à ses ouvres passées. Souvenez-vous notamment du Retour de la migration à Québec, 12 bois gravés qu’il avait exposés à Engramme en 1996. Certains détails rappellent donc cette surcharge, évidemment baroque, à laquelle il demeure fidèle. Paraíso. La Dualité du baroque, ce n’est pas du René Derouin réinventé. C’est du René Derouin synthèse, dans un savoir-faire encore impressionnant, dans tout ce qu’il a de plus gigantesque.y
Jusqu’au 4 janvier
Au Musée de la civilisation
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