On a déjà connu des printemps plus mouvementés, du moins en ce qui concerne le hockey. Les Canadiens sont éliminés, les Nordiques ne sont plus qu’un vague souvenir et les Rafales, une erreur de parcours. Bref, le présent étant ce qu’il est, aussi bien se plonger dans un passé un peu plus. glorieux, celui que nous offre le Musée de la civilisation avec l’exposition Fou du hockey.
Après s’être mis en appétit en visionnant un bref documentaire historique, on fonce dans le vif du sujet. Comme l’attraction principale de notre sport national, c’est d’abord et avant tout ces grands joueurs qui en ont marqué l’histoire, le Musée met en vedette neuf d’entre eux: Bobby Orr, Maurice Richard, Wayne Gretzky, Jacques Plante, Jean Béliveau, Patrick Roy, Gordie Howe, Guy Lafleur et Mario Lemieux. Outre les chandails, casques, bâtons et autres objets précieux qui illustrent leurs fabuleuses carrières, des séquences vidéos commentées nous font revivre quelques-uns de leurs exploits. Des prouesses d’un Jacques Plante sans masque aux montées à l’emporte-pièce d’un Bobby Orr, les plus nostalgiques en seront quittes pour verser une petite larme.
Parmi la multitude d’objets et artefacts, certains font rigoler, dont ceux qui rappellent les échecs commerciaux du démon blond: les parfums et savons Guy Lafleur «pour l’homme qui aime l’action», le Flower Power. Ou ces rondelles de couleur, rouges ou bleues, utilisées par l’Association mondiale de hockey à ses tout débuts. Ou encore les quelques photos des ancêtres de la Zamboni: des hommes tirant à bout de bras des barils d’eau chaude. Et toutes ces pièces d’équipement qui évoquent la préhistoire du hockey: rondelles de bois, bâtons d’à peine quatre pieds, minuscules jambières.
Additionnée de jeux-questionnaires, d’un concours de lancers frappés et de nombreux documentaires, Fou du hockey ne laisse à aucun amateur le temps de s’ennuyer. On peut cependant s’interroger sur la pertinence de certains éléments comme ces discussions de spécialistes qui, commanditaire oblige, ne sont que des variantes d’une émission connue de RDS. On peut aussi douter de l’à-propos de mettre à la disposition des visiteurs des postes informatiques uniquement en anglais. Dans l’ensemble, cependant, la principale lacune de l’exposition provient surtout de ce qu’on n’y voit pas. D’accord, les Canadiens de Montréal représentent «La Mecque» du hockey. Fallait-il pour autant choisir cinq de leurs anciens joueurs sur un total de neuf? Fallait-il limiter les grandes rivalités à celles impliquant Montréal – Montréal-Détroit, Montréal-Toronto, Montréal-Boston, Montréal-Québec – comme le suggère le vidéo? Et pourquoi pas Montréal-Montréal?
Et comme l’expo est présentée à Québec, n’aurait-il pas été approprié de parler des Nordiques, des Bulldogs, des As ou des Remparts autrement que par la bande? Où est Peter Stastny? Et les affreux chandails des Nordiques de l’AMH? Et Jean-Claude Tremblay?
Que voulez-vous, il s’agit probablement d’un autre coup des fantômes du Forum. Ils ont pourtant d’autres chats à fouetter…y
Jusqu’au 11 avril 1999
Au Musée de la civilisation
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