Arts visuels

Trois fois 3 paysages : Regard neuf

Trois fois 3 paysages se termine sur une bien belle note. En fait, un accord de trois notes qui sonne agréablement  juste.

Dernière expo, et non la moindre, dirions-nous spontanément, présentée dans le cadre de l’événement Trois fois 3 paysages offert toute l’année par Vu. Quatre exposants occupent quatre salles et donnent à voir des ouvres photographiques plutôt dissemblables et pourtant assez proches. Évidemment, il est question de paysage. Mais bien au-delà de ce thème imposé, on sent chez eux une préoccupation marquée pour la mise en scène.

La plus évidente est assurément celle qui anime les photos de Jennifer Cadero et Pierre Gauvin. Par une poésie pastorale et bucolique, ceux-ci arrivent – et c’est là un but avoué – à érotiser le paysage. L’esprit ludique qui s’en dégage (il faut voir leurs accoutrements loufoques) n’enlève rien à la qualité photographique, laissant deviner chez eux un sens aigu du professionnalisme. Quelques références culturelles (un homme nu et une couleuvre enroulée dans le porte-jarretelles d’une femme: Adam et Eve), mais d’aucune façon nous ne tombons dans le conceptualisme-intello-pointu. Ce qui fait vachement du bien de temps à autre!

Aussi, celle de ces roches éclairées, en pleine nuit, par une lampe de poche vacillante que nous offre Gaëtan Gosselin, dont une seconde expo occupe également un espace de Vu. Ici, un décor qu’on croirait presque de carton-pâte, tellement le climat est irréel, tellement ces détails, qui dans la vraie vie échappent neuf fois sur dix à notre vision furtive, prennent toute leur ampleur. Le photographe devient démiurge en animant littéralement ces architectures naturelles par de savants mais subtils jeux de lumière et de teintes. Une délectable fable géologique.

Finalement, la mise en scène grandiose d’Alain Paiement. Celle où, par des projections diapos et de très grands formats photos, il nous fait visiter de long en large et de bas en haut le délabré Lafayette. Une ingénieuse installation où des matériaux extirpés à cet édifice du boulevard Charest deviennent des écrans de projection déformants. De plus, une lunette d’observation incrustée au mur permet de constater de visu cet élément pittoresque (et orangé!) de notre paysage urbain. Quand les charpentes, les fenêtres et les escaliers se font les points de mire d’un artiste qui sait viser juste!y

Jusqu’au 31 mai
Chez Vu
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