Michel Saulnier : Lâcher l'ours
Arts visuels

Michel Saulnier : Lâcher l’ours

Le soleil brille du côté de Baie St-Paul, MICHEL SAULNIER y expose ses ours. Un voyage dans le monde de l’enfance, sans ga-ga-gou-gou!

On m’avait avisée que l’exposition plaisait fortement aux enfants. Mais j’y suis allée seule. Pour, en bout de piste, découvrir que ces ours bien léchés de Michel Saulnier s’adressaient à la gamine qui sommeillait en moi. Non pas que cette rétrospective qui regroupe une vingtaine de sculptures, peintures et dessins réalisés entre 1984 et 1998, soit seulement charmante. Ces variations sur un même thème évitent l’écueil du conceptualisme et ne tombent pas non plus dans le piège de la répétition. On voit bien que Saulnier connaît parfaitement cet animal des contes de l’enfance, ces gros nounours qu’on étreint pour s’endormir. Il les étudie de tous bords, tous côtés, les faisant évoluer sans appliquer censure, jusqu’à les laisser lui parler de sexualité. Au début, il est vrai, les grosses fesses d’un ours s’apprêtant à faire des galipettes semblent dépourvues de connotations sexuelle; mais voilà que plus loin apparaissent des formes plus explicites: pénis, sein, vulve et langue. Et c’est là que réside l’ingénieux subterfuge de ce parcours savamment étudié. Comme les premières pièces nous font redevenir enfant par leur poésie ludique, on pourrait craindre d’être quelque peu déconcerté par l’apparition soudaine d’une sexualité qu’on nous livre assez crûment. Il n’en est rien. Tout ne reste à nos yeux que tendresse et jeu, habités que nous sommes par cette naïveté toute enfantine. Une naïveté qui n’empêche pas d’apprécier pleinement un ensemble qui, bien que passant par les jeux sexuels, mène aux jeux d’enfants. La figure de l’ours compose ici des sortes de hochets et de bilboquets format géant, quand elles ne dessinent pas carrément un visage de «bonhomme» qu’on croirait exécuté de main de gamin.

Une rétrospective savoureuse que ces ours de Michel Saulnier. Du mignon-bonbon-ronron admirablement intelligent.

Jusqu’au 8 juin
Au Centre d’exposition de Baie-St-Paul
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