Les Riopelle de Riopelle : Propriété privée
Arts visuels

Les Riopelle de Riopelle : Propriété privée

Le Domaine Cataraqui joue deux rôles: lieu de rencontre officiel du gouvernement québécois et centre d’exposition. Le premier est bien tenu, le second l’était moins. Mais ça, c’était avant Les Riopelle de Riopelle. Deuxième acte.

Les expositions présentées par le Domaine Cataraqui – souvent prometteuses – ont toujours laissé chez moi un petit goût amer et provoqué neuf fois sur dix une bonne déception. La raison en est bien simple: les tableaux s’alignaient tant bien que mal, et parfois carrément pêle-mêle, dans un décor si imposant, avec ses gros tapis à motifs et ses robustes meubles d’époque, que les ouvres se voyaient limitées au simple rôle d’ornementation. Ce qui ne convient d’aucune façon à un centre d’exposition digne de ce nom, qu’il soit lieu de rencontre officiel du gouvernement québécois ou non.

Mais voilà qu’arrive une nouvelle directrice, Lynn Boisselle, qui entreprend un grand ménage de printemps afin de rendre justice à l’art qui s’expose en ces murs. Dehors les meubles, et les tapis avec! Du coup, Les Riopelle de Riopelle devient la plus réussie des expositions présentées par le musée-jardin.

Il faut dire qu’il s’agit de la présentation d’ouvres tirées de la collection particulière de Jean-Paul Riopelle (d’où le titre drolatique), ce qui en fait une exposition, à proprement parler, inédite. En tout, soixante-dix-sept pièces (sculptures, peintures, lithographies, eaux fortes, techniques mixtes, etc.) réalisées entre 1939 et 1998 et regroupées par thèmes, ceux qui ont ponctué la longue carrière de ce mythique personnage. Débuts académiques, période des dorures, son séjour en France où il a habité l’atelier de Monet; ici, une salle consacrée à ce précieux coffret d’ouvres illustrant les textes de Vigneault, là, une salle des hiboux et une salle des animaux…
Les Riopelle de Riopelle, c’est un tour d’horizon assez habile de l’évolution stylistique de l’artiste, qui donne droit à quelques moments hautement savoureux. On pense à ses ouvres «patentées» comme un amusant mobile, des bronzes peu connus du public ou encore sa série très éclatée des oies, qui vient compléter l’incommensurable Hommage à Rosa Luxemburg que nous avait offert le Musée du Québec il y a deux ans.

Ces Riopelle-là n’auront pas, cette fois-ci, fait partie des meubles!

Jusqu’au 13 septembre
Au Domaine Cataraqui
Voir calendrier Arts visuels